La Journée nationale de l’arbre a été concrétisée au Congo par un geste fortement symbolique du président de la République qui a planté le dix millionième arbre dans le massif de l’ex-unité d’afforestation industrielle du Congo (UAIC), dans la périphérie de Pointe-Noire. Cette journée a été instituée par la loi 062/84 du 11 septembre 1984 et le décret n°88/617 du 30 juillet 1988 portant application de cette loi qui fixait au 6 mars la célébration de cet événement. La loi du 20/96 du 15 avril 1996 a modifié la première loi de 1984 en reportant la date officielle au 6 novembre de chaque année, pour tenir compte des aléas saisons pluviales. Que deviennent les arbres plantés?

L’institution de la Journée nationale de l’arbre vise la sauvegarde du patrimoine forestier naturel à travers le reboisement populaire. Les objectifs spécifiques poursuivis par cette journée nationale sont: intégrer l’arbre dans la stratégie de développement socio-économique et culturel, prévenir les conséquences de la dégradation des écosystèmes forestiers et promouvoir la culture de l’arbre. Au cours des 33 précédentes Journées nationales de l’arbre, plus de 400.000 plants, toutes essences confondues, ont été mis en terre sur près de 100.000 hectares, pour diverses utilisations, notamment: l’arborisation des artères et des établissements publics, la création des plantations publiques, la création des vergers, la lutte contre les érosions.
Selon la FAO, environ 17.000 hectares de forêts sont détruits chaque année au Congo du fait des défrichements occasionnés par l’agriculture itinérante, la récolte du bois de chauffe et la production du charbon de bois. Cette destruction est devenue alarmante dans les zones à dominante savanicole où les forêts galeries et les petits massifs forestiers subissent des pressions anthropiques. Elle est la cause des perturbations climatiques, des modifications des régimes hydriques et des érosions des sols. Une grande partie des forêts du sud Congo a été soumise depuis les années 1940 à une surexploitation et à un écrémage. Certaines essences de ces forêts se sont mêmes raréfiées dans certaines localités du pays, les populations y sont déjà confrontées à des difficultés d’approvisionnement en bois de chauffe.
Faute de suivi régulier des sites plantés, on constate le dépérissement de nombreux plants et la destruction par des personnes inciviques des plants en place. La non application de la Journée nationale de l’arbre par les autorités politico-administratives locales, qui continuent à attendre du ministère de l’Economie forestière les transferts financiers, la non disponibilité du plan d’afforestation des terres, la non inscription d’une ligne budgétaire par les conseils départementaux pour la célébration de la Journée de l’arbre et du suivi des plantations mises en place, sont les raisons souvent invoquées pour la non mise en œuvre de toutes les mesures favorisant l’afforestation. Cela se traduit par des pertes de matériel végétal et des moyens financiers ainsi que par l’anéantissement des efforts consentis.

Des solutions stratégiques

Des stratégies visant une gestion durable des forêts ont été définies par le Gouvernement sur la base du programme de société du Président de la République en vue de pallier le phénomène de la déforestation et de la dégradation des écosystèmes forestiers notamment. Il s’agit entre autres, du lancement du processus REDD-Congo, de la promotion du boisement et du reboisement dans les zones dégradées ou déforestées; de la sensibilisation et l’éducation des populations sur le rôle important que jouent l’arbre et la forêt au niveau national et planétaire, et de la création des pépinières par le service national de reboisement. Deux pépinières modernes ont été installées à Ngondji dans le Kouilou et à Kintélé au nord de Brazzaville. Des pépinières locales existent désormais dans les différents départements. En 2011, le président de la République a lancé le Programme national d’afforestation et de reboisement (PRONAR) avec pour objectif la création d’un million d’hectares en 10 ans en vue de la promotion d’une économie verte et la création d’un Fonds africain pour le développement durable.
A l’occasion de la 28e Journée nationale de l’arbre, en novembre dernier, Henri Djombo,à l’époque ministre de l’Economie forestière, déclarait: «la forêt représente un complexe d’une importance exceptionnelle pour la biodiversité et pour nos sociétés. Elle procure des services écosystèmes inestimables, tels que la séquestration du dioxyde de carbone, l’émission d’oxygène indispensable à la vie sur terre, la couverture des sols et la régulation du régime des eaux…En plantant des arbres, nous en augmentons le nombre sur le terrain, remplaçons ceux abattus, accroissons les superficies boisées, reconstituons et développons le domaine forestier permanent, luttons ainsi contre la déforestation et le changement climatique».

Aybienevie
N’KOUKA-KOUDISSA