La Fondation Niosi a organisé mercredi 18 décembre 2019 un débat sur la Gouvernance linguistique à l’Institut français du Congo (IFC) à Brazzaville, un débat sur la gouvernance linguistique au Congo. Sous la modération du Dr Auguste Miabéto, linguiste, le thème a été développé par le Pr Josué Ndamba, linguiste, de la Fondation Niosi.
«Tout passe par la langue, si on veut connaitre et développer son milieu. On ne peut connaître un milieu que par la langue», a affirmé le conférencier.
Au Congo, la politique linguistique est absente. Pour surmonter cette faiblesse, Josué Ndamba a expliqué que «Si nous voulons développer notre milieu, il faut le connaitre. On ne peut le connaitre que par la langue. Chercher à connaitre un milieu donné à travers une langue qui n’est pas celle du milieu est difficile. Il faut une grande sensibilisation auprès des autorités pour leur faire prendre conscience, qu’elles sachent qu’il y a un problème pendant qu’il faut combler, au moins dans le domaine de l’éducation».
Le conférencier a souligné l’une des conséquences de cette situation. Les pourcentages des résultats aux examens d’Etat sont faibles à cause des langues d’enseignement. Les enfants apprennent avec des langues d’emprunt. Partout, où on a mené des expériences avec des écoles pilotes, dans lesquelles l’enseignement se dispensait dans les langues locales, les résultats étaient meilleurs. L’exemple du Sénégal avec la langue Wolof. «Il faut utiliser sa propre langue pour prétendre se développer», a argué Josué Ndamba. Et d’ajouter: «Les différentes Constitutions qui se sont succédé au Congo ne valorisent pas les langues du pays. Les deux langues nationales adoptées ne sont que véhiculaires. La langue officielle reste le français. Les ministères de la Culture, qui se sont succédé, n’ont pas encore proposé des lois ou des décrets pour l’utilisation des langues nationales que sont le Lingala et le Kituba dans l’administration ou en tout autre lieu, officiel. Aucun texte juridique n’est pris pour fixer les domaines dans lesquels on doit utiliser les langues nationales. Le Congo n’a jamais mis en place un institut de langues nationales de recherches ou une académie des langues nationales pour la normalisation de ces langues. Ces instruments permettraient d’organiser des activités culturelles pour élever les langues nationales et d’autres langues congolaises et inciter les jeunes à utiliser les langues de chez eux. L’Etat ne dispose d’aucune structure à même de soutenir et encourager les langues, en dehors des chassons». Il a conclu qu’au Congo, le développement des langues demeure encore un grand défi.

Philippe BANZ