Ils étaient nombreux au Parti congolais du travail (PCT) qui, dans la perspective des législatives prochaines, avaient déposé leurs dossiers de candidature. Des annonces qui, pour certains, étaient pour créer la sensation ou juste des feux de paille qui se sont éteints après que le pompier le Comité national d’investiture soit intervenu. L’heure est aux grincements de dents et aux désillusions.

On prend les mêmes, on recommence, pourrait-on dire, après la publication de la liste provisoire des candidats du PCT aux législatives 2022. Tout était déjà scellé et ficelé d’avance, disent les déçus et les surpris.
Car, il n’y a pas eu trop de changements. Après la 9e réunion du Comité national d’investiture, tenue du 5 au 8 avril dernier au Palais de congrès, c’est pour la plupart, les mêmes députés qui ont été retenus. Ce qui n’est pas du goût des autres membres du parti qui se disent frustrés pour certains, et déçus pour d’autres.
Sur les 151 sièges à pourvoir à l’Assemblée nationale, le PCT a, pour l’heure, positionné 114 candidats. A l’analyse de cette liste, force est de constater que le parti socle de la majorité présidentielle n’a pas présenté de candidats à Dolisie, Mayoko, Loudima, Bambama, Kimongo et Nkayi 1 où l’UPADS, l’ancien parti au pouvoir a des députés.
Le PCT n’a pas, non plus, positionné un candidat à Sibiti district, le fief de Joseph Kignoumbi Kia-Mboungou.
Entre frustrations et regrets, le PCT a bien du mal à négocier le virage des législatives surtout à Bacongo où le parti n’arrive pas à trancher entre Donald Fylla et Vadim Osdet Mvouba, premier secrétaire de la Force Montante congolaise, coordonnateur de projets à la fondation de la Société nationale des pétroles du Congo (SNPC) et conseiller à la Primature. Rien d’étonnant, la plupart des membres du Gouvernement sont candidats. On se souvient encore de ce fameux débat, selon lequel les cadres dirigeants de cette formation étaient désignés par cooptation en privilégiant les affinités plutôt que les qualités, au mépris des règlements du parti, à commencer par celui relatif au non-cumul des fonctions de ses cadres. «Un seul individu ne peut pas avoir deux salaires et deux fonctions, cela fait partie des antivaleurs», disait un cadre du PCT. A noter que ce principe de non-cumul avait été acté en 2011.
A vrai dire, le PCT a été dépassé par le nombre des dossiers déposés par ses cadres et dirigeants qui désiraient se positionner en officiel. Le choix opéré par le Comté national d’investiture ne fait pas l’unanimité au sein du parti. «Ce choix n’a pas du tout tenu compte des avis émis par la base. Il est loin de satisfaire tout le monde», contestait un des cadres du parti. «Normalement on ne change pas une équipe qui gagne», rétorquait un autre.
Des enfants de responsables politiques ne veulent pas être en reste. Leur irruption sur la scène politique est un signe qui ne trompe pas. Nombreux sont ceux qui veulent ou se sont positionnés, en évoquant l’alternance démocratique.
Les bruits de toutes sortes courent déjà sur certains candidats non investis et qui veulent se présenter sous le label d’indépendants. Ou bien ceux que le parti va positionner en indépendants. Certains d’entre eux n’apprécient pas le fait que leur parti ait pu reconduire, automatiquement, à 90%, les parlementaires sortants. «Il y a bien d’autres candidats, héros dans l’ombre, qui œuvrent pour les succès de leur parti et dont les candidatures ne sont jamais retenues», disent-ils.
La bataille des législatives s’annonce donc rude, plus entre candidats qu’entre familles politiques. D’ores et déjà, on peut dire sans risque de se tromper que les différents candidats vont se livrer une bataille sans merci. Comme des lions enragés, ils vont aller à l’assaut des électeurs en distribuant moult tee-shirts, casquettes, pagnes et même de l’argent pour acheter leur conscience.
Beaucoup de ces indépendants tenteront de bousculer les candidats présentés par le parti. Au cours de la première session extraordinaire de son Conseil fédéral, le PCT de Brazzaville, élargi aux postulants à l’investiture aux élections législatives et locales de 2022, le 19 février dernier, Faustin Elenga, dénonçait déjà la pratique des pétitions et autres actions s’inscrivant à l’opposé des principes et normes du parti.
Il avait exprimé son indignation suite au comportement déshonorant, selon lui, affiché par des membres et sympathisants du PCT.
La liste des candidats arrêtée par le Comité national d’investiture doit encore être approuvée par la direction politique. D’ores et déjà, ce sont des grincements de dents. Quelques parlementaires ne sont pas sur cette première liste: Jean Jaurès Ondélé, président du groupe parlementaire du PCT et alliés à l’Assemblée nationale et député d’Ongogni; Jean De Dieu Kourissa, député de Poto-Poto I; Josué Cyr Ebina, député d’Ignié; Jean Jacques Mouanda, député de Komono, nommé préfet du département de la Likouala; Raymond Isaac Follo, député de Ngoyo; Aimé Emmanuel Yoka, à Vindza, Alexandre Aloumba, à Ewo district; Serge Hubert Mouelé, à Mbama, Venance Monia, à Dongou, etc.
Parmi les entrants, il y a Rosalie Matondo, à Louomo, Jacqueline Lydia Mikolo, à Mouyondzi où elle sera aux prises avec Claudine Munari, présidente du MUST; Emile Ouosso, à Yaya où il tentera de prendre sa revanche sur Jean-Valère Mbani, président du parti «Le Congo en marge», qui l’avait battu en 2017; Ludovic Ngatsé, à Ollombo II; Thierry Lézin Moungalla, à Sibiti commune où il était député de 2012-2017; Rick Gérard Bokilo, à Poto-Poto 1; Mme Ahissou Esther Gayama, à l’île Mbamou; Rigobert Maboundou, à Mfouati; Dieudonné Bantsima, maire de Brazzaville, à Mflou-Ngamaba 2; Arlette Soudan Nonault, à Mbama, etc.
Selon des sources recoupées, on parle d’une liste additive qui serait sur le point d’être prise pour tenter de calmer les déçus et combler les autres circonscriptions où le PCT n’a pas encore positionné de candidats.
Ce qu’il faut également comprendre de cette première liste, est que le PCT s’est encore taillé la part du lion, par rapport au jeu des alliances, en ne laissant à ses alliés que les sièges qu’ils avaient conquis en 2017. Il s’agit de la DRD à Djambala district, du MAR à Lumumba 3, Loango et Madingou-Kayes. Tout comme du RDPS à Mvoumvou 1, Hinda, Nzambi et dans le Kouilou.
Dans les 15 circonscriptions du Pool, le PCT s’est positionné dans 11, à l’exception de Kinkala district (UDH-Yuki), Mayama (MCDDI), Goma Tsé-Tsé (MCDDI) et Mbandza Ndounga (MCDDI). Restent les circonscriptions de Bacongo et de Makélékélé où le PCT, le RC et le MCDDI seraient en pourparlers.
En tout cas, l’impression qui se dégage, c’est que les partis de la majorité vont s’affronter dans bien des circonscriptions. Déjà, à Mayéyé, la confrontation opposera Mme Irène Marie Cécile Mboukou-Kimbatsa Goma (MAR) dont la candidature est fortement réclamée par les populations et David Benoît Mahoumounou (PCT).
S’il faut esquisser un bilan de l’action de l’Assemblée nationale pendant la 14ème législature, il y a lieu de dire que certains députés laissent un triste souvenir, par leur manque d’initiatives même dans la prise de parole en séance plénière ou de propositions de loi. Leur rôle a tout juste été de lever la main, au moment du vote. D’autres n’osent pas poser la moindre question ou se sont, plutôt, érigés en spectateurs de leurs collègues qui ont, par leurs interventions, marqué cette législature.

Cyr Armel
YABBAT-NGO