Depuis le 12 août dernier, le Gouvernement a pris le pari de contrer les réseaux sociaux sur leur terrain. Il a institué un espace de communication «où tout sera dit», «sans langue de bois». Deux fois par mois, lors de «La Quinzaine du Gouvernement», les journalistes sont ‘autorisés’ à poser toutes sortes de questions, s’abreuver à la bonne source de la parole révélée sans (faire) courir le risque de véhiculer les Fake-news pour lesquelles le marigot des réseaux a une appétence avérée.
Il s’agit, pour nous journalistes, de recourir à la seule «Pravda» institutionnalisée et ne surtout pas regarder les sales horreurs des informations qui ne sont pas estampillées « officiel». Donc vraies. Dénuées de toute contre-vérité. Voire !
Le Gouvernement semble croire que la méfiance de l’opinion devant l’information officielle est attisée par les Fake-news des réseaux sociaux. Et qu’il suffit de proclamer qu’une information est vraie pour qu’elle le soit effectivement ou qu’elle ouvre les têtes et les cœurs des consommateurs éduqués à ne pas faire opposition, dresser l’obstacle du doute dévergondé, de la critique antipatriotique contre l’information venant de l’Etat. Vaste débat.
Non : ouvrir un espace de communication et de dialogue avec la presse n’est pas une mauvaise chose. C’est en cela que tout pouvoir peut ressentir la respiration du peuple qu’on dirige, se faire sensible à ses préoccupations. Mais il ne s’agit de faire «boire» une communication verticale qui se suffirait à elle-même. Dans un pays où, depuis toujours, le peuple s’informe plus par la rumeur, vouloir se substituer aux réseaux sociaux, c’est prétendre que le Gouvernement seul peut dire la vérité.
Ou que celle-ci intéressera forcément l’homme et la femme de la rue. Car, au fond, vouloir à tout prix forcer à comprendre la vérité dans le sens où on la veut, c’est avouer qu’on ne peut pas convaincre et que, de temps en temps, on prend ses aises avec la vérité. On en est (presque) à la 3è édition de cette «Quinzaine du Gouvernement», nous verrons à la longue ce que produira cette entreprise de bridage de l’information.

Albert S. MIANZOUKOUTA