Une séance des questions orales avec débats au Gouvernement s’est tenue au Sénat, le 23 juillet dernier, sous le patronage de Pierre Ngolo, son président. Les questions d’actualité nationale étaient au cœur des préoccupations des sénateurs, adressées à huit ministres.

Le sénateur Boniface Bouka a interpellé le ministre de l’Enseignement supérieur sur le nombre des facultés qui seront ouvertes en priorité à l’Université Denis Sassou-Nguesso en octobre prochain. Tout comme sur la situation des étudiants de l’Université Marien Ngouabi, en raison de la conjoncture nationale marquée par la pandémie de la COVID-19.
Justin Goma Gabou s’est ému que rien ne change malgré les lourds investissements consentis tant au niveau des sociétés Energie électrique du Congo (E²C) que de La Congolaise des Eaux (LCDE): «réseaux de distribution dans un état sans pareil; les délestages ainsi que les baisses de tension et les ruptures d’eau sont quasi permanentes dans les quartiers; les usagers sont abusés, rançonnés et rackettés quotidiennement et les clients obligés de payer ce qu’ils n’ont pas consommé. Comment justifiez-vous cela», a-t-il demandé au ministre de l’Energie et de l’hydraulique.
La baisse sensible des poissons de mer et la hausse des prix dûe à la mauvaise pratique de la pêche, ont constitué aussi la préoccupation d’un sénateur. Alphonse Koua a, quant à lui, interpellé le ministre des Mines sur l’arrêt supposé de l’exploitation de la production du minerai de fer de Mayoko.
Répondant aux sénateurs, le Premier ministre a reconnu qu’il existe trop de navires de pêche à Pointe-Noire, tout en promettant d’en éliminer certains. S’agissant du prix élevé des poissons, Clément Mouamba pense que c’est une question d’offre et de demande.
Le ministre Pierre Oba a rassuré les sénateurs que la société Sapro n’a jamais arrêté ses activités de production et de stockage du minerai de fer. Il a néanmoins reconnu que la société fait face à une difficulté. «Celle de l’état défectueux des deux ponts de Makabana qui ne permettent pas d’assurer l’évacuation du minerai de fer de son lieu de production au Port Autonome de Pointe-Noire. A cette difficulté, s’ajoute l’obsolescence de la voie ferrée qui date de 1962, faute d’entretien et de non renouvellement d’équipements et d’autres installations», a-t-il expliqué.
«Le problème des ponts est en train d’être résolu. Les travaux de réhabilitation ont été lancés par le ministre des Travaux publics et de l’équipement», a poursuivi Pierre Oba.
De son côté, Thierry Moungalla a regretté l’insuffisance des ressources financières allouées à son département. Il a également fait constater que la redevance audiovisuelle collectée par l’ex-SNE, actuellement E²C, génère par année une centaine de millions de F.CFA. «A ce jour et malgré nos efforts, nous ne sommes pas en mesure de recevoir ces sommes qui ne sont pas reversées à la communication», a-t-il fait remarquer.
Le ministre a fait état de la restructuration globale de Télé-Congo ainsi que d’autres médias publics qui, selon lui, sont sans personnalité juridique. «Ce sont des directions rattachées au ministère. Il convient de les détacher de la tutelle organique du ministère pour en faire des établissements ou des structures juridiques à personnalité autonome», a-t-il annoncé.
Pour sa part, Bruno Jean-Richard Itoua a informé les sénateurs que le schéma de la première phase de l’ouverture de l’Université Denis Sassou-Nguesso porte sur deux établissements plus un. «Quant à la nature des établissements, permettez que le dossier soit d’abord présenté au Premier ministre et au Gouvernement», a indiqué le ministre qui a révélé que l’entrée à l’Université sera soumise à un concours.
A son tour, le ministre Blaise Zoniaba a dit que le tableau tel que peint par le sénateur sur les sociétés E2C et LCDE n’est pas si sombre que ça. «Un peu de patience, il y aura des améliorations», a-t-il promis.
Sur la pandémie de la COVID-19, Jacqueline Lydia Mikolo a éclairé les sénateurs sur les difficultés rencontrées dans le cadre de la riposte. «En matière de prise en charge, elles concernent l’imprévisibilité des coïnfections des patients de COVID-19 qui pose problème parce que nous devons trouver les médicaments des comorbidités au cas par cas», a précisé la ministre.
En dépit des efforts mobilisés pour réaliser les dépistages, «la mise en œuvre de la stratégie de dépistage à grande échelle couplée à la difficulté de la disponibilité des intrants et consommables de laboratoire tentent un peu à annihiler les efforts de rendre rapide les résultats de laboratoires. A cette difficulté, il faut ajouter le déficit en ressources humaines qualifiées ainsi que la faible motivation des ressources humaines impliquées», a signifié Jacqueline Lydia Mikolo.
Pour elle, la plus grande difficulté que la riposte rencontre aujourd’hui est celle de la logistique. «Nous ne sommes pas très équipés. En plus, le secteur de la santé a perdu plus de 40% de son personnel actif ces trois dernières années par les départs à la retraite».
Dans les répliques des sénateurs, Ludovic Miyouna a dit ne pas comprendre pourquoi la petite redevance audiovisuelle demandée aux consommateurs ne soit pas versée au ministère de la Communication. «C’est une forme d’escroquerie des consommateurs qui attendent d’avoir une autre télévision».
Manoukou-Kouba est, lui, revenu sur les respirateurs dont plus de la moitié n’est pas utilisée par manque d’opérateurs spécialisés. «On parle également des ruptures de réactifs. Nous-mêmes au Sénat, on attend le moment venu pour qu’on soit testé. On ne peut pas dire que c’est satisfaisant. Il y a un malaise qu’il faut réparer».

Cyr Armel
YABBAT-NGO