Il est des symboles qui parlent. Le Pool, département qui s’est particularisé ces dernières années par les tumultes, parfois causés par ses propres fils, reprend peu à peu le chemin de l’apaisement. C’est-à-dire du même rythme de survie que les autres départements, avec une respiration normale, qui ne soit pas plus haletante ici que là. C’est-à-dire le même rythme de vie et de survie, ni plus ni moins .
L’installation d’un nouvel Evêque à Kinkala, dimanche, peut se lire comme un symbole. Le signe de cette volonté de tourner la page chez tous. Les autorités civiles, plus mues par leur militantisme chrétien que par la recherche effrénée d’un effet à bravos, sont venues porter leur salutation à Monseigneur le nouvel Evêque (Lire pages 8 et 9). Elégance républicaine, dirait-on, transcendant ethnies et clivages comme il devrait être.
C’est la forme normale de vie, dirait-on, dans un pays qui se cherche des repères de consensus. Et qui sait reconnaître ses valeurs fondatrices. Ntumi est toujours là à l’affût, certes ; il semble même attendre le meilleur moment pour refaire parler de lui, en mal. C’est à ce genre de traits, de flambée de fièvres entretenue artificiellement de temps en temps, que la région (se) vit comme enfermée dans des particularités qui ne font mal qu’à elle.
Les symboles de la normalité sont là en tout cas. Les véhicules, le train et les piétons reprennent à sillonner le département de part en part, presqu’une prouesse au vu de ce qu’il y avait dix ans seulement auparavant ! Il est des petits signes qui annoncent l’arrivée d’un printemps de grandes promesses: en Eglise, au politique et un peu au social, les traits de leur manifestation peuvent se compter.
L’Eglise, et pas seulement celle qui est au Pool, vit une véritable saison de bourgeonnement au Congo. Nouvel Evêque à Impfondo; un Archevêque coadjuteur à Brazzaville; deux nouvelles provinces ecclésiastiques avec deux nouveaux Archevêques à Pointe-Noire et à Owando: c’est véritablement une année de grâces que le pays vit. Une année de réelles bénédictions qui nous donnent l’impression que nous avons grandi et que nous sommes entendus dans nos suppliques.
Alors il serait désagréable, pour tout dire, de gâcher de telles embellies par des querelles et des violences comme nous en avons connues au cours des dernières années. L’année prochaine sera celle de l’élection présidentielle. Tout le souhait serait qu’elle ne soit pas aussi celle de la ruée cyclique vers les brousses pour des populations qui, balluchons sur la tête, seraient acculées à oublier tous ces événements de bien.
Notre classe politique n’est jamais à cours d’imagination pour monter les manœuvres qui laissent toujours sur le carreau ceux qui, de politique, n’ont que peu reçu. L’Eglise qui fleurit est annonciatrice d’une nouvelle saison de maturités? C’est une espérance. Une prière. Un nouvel Evêque a été installé à Kinkala. Son prédécesseur a porté, même au physique, les apesanteurs de toute une région. Que la suite soit harmonie et poursuite du travail à accomplir. Pont entre le passé et l’avenir.

Albert S. MIANZOUKOUTA