Nous sommes passés dans l’autre versant de l’année et, à moins d’une cécité crasse, on ne peut pas dire que les six premiers mois de 2024 aient marqué une grande différence par rapport à ce que nous vivons. Une grande inspiration nous a fait dire que cette année serait dédiée à la jeunesse. Plus de six mois ont passé et il ne semble pas que le mois d’août ait annoncé des mesures enthousiasmantes pour nos jeunes. Vivons d’espérance jusqu’à décembre qui vient.
Quelques signes de mécontentements subsistent cependant. Le fait, pour une année qui verra la disparition du CEPE, de donner l’impression que nous voulons préparer à des scolarités sans difficultés n’est pas, paradoxalement, la manière de mieux préparer nos jeunes. Surtout si nous continuons à faire figurer parmi les matières, à l’école primaire, une qui s’intitule précisément «problème» ! Nous gonflerons les commissariats de jeunes délinquants et lancerons des opérations musclées, «coup de poing » ou «likoffi», nous nous retrouverons face à la réalité de départ.
Le gros du problème demeurera : comment préparer à une meilleure scolarité si le débouché connu est le chômage ? C’est-à-dire si, dès le départ, les enfants savent qu’ils ne connaîtront pas le minimum de ce qu’ont connu leurs pères (qui n’était déjà pas l’idéal) ? Nous sommes pris au défi d’ouvrir des perspectives plus grandes aux jeunes, pas seulement en promesses. Les mesurettes que nous annonçons resteront mercurochrome sur cautère en bois sans réelle volonté de prendre la situation à bras-le-corps.
Nous avons un pays serein qui accepte, à défaut de comprendre, la dureté des temps. Mais ce n’est pas une raison pour trouver éternellement dans une famille des enfants chômeurs à 40 ans, eux-mêmes descendants de pères et de mères sans emploi. Pouvons nous rompre la chaîne de la «débrouillardise» inscrite à «l’article 15» que chantent les musiciens? Un jeune qui sort de l’école avec son BAC mais qui n’a comme débouché que de vendre des cartes SIM dans la rue ne vit pas forcément sa situation comme l’aboutissement de son rêve légitime.
Albert S. MIANZOUKOUTA