Trop d’accidents sur les routes nationales 1 et 2 qui relient respectivement Brazzaville à Pointe-Noire et Brazzaville à Ouesso. La Fondation Humanis Congo au travers de son bras technique appelé Secours d’Urgence Congo (SUC) s’engage à réduire ces accidents. Elle entend former les techniciens de la route et s’impliquer dans l’amélioration de la prise en charge des accidentés. Entretien avec Docteur Joe Borel Mahoungou Ncani, président de la Fondation Humanis Congo.

**Quelles sont les activités sur lesquelles vous travaillez au Congo?
*Les activités que nous menons sont plurisectorielles mais certaines circonstances font que quelques-unes aient la primeur d’être réalisées en urgence. Le phénomène des accidents sur la RN1 régulièrement entre Malélé et Dolisie et à Inoni Falaises sur la RN2; et l’inexistence de la prise en charge nous mettent dans un état d’extrême urgence.
Depuis quelques mois et grâce à l’implication très active de son ambassadrice (Mme Blanche Gambomi) la Fondation Humanis Congo s’est engagée à travers l’unité appelée Secours d’Urgence Congo (SUC) à apporter des réponses au triste phénomène des accidents et du manque de la prise charge sur la RN1 d’abord, ensuite sur la RN2 quand les conditions le permettront. Une enquête édifiante et glaçante sur les causes des accidents et le manque de la prise en charge nous imposent, en synergie souhaitée et inévitable, avec les autres acteurs des métiers innovants de secours d’agir. Ce que nous venons d’initier comme projet est l’oxygène de la prise de conscience des conducteurs, la responsabilité des gouvernants et l’éveil solidaire des populations. Quel spectacle désolant de voir régulièrement ceux qui devraient secourir les accidentés s’activer à les voler.
Nous souhaiterions que les gestionnaires des RN 1 et RN 2 nous permettent d’équiper et d’animer les structures de santé construites le long de ces routes. On peut en faire des postes avancés de secours avec positionnement d’ambulances, ce qui aiderait les acteurs de secours d’agir très vite et sauver des vies.

**Pourquoi voudriez-vous faire de la formation des usagers de la route une priorité?
*Vous savez qu’il est plus facile d’accuser le puits d’être trop profond et méconnaître que c’est la corde en sa possession qui est trop courte. De la même façon que l’on accuse la route et ne pas vouloir reconnaitre que c’est le non-respect de celle-ci qui engendre tous ces accidents. La route parle et on lui doit obéissance.
On veut former pour que les conducteurs quittent leur état de chauffards et se vêtir de celui de chauffeurs, c’est à dire conscients et respectueux du code de la route et aussi de protecteurs des passagers. On veut former pour qu’il y ait des acteurs qualifiés aux métiers de secours et de prise en charge. Seule la pédagogie changera les choses. C’est ainsi que la Fondation Humanis Congo fait de la pédagogie son cheval de bataille. De la même façon que nous ferons de l’IEC aux chauffeurs, nous procèderons à la formation certifiante des Formateurs, des Auxiliaires Ambulanciers et des Ambulanciers.
Nous commençons par la RN1, notre souhait est celui d’être actifs sur toutes les routes nationales.

**Il n’est pas facile de déployer un tel projet. Quelles sont les difficultés auxquelles vous êtes confrontées ?
*Pas facile, vous le dites. Les difficultés sont d’ordre multifonctionnel, il y a un phénomène qui se développe en sourdine dans notre pays. On peut porter une vision ou un projet, il est difficile de trouver des gens qui les accompagnent. On trouve plutôt ceux qui les compriment. C’est à peine si on comptait sur le bout de nos doigts le nombre d’entreprises établies au Congo qui sponsorisent des projets humanitaires.
Les élus ou les potentiels candidats aux élections sont souvent les premiers opposants des humanitaires, ils redoutent qu’on leur vole la vedette. On compte deux catégories de personnes dans la société, celles qui savent ce que les populations attendent d’elles et celles qui savent ce qu’elles attendent des populations. Pour notre part, nous savons ce que les populations attendent de nous. Les acteurs politiques et humanitaires devraient comprendre qu’ils sont complémentaires. Pour être plus forts nous devons accepter que la solidarité soit la valeur cardinale qui germe dans le forum de chacun de nous. C’est à peine croyable mais, même les églises qui seraient le berceau de la solidarité ne le sont plus.
Je suis humanitaire et, «Nec Plus Ultra» de ce que je pense et je fais depuis plusieurs années ne me changera d’orientation. Une fois de plus, merci à Mme Blanche Gambomi qui, grâce à son implication notre motivation ne s’effrite pas.
Notre objectif est immuable: construire avec des personnes éprises de la philanthropie une société stable et pérenne qui ne laisse personne de côté.
Dans quelques mois nous verrons à la veille des élections le déploiement des «gentilles personnes», nous avons besoins d’elles ici et maintenant. Leurs apports ne connaitront jamais de rides. Qu’elles agissent !

Propos recueillis par :
Justin Ducker MAMBIKI