Cette journée, d’origine ouvrière, trouve ses racines dans les luttes du XXe siècle en Europe et aux États-Unis pour de meilleures conditions de travail et le droit de vote. Clara Zetkin formalise cette idée en 1910, et en 1917 les manifestations des ouvrières russes établissent le 8 mars comme un symbole de la lutte féministe. Officialisée par l’ONU en 1977, la journée a été progressivement adoptée en Afrique, soutenue par les mouvements de libération et les organisations féminines.
Célébrée internationalement sous le thème: «Pour toutes les femmes et les filles: droits, égalité et autonomisation», la journée de cette année a été l’occasion de rassemblements et d’évaluations de la situation des femmes à travers le monde.
Au Congo, le 8 mars a été célébré à Djambala, chef-lieu du département des Plateaux, sous le parrainage de Mme Antoinette Sassou-Nguesso, marraine de l’événement, avec pour thème: «Femmes congolaises face aux enjeux de l’autonomisation». La République au féminin s’est réunie à Djambala pour faire la fête et porter le pagne en symbole.
La Journée internationale de la femme est le fruit de luttes féministes pour les droits des femmes.
Cependant, cette journée est encore mal interprétée par certaines femmes. Cela s’explique par le fait que certaines autorités et personnalités influentes l’utilisent à des fins politiques, négligeant son véritable objectif: faire le bilan de la situation des femmes et non la réduire à une simple festivité.
À l’échelle mondiale, l’accès des femmes à l’éducation et aux responsabilités politiques a progressé, et les violences sexistes sont davantage criminalisées. En Afrique, des cadres législatifs comme le Protocole de Maputo ont renforcé la protection des droits des femmes.
En République du Congo-Brazzaville, des lois comme la loi n°19-2022 du 4 mai 2022, dite loi Mouébara, sur la lutte contre les violences faites aux femmes, ainsi que des mesures d’autonomisation, ont été mises en place, bien que leur application demeure un défi. Des condamnations ont eu lieu suite à des procès, comme dans le cas célèbre du capitaine Ebebela. Cependant, cela n’est pas suffisant. La lutte se poursuit, et beaucoup reste à faire.
Le 8 mars devrait être l’occasion d’examiner les progrès réalisés, débattre des avancées et envisager un futur plein d’incertitudes. Les commémorations de cette journée, devenue source de problèmes dans la société congolaise, devraient quitter le niveau de simples festivités. Les femmes aspirent à des pagnes, sortent avec des collègues pour célébrer dans des restaurants et dansent ensuite dans des boîtes de nuit. D’autres profitent de cette journée pour faire la fête, prétendant être avec des amis ou des collègues autour de leurs supérieurs masculins. Les excès de boisson et les rivalités sont fréquents, entraînant disputes et séparations de couples, et laissant des enfants abandonnés à la maison pendant que les mères festoyent jusqu’à tard dans la nuit.
Les inégalités salariales et la sous-représentation des femmes dans les instances de pouvoir demeurent préoccupantes, et l’accès limité aux ressources économiques freine leur autonomisation. De plus, l’application des lois, les violences domestiques et les discriminations professionnelles restent des enjeux majeurs qui devraient permettre aux femmes de poursuivre leur lutte dans un cadre légal de débats et de conférences. Ces moments doivent servir à des bilans et à des plaidoyers pour des réformes.
Au Congo, les manifestations officielles mettent souvent l’accent sur les festivités. Les femmes passent plus de temps à célébrer qu’à réfléchir.
Il est crucial de sensibiliser les femmes à leur rôle dans la construction d’une société cohérente. Cette journée ne doit pas devenir une occasion d’infantiliser la femme, mais plutôt un rappel à sa place essentielle dans les réflexions pour le bien de la société.
«La main qui donne est toujours au-dessus de celle qui reçoit», dit l’adage. Concevoir une égalité des sexes dans le foyer est illusoire tant que l’un dépendra de l’autre. Il est donc plus juste d’adopter un partage équilibré des responsabilités: l’un achète le gaz, l’autre le foufou; l’un paie l’électricité, l’autre l’eau; l’un prend en charge le loyer, l’autre les frais de scolarité des enfants, etc., avant que, par amour, le plus fort ne soutienne celui qui en a besoin.
KAUD