Soixante-dix ans de publication régulière d’un journal marquant les générations successives. L’événement est exceptionnel. C’est le moment de rendre hommage à tous ceux qui étaient là au commencement et ceux qui ont repris le flambeau. Ils ont servi ‘’La Semaine Africaine’’ et fait que de nombreux lecteurs ne soient pas gagnés par l’infidélité, malgré la naissance de nouveaux journaux dans son sillage.

Il fallait être Jean Le Gall pour oser créer ‘’La Semaine de l’AEF’’. Si le journal est devenu une «institution», c’est grâce à l’action de ce grand Missionnaire.
L’hebdomadaire, né à Sainte Anne, était logé dans une baraque qui avait servi à entreposer du ciment et des outils sur le chantier de l’église Sainte Anne, à Poto-Poto. Père Le Gall y avait fait percer des portes et des fenêtres. Les conditions de travail demeuraient, cependant, très pénibles.
Au début, deux hommes à peine constituaient l’équipe de rédaction: Jean Le Gall lui-même, arborant le pseudonyme de Jean Issah, et Côme Mankassa. Un rédacteur antillais, Roger Bordy, fut ensuite engagé en 1954. Il y avait aussi une secrétaire-comptable, Mme Collet, et un responsable des abonnements et expédition, André Sizamba. Un collaborateur à la plume alerte, Sylvain Bemba, se cachant tantôt derrière le nom de ‘’Le 24e Homme’’, tantôt derrière celui de ‘’Congo Kerr’’ s’était ajouté à cette équipe. Les lecteurs se délectaient de ses articles dans la rubrique ‘’Sport’’. Tout ce petit monde sera rejoint le 2 septembre 1960 par Fulbert Kimina-Makumbu ”Pilote” (sacré en 2002 ‘’Journaliste sportif du 20e siècle’’).
La Semaine Africaine finit par occuper un local attrayant dans l’enceinte de l’actuel Etat-major des FAC (Forces armées congolaises), coincé entre la clinique Grosperin et Afric Auto. Il se rapprochera de l’imprimerie Saint Paul, au lendemain de la publication de son numéro 500. C’est à la «Maison des Scout», occupée depuis par les religieuses congolaises du Rosaire «Zungula», que le journal s’installera momentanément, avant d’être poussé vers l’ancienne école Jeanne d’Arc (à l’emplacement actuel de l’hôtel de l’ACERAC) et le collège Chaminade (l’actuel lycée). Il est, depuis, dans son bâtiment actuel dont la construction, initiée par Jean Le Gall, a pris forme après son départ.

… et aux belles plumes

D’autres grandes plumes ont fait le bonheur et la grandeur de ‘’La Semaine Africaine’’: Raymond de La Mouryère (directeur de 1956 à 1959), Louis Badila (directeur de 1964 à 1966, auteur d’éditoriaux de feu), Bernard Mackiza, Christian De La Bretèche (analyses, commentaires et dossiers pertinents), Albert Mianzoukouta, Joachim Mbanza. Et tant d’autres journalistes, collaborateurs et bénévoles qui ont su se faire un nom avant de quitter la maison, pour les uns, et même la vie, pour d’autres. Certains, cachés derrière des pseudonymes divers, ont brillamment animé des rubriques ou des chroniques: Ch. Moundelé; Gaston Bazengamio (dans ‘’Réflexions’’ ou ‘’Dossier’’) ; Firmin Motatoli (dans ‘’On en parle’’ et ‘’Billet’’) ; Ya Raymond et Ya René (dans ‘’Courrier des lecteurs’’ qui donnait la parole aux gens); Yves Botto, signature d’emprunt de Sylvain Bemba pour ses dossiers économiques et politiques ; André René Kitona (dans ‘’Droit et société’’), Karim Socey (dans ‘’Arts en fête’’), etc. Quant à Isidore Bikindou Milandou, il a signé ses premiers articles de la chronique ‘’Le Temps des Hommes’’ de son vrai nom avant d’user du nom d’emprunt de Argus.
L’attachement des lecteurs à ‘’La Semaine Africaine’’, c’était aussi pour leurs articles. Le journal septuagénaire est devenu tout un programme grâce à eux et à tous ceux qui ont repris le flambeau en divers lieux, à tous les étages de la maison, rédacteurs, administrateurs, gérants, secrétaires, opérateurs de saisie, infographistes, coursiers, etc.
Hommage à tous !

Jean ZENGABIO