Le premier président de la Cour suprême, Henri Bouka, a fait une communication le 21 janvier dernier à l’endroit des avocats, huissiers de justice, greffiers et magistrats pour les rappeler à l’ordre. «Changer de comportements et être fiers d’être des serviteurs de la loi», a-t-il recommandé.
Cette adresse du premier président de la Cour suprême fait suite à la dérive du système judiciaire décrié par le Président de la République dans son message sur l’état de la nation devant le Parlement réuni en congrès.
Le constat fait par le Président a été une véritable interpellation pour la justice. Le procureur général près la Cour suprême, Gilbert Mouyabi, a rappelé que les précédents discours du Président de la République n’ont jamais cessé de mettre à l’index les mauvaises pratiques, dans la justice. «Il nous faut sans atermoiement nous départir de cette situation», a-t-il indiqué.
Pour Gilbert Mouyabi, une nouvelle éthique s’impose pour changer les comportements. «Il faut prendre conscience pour relever l’image de la justice congolaise», a-t-il soutenu.
De son côté, Henri Bouka a rappelé que depuis 2018, la question de la probité morale a donné lieu à des rappels à l’ordre adressés de différentes manières à certains magistrats.
Pour lui, quand la justice est interpellée, ce sont les chefs de juridiction, siège et parquet confondus, qui sont interpellés avant tous les autres magistrats. «Nous sommes aujourd’hui en présence d’une mer totalement agitée et déchaînée qui menace de faire couler l’embarcation justice que nous avons pourtant le devoir de conduire à bon port. Mon devoir en ce moment est de vous parler comme je le fais, parce que je crois aux vertus de la parole», a expliqué le premier président de la Cour suprême.
Henri Bouka a estimé que tout comportement fautif aura la suite qu’elle doit comporter au plan disciplinaire. «La discipline frappera à la fois le magistrat débutant et le magistrat le plus haut gradé. A nos amis des greffes, aux huissiers, sans le travail desquels le travail des magistrats resterait lettre morte, la tarification doit être clarifiée par des textes. Réclamer des sommes qui ne sont pas dues, ce qui contribue a ruiné gravement l’image de la justice», a-t-il soutenu.
Aux avocats, il a rappelé : «Vous êtes les conseils des parties, mais par vos conclusions, vous aidez les magistrats à être plus performants, plus perspicaces et ainsi à rendre des décisions de qualité», a conclu Henri Bouka.

Pascal AZAD DOKO