Dieu est un ami du silence, mais Dieu n’a pas toujours été silencieux. En effet, les gens étaient réduits à un état de terreur au son de la voix de Dieu. C’est toute la raison d’être des prophètes, des instruments qui permettraient à Dieu d’entrer en contact avec le peuple afin d’entendre ce qu’il avait à leur dire. Ainsi dit, pour permettre la communication après sa mort Moise, à ce qui se relève de la 1ère lecture, rassure le peuple, qu’un autre prophète comme lui, agira comme «porte-parole de Dieu».
A vrai dire, la figure du «Prophète» est très vitale, et les récits des prophètes démontrent leur rôle et à quel point il était difficile à la fois d’être prophète et d’entendre ses paroles. Aujourd’hui, la plupart des gens ont du mal à entendre la voix du prophète. Nous entendons ici, le serviteur de Dieu et surtout lorsque les mots qui sortent de sa bouche exigent, un changement radical de croyance ou de pratiques; car la tendance est souvent d’ignorer ce qui dérange.
De toute évidence, la Parole de Dieu est parfois difficile à porter et à faire entendre. Mais, on n’a pas le choix, ni aucune alternative lorsqu’il s’agit de faire le vrai prophétisme et éviter d’être coupé de Dieu. Au-delà de nos limites humaines notre vocation comme chrétiens, c’est de voir le projet de Dieu «son royaume» se réaliser effectivement. Dans cette aventure, où nous serons de ceux qui sont interpellés où nous serons de ceux qui interpellent les gens par la façon dont ils n’ont pas été attentifs aux Paroles de Dieu.
Chers tous, oui, il a été difficile pour les israélites de reconnaître en Moïse un prophète, comme il a été difficile aussi de reconnaître Jésus comme prophète et encore plus difficile comme Fils de Dieu unique. Nous aussi fidèles croyants, nous avons de la difficulté à reconnaître les prophètes, ou à être reconnus par les nôtres. Les prophètes de l’Ancien Testament étaient parfois ridiculisés comme des gens fous ou qui n’annonçaient que de mauvaises nouvelles.
De plus, la Parole authentique de Dieu est également assez difficile à discerner. En outre, nous nous trouvons devant de nombreuses difficultés pour discerner la Parole de Dieu dans notre quotidien, et pourtant elle est de la plus haute importance. Moïse dans cette liturgie, est le modèle du vrai prophète: être à la fois un avocat du peuple devant Dieu et aussi un serviteur obéissant de Dieu, parlant fidèlement au nom de Dieu au peuple. Cependant, on peut s’interroger: où et qui sont les prophètes aujourd’hui? Qui parle réellement pour Dieu? Comment savons-nous si on parle pour Dieu ou si, Dieu est tout simplement utilisé pour promouvoir un agenda social ou politique? Ces questions sont aussi vieilles que les âges, mais peuvent toujours nous pousser à la réflexion. Nous pourrions dire que l’amour de Dieu et de l’humanité, distingue le vrai prophète du faux.
Dans la 2e lecture, comme Moïse, Paul l’apôtre des gentils s’inscrit dans la longue lignée des vrais prophètes, et en lisant son histoire nous savons à quel point il était à la hauteur de la tâche prophétique. De fait, Paul face à la communauté de Corinthe; rappelons-le laquelle est caractérisée par la débauche et certaines déviations; n’a pas d’autre choix que de se lancer dans un éloge du célibat une solution contre le mariage défiguré et victime d’un spectacle, tordu par des irrégularités (immorales). Il pense donc que dans le célibat, tout baignerait dans la quiétude de plaire au Seigneur. Méprise-t-il le mariage, comme le laisserait entendre une lecture hâtive de ce seul texte? Ailleurs, il exaltera le mariage comme signe de l’amour de Jésus pour son Église. C’est sûr que Paul a envie de plaider pour le célibat comme remède à la crise qui accable l’institution et le sacrement du mariage. Attention, Paul ne préconise pas en premier, subordonner le Mariage au célibat; mais rendre à ce dernier une noblesse qu’il avait fort peu avant. Paul ne diminue pas la valeur de la vie conjugale; mais propose la vie de célibataire comme une occasion de servir Jésus sans distraction. Il fait valoir que les chrétiens non mariés devraient rester célibataires, s’ils ne pourront pas une fois mariés, vivre concrètement la rigueur du Mariage. Le mariage chrétien lie deux personnes en une seule, c’est une vie passée au service de l’autre. Être attaché au Seigneur, c’est le grand souci de Paul.
Dans l’extrait de l’évangile, quelque chose s’est produit qui n’est jamais arrivé auparavant dans la synagogue de Capharnaüm. Tout progressait comme d’habitude, les prières, les psaumes, la lecture de la Torah, quand un nouveau venu entra dans la synagogue «aussitôt» son arrivée en ville. Et il commença à enseigner avec une nouvelle autorité qui n’était pas celle des scribes. Marc a choisi cette histoire d’exorcisme pour inaugurer le ministère public de Jésus peut-être. Mais, comment interprétons-nous notre quotidien à la lumière de ce qui précède et bien sûr, avec cette histoire dramatique d’exorcisme dans cette page de Marc?
Marc veut nous dire le caractère immédiat du Royaume de Dieu lequel doit phagocyter nos sociétés du 21e siècle, et au sein desquelles doivent rayonner comme à la manière du Nazaréen des prophètes, prêtres, pasteurs ou Bergers portés par «l’autorité de Dieu»; c’est celle-là la mission de tout chrétien dans le monde. Jésus enseigne avec autorité, parce qu’il ose aimer d’abord avant tout. L’autorité et le ministère de Jésus nous invitent à imaginer un monde différent dont le principal défi sera toujours, plus d’amour et de vérité dans nos cœurs.

Abbé Cellot Primat NKOUNGA MABIKAS

Aumônier national de l’Association des Scouts
et Guides du Congo