Le Haut-Commissariat des Nations unies aux réfugiés (HCR) a lancé depuis quelques mois une campagne mondiale de lutte contre l’apatridie. Sa représentation au Congo a organisé une fois encore les 18 et 19 février dernier à Brazzaville, des Journées d’échanges autour de l’apatridie et de la problématique d’enregistrement des naissances au Congo. Une cinquantaine de participants y a pris part.

Orientée vers des agents et cadres du ministère de la Justice, des membres des cabinets juridiques, des étudiants, des acteurs humanitaires, la formation a eu pour but d’identifier les goulots d’étranglement liés à la délivrance des actes de naissance ainsi que les facteurs de risque, et les populations à risque d’apatridie résidant au Congo, afin d’étudier les possibilités susceptibles de faciliter l’accès aux documents d’Etat civil.
La campagne conduite en 2020 n’ayant pas atteint tous les départements, voire toutes les couches sociales, le HCR multiplie des séances d’information pour obtenir l’adhésion de tous.
L’apatridie est un phénomène grandissant. Le monde compte à ce jour plus de 10 millions de personnes sans nationalité. Au Congo, le recensement à vocation d’Etat civil réalisé en 2019 dénombre plus de 155.000 personnes dépourvues de pièces d’Etat civil. Cette situation est engendrée, entre autres, par la faiblesse du système d’enregistrement des naissances, l’ignorance des procédures administratives par les parents, les lacunes législatives.
Le préfet directeur général de l’Administration du territoire, Jacques Essissongo a, au nom du Gouvernement congolais, ainsi brossé les avancées déjà enregistrées: «pour rapprocher davantage l’Etat civil de l’administré, deux arrêtés érigeant les villages en centres secondaires d’Etat civil sont en cours d’élaboration. Et, nous avons demandé à tous les préfets de nous présenter la monographie de leur préfecture, pour que le travail se fasse dans des meilleures conditions.»
Pour bien assurer le relais, les participants ont au cours de ces Journées suivi plusieurs communications, dont la problématique de l’apatridie; le système d’Etat civil au Congo et le régime juridique de protection de l‘enfant. Ces exposés débattus en groupe et en plénière ont permis à l’assistance de mieux cerner la question d’apatridie et ses conséquences. «L’apatridie est un concept nouveau dans la société congolaise. Il est donc important dans nos sensibilisations de toucher un large public. Depuis que nous avons commencé ces ateliers, que ça soit à Brazzaville, dans la Likouala…, ces ateliers organisés en forme de diagnostic ont à ce jour donné des résultats positifs. Par exemple, le ministère de l’Intérieur a pris récemment un arrêté portant création des centres d’Etat civil auxiliaires. Nous croyons déjà que ce texte est la réponse aux différentes recommandations des ateliers passés qui avaient fait remarquer que les centres d’Etat civil étaient éloignés des populations. Ces centres auxiliaires permettront d’écourter la distance entre les postes de santé où la naissance a lieu et les centres d’Etat civil. Nous espérons qu’il y aura encore d’autres mesures que l’Etat prendra pour justement éradiquer ce phénomène», a dit satisfait Godefroy Quentin Banga, administrateur national de protection au HCR.
Rosli Bakala, participant, a encouragé ces rencontres qu’il qualifie d’instructives et a promis de poursuivre la sensibilisation, en apportant l’information aux autres, pour une synergie dans la lutte contre l’apatridie. Unir les forces en l’espèce, c’est mettre fin à l’apatridie.

E.Mb-O