La clameur s’est répandue dans tout le pays grâce aussi aux réseaux sociaux, les mal-aimés: le Congo et le FMI se sont mis d’accord ! Après une interruption de près de deux ans, les deux parties ont décidé de se parler avec moins d’hypocrisie et de cachoteries. Ces discussions – la promesse de ces discussions – augure d’une période d’embellies pour le Congo, annonciatrice de temps meilleurs.
On se frotte les mains et on salive devant la manne à venir. On bâtit des stratégies sur la manière dont les millions à venir seraient dépensés. A force de feinter, de présenter des faux bilans, des perspectives mirobolantes et des fausses promesses de conversion à la vertu, le Congo n’était pas loin de la liste des pestiférés infréquentables.
Nous avons fait nos cachoteries, avons juré tous nos dieux que nous ne cacherions plus rien même si l’envie nous en reprenait, que nous nous étions transformés en gestionnaires scrupuleux, le FMI a mis du temps à nous croire sur parole. Il a pris tout son temps pour scruter l’origine ou la destination du moindre chèque, vérifié s’il était signé de la main gauche, passé au scanner…
On dit aujourd’hui que notre dette pourrait devenir soutenable en fin décembre prochain. Et que, donc, nous pourrions de nouveau emprunter. Sortir de cette liste d’infamie où on nous avait parqués depuis deux ans alors que toute l’Afrique centrale pavoisait à l’accueille des millions d’un FMI généreux pour certains, pas pour nous : une injustice !
Les perspectives économiques s’annonceraient bonnes avec un redressement constaté du prix du baril de pétrole. Avec la fin espérée de la pandémie du coronavirus, la reprise économique pourrait se renforcer dès l’année prochaine, prédisent les spécialistes. Nous sortirions de la zone grise, et pourrions voir Maya-Maya de nouveau s’animer du vrombissement des avions des hommes et femmes à mallette.
Une telle reprise serait synonyme de relance de l’emploi, et de l’activité économique aujourd’hui en panne. Fasse Dieu que ce rêve cesse d’être rêve. Fasse le Congolais qu’il ne trouve pas une autre manière de gaspiller autant d’argent en dépenses de simple prestige. Et qu’il se rappelle que cette reprise de dialogue n’est qu’une promesse.
Tant que nous n’apprendrons pas à tenir nos engagements; à savoir dire et à savoir faire ; à améliorer le climat de nos affaires pour chercher à attirer l’argent des autres; à ne pas penser au présent ce qui aura des conséquences pour les générations futures… nous en serons au même point dans cinquante ans. Car se réjouir d’une dette à venir, c’est se préparer à la rembourser. Peut-être à un moment où nous n’en aurions plus les moyens !

Albert S. MIANZOUKOUTA