La guerre est à nos portes ! A Goma, les combats ont désormais gagné les artères de cette capitale du Nord-Kivu. Inutile de se cacher derrière une feuille vigne : la République démocratique du Congo et le Rwanda sont en guerre. Qu’on la décrive comme découlant «seulement» d’une volonté de se servir des rebelles du M-23 pour asservir l’Est du Congo, et y exploiter des minerais ; ou qu’on la définisse comme la volonté hégémonique d’un Rwanda inarrêtable, dans les effets sous nos yeux cela ne fait aucune différence : c’est une guerre.
Nous sommes bel et bien en face d’une guerre dont nous ne pouvons mesurer les effets à long terme. Elle va, assurément, réveiller des antagonismes anciens et rouvrir, si ce n’est pas encore fait, des atavismes belliqueux dans la région. Et aucun voisin ne pourra se dire simple spectateur. Le cercle concentrique des violences et des populations encore poussées à l’exil par désespoir, ne pourra être endigué. Nous sommes dans la position inconfortable du cousin : nous ne pouvons prendre position pour l’ami et dédaigner la famille.
Déjà, nous sommes suspectés de complicité par nos proclamations véhémentes de neutralité. Affirmer haut et fort que la guerre ne mène à rien ; qu’il faut y mettre un terme, ne suffit plus. Nous ne sommes plus à l’étape des simples véhémences, pas même à l’ONU. Il faut situer clairement les responsabilités, demander au Rwanda de cesser d’appuyer le M-23 sous prétexte de poursuivre les génocidaires des FDLR, la milice des Rwandais ayant fui le génocide au Rwanda en 1994. Il faut demander à la RDC de cesser de surfer sur ce génocide en le traitant comme si ce ne fut rien pour les Tutsis. Faire de la rencontre directe avec le M-23 une «ligne rouge» dans ce conflit est un peu léger et ne conduira à rien. Aucun conflit ne s’est réglé sans un dialogue. Aucun règlement ne s’est fait sur la seule volonté d’une partie.

Albert S. MIANZOUKOUTA