Cette année, l’Église du Congo célèbre le 40e anniversaire des obsèques de Mgr Benoît Gassongo (23 avril 1981-23 avril 2021), ancien administrateur d’Owando, fondateur de la paroisse Notre-Dame des Victoires et bâtisseur de la mission Sainte Radegonde de Tsambitso.

Qui était réellement Mgr Gassongo?
Né vers 1919 à Mbanza, dans le département des Plateaux, Benoît Gassongo était fils d’Eba et d’Elenga Oboua-Nguila Thérèse, issu d’une famille de neuf enfants. Avec l’aide du père Adolphe Jeanjean, il dut quitter son village natal pour Boundji, à l’école missionnaire, au village Saint Benoît. Le 14 août 1926, il reçut le baptême. En 1929, il est admis à l’école d’élèves moniteur de Brazzaville. Deux ans après, c’est-à-dire en 1931, il finit les études pédagogiques, puis il devient moniteur. Il regagna, une fois de plus, Boundji où il fut envoyé comme moniteur à Ndongo, puis à Gamboma.
En 1933, il revient à Boundji pour entrer ensuite au séminaire. En 1936, le séminaire est transféré à Kibouende (Baratier), où Gassongo rencontre Raphaël Dangui et les deux compagnons feront, dorénavant, chemin ensemble, jusqu’à l’ordination sacerdotale. En 1939, Benoît Gassongo et Raphaël Dangui entrent au Grand séminaire Saint Jean de Libreville (Gabon) pour la théologie. Ils seront rejoints par Fulbert Youlou, Théophile Bemba et Louis Loubassou, venus de Brazzaville. Cette promotion de jeunes théologiens de Libreville comprenait aussi deux Gabonais, dont Cyriaque Obambe (ancien évêque de Mouila) et l’abbé Jean Marie Ephrème.
Le 9 juin 1946, l’abbé Gassongo est ordonné prêtre à la cathédrale Sacré-Cœur de Brazzaville, avec tous ses amis de la promotion, à savoir: Loubassou, Youlou (le futur Président de la République), Mbemba (futur archevêque de Brazzaville), Ndangui, par Monseigneur Paul Biéchy, vicaire apostolique de Brazzaville. Comme prêtre, l’abbé Benoît sera affecté, d’abord, à la Basilique Sainte-Anne de Poto- Poto, puis à Boundji et enfin à Sainte Radegonde de Tsambitso (Oyo) où il se fit disciple de Mgr Philippe Prosper Augouard et du père Jean Marie Grivaz dans la réouverture et l’épanouissement de cette mission de l’Alima.
Le 6 juillet 1965, il est nommé évêque auxiliaire de Fort-Rousset, pour aider Mgr Émile Verille (1951-1967), fatigué et affaibli par la maladie. En octobre 1965, il est sacré évêque à Rome (Italie), par son Éminence Grégoire Cardinal Pierre Agagianian, avec pour devise épiscopale: «Notum faciam eis nomen tuum» (ce qui signifie: «Que ton nom (Seigneur) leur soit connu»). De 1967 à 1970, il est administrateur apostolique d’Owando, puis remplacé par Mgr Georges Firmin Singha, en 1970. De cette date à sa mort, Mgr Gassongo mène une vie discrète, éloignée du public, sauf lorsqu’il est invité à dire une messe quelque part. Il se retire dans sa villa «Les Lianes», située au Centre-ville de Brazzaville, non loin de la cathédrale, lieu où il est mort, dans des conditions mystérieuses, et où son corps a été retrouvé le 19 avril 1981.
Il fut enterré le 23 avril dans l’église Notre-Dame des Victoires (Sainte Marie de Ouenzé), église dont il est cofondateur avec le père Jean Marie Grivaz.
Mgr Gassongo, appelé aussi Pèlè ambosi, fut un grand bâtisseur et un véritable éducateur dans le bassin de l’Alima. Il avait su lier la mission évangélisatrice avec l’éducation et la formation des jeunes de sa contrée, en fondant des écoles dans la plupart des villages de sa zone. Écrivain, il a laissé deux ouvrages de son vivant: «Otwerè», en 1979 (sur la justice mbosi) et un livre d’histoire de l’Église du Congo intitulé: «Mgr Augouard et l’évangélisation du Congo», en 1978, toujours aux éditions les Lianes. En 2017, il fut publié, à titre posthume, un de ses derniers ouvrages: «Conquête, résistance et terreur en Afrique-Équatoriale française, un passé colonial oublié du bassin de l’Alima-Nkeni, 1911-1946», Paris, L’Harmattan, 2017.
Ancien évêque auxiliaire et administrateur apostolique d’Owando, Mgr Benoît Gassongo a été un grand missionnaire dans le bassin Nkeni-Alima. Missionnaire à Boundji, il s’est distingué comme bâtisseur de la mission de Sainte Radegonde de Tsambitso et, bien avant, à Sainte-Anne et Ouenzé où il a été inhumé. Vu la grandeur de son œuvre dans le domaine de l’évangélisation et de l’éducation, le 40e anniversaire de son rappel à Dieu ne pouvait passer inaperçu. Puisque le jour de sa mort reste encore une énigme, l’on retiendra surtout deux dates: le 19 avril 1981, jour où son corps sans vie a été trouvé dans sa maison et le 23 avril, le jour de son inhumation, après une messe solennelle à la Place mariale de Brazzaville.
Une messe a été célébrée en sa mémoire le dimanche 25 avril 2021, en l’église Notre-Dame des Victoires de Ouenzé.

Armand Brice IBOMBO
Historien