Pour la première fois depuis quatre ans, les Etats-Unis viennent d’administrer au monde une indiscutable leçon de démocratie. Après un mandat plutôt acceptable, le Président Joe Biden a estimé la semaine dernière qu’il n’était pas à même d’en affronter un deuxième. Ses 81 ans commencent à peser et cet âge avancé commençait à lui jouer des tours irrévérencieux : confusions de dates et de noms, chutes en public… Mais surtout, un débat calamiteux face à son challenger républicain Donald Trump, fin juin dernier, a ôté toute illusion à ses supporters les plus déterminés que les jeux étaient faits.
Joe Biden a logiquement jeté l’éponge et permis aux démocrates de se donner de meilleures chances de vaincre avec celle qui avait été sa vice-présidente : Kamala Harris. Ce changement opéré relativement rapidement rétablit, non seulement l’image d’une Amérique démocratique abîmée durant les 4 ans de présidence de Donald Trump. Il permet aussi à des peuples et des Nations, au Sud, assez peu soucieux des règles de retrouver un semblant d’impératifs à respecter. Quand on ne se sent plus capable de diriger, un stop ne veut pas dire possibilité de chercher des subterfuges.
Ce départ, presque sur la pointe des pieds, devrait interpeller en Afrique. Nous y sommes trop coutumiers des dribbles constitutionnels et des approximations, des mandats à rallonge et amateurs der figures charismatiques à vie. Nous sommes trop accoutumés aux schémas qui se bâtissent autour d’une personne et non d’un texte fondant. Joe Biden ne sera plus président, et si Donald Trump le redevient, ce sera, sur de nouvelles bases, dans un mandat qu’il aura gagné à la loyale: le mot qui devrait parler à l’Afrique des Présidents.
Désormais, maints indices montrent que même le retour possible de Donald Trump au pouvoir aux Etats-Unis en janvier prochain ne sera pas marqué par sa désinvolture de milliardaire devant les fondements de respect de la démocratie à l’américaine. Certes, il a bien affirmé qu’il ne reconnaîtrait pas sans contestation en cas de défaite. Mais le dire ne suffit pas, que l’Afrique en prenne de la graine !
La joute se fera désormais entre Kamala Harris, une femme, intellectuelle, noire, démocrate et un Donald Trump arrogant, populiste, peu soucieux des règles de bienséance. Le capital de sympathie dont jouit l’une et la vertigineuse détestation qui recouvre l’autre, surtout en Afrique, ne valent pas bulletin dans l’urne américaine. D’autant que même chez les Démocrates les jeux ne sont pas totalement faits à l’heure où nous écrivons. Kamala Harris devra encore être officiellement investie candidate. Mais la campagne électorale américaine nous donne tellement à voir que nous ne pouvons bouder notre plaisir.
Albert S. MIANZOUKOUTA