Troisième guerre mondiale ? C’est le Pape François qui, le premier, évoqua avec force la possibilité d’une troisième guerre mondiale aujourd’hui. A voir la constellation des conflits sur tous les continents sans exception ; des guerres à faible ou moyenne intensité, la réalité que nous vivons, s’inquiétait le Souverain pontife, est bien celle d’une «Troisième guerre mondiale par procuration». C’est comme si, sur tous les continents on avait fait le pari résolu de la guerre sur la paix, embrasant absolument tout.
Des esprits se morfondant dans un ennui mortifère semblent avoir décrété que, quel que soit le motif, il fallait absolument secouer le shaker et en sortir une guerre sur fond de revendications territoriales, suprémacistes, historiques, économiques ou, bien entendu, politiques. La guerre comme moyen économique et politique de résoudre les différends. Ces guerres ne se voilent même plus de légitimité juridique, morale, internationale : il suffit de les déclencher et le droit suivra. Il y aurait ainsi, de par le monde, pas moins de 57 conflits armés, s’alarme le chef de l’Etat français Emmanuel Macron.
Ces conflagrations, mises côte à côte, représentent une mappemonde de violences avec ce que ça représente de morts, de revendications, de violations des droits, de piétinements des actes et des traités. La guerre ? Elle n’est pas loin. Quelle que soit la forme que nous lui donnions. Au Congo, nous nous battons contre les pénuries d’eau, les zig-zags électriques, les longues files aux stations d’essence, les incertitudes des pensions de retraite, les longues files de corbillards allant « déposer » dans des cimetières pleins, les grèves etc… Nous sommes bien en guerre contre l’incertitude de nos lendemains.
A Gaza, à Beyrouth, en Ukraine, à l’est de la République démocratique du Congo, au Mozambique, au Soudan… : c’est le feu partout ! La désolation sans espoir qu’un leadership mondial s’élève bientôt pour réaffirmer le droit, la logique, le rappel des principes longtemps incisés dans le marbre des relations internationales, les règles primaires, la défense des faibles, la prise de parole ferme en faveur des marginalisés, recoudre le tissu déchiré d’un monde pour tous… Tout cela crée une atmosphère anxiogène, du lever du soleil jusqu’au coucher. Des pluies de bombes, la peur de tous pour ce qui viendra le jour d’après. L’an dernier, nous comptions les morts par milliers en raison de la pandémie de Covid 19.
Aujourd’hui nous pleurons des morts, des hécatombes de morts, et nous en sommes réduits à ne pas nous trouver le courage de pleurer au-delà de notre bananier de naissance. Pleurer les morts des autres devient un luxe que nous ne pouvons plus nous offrir. Solidarité avec l’Ukraine ? Et si celui qui l’oppresse est un de nos amis idéologiques affirmés? Demander d’arrêter la guerre c’est bien, mais si, dans le même temps, cette guerre fournit le commerce des obus et alimente l’industrie vitale de nos économies ?
Plus aucune guerre ne se fait ou ne se condamne au nom des seuls principes moraux. Hier, nous avions l’internationalisme prolétarien, aujourd’hui que même des pays chrétiens bombardent des églises et des cathédrales au nom de la seule raison de faire la guerre, aucun fil rouge ne tient plus. Le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes ? Même à l’ONU on n’y croit plus : c’est la guerre mondiale !
Albert S. MIANZOUKOUTA