Le vrai enjeu est celui du taux de participation. Quelque 2,8 millions de Congolais étaient appelés aux urnes pour élire 151 députés et 1450 conseillers municipaux et locaux, au terme d’une campagne électorale assez terne. «Le spectacle offert par les partis et les candidats est tout simplement lamentable. Il n’y a aucun projet et les enjeux économiques et sociaux sont escamotés au profit de la distribution des gadgets, de l’argent et des batailles politiciennes», a commenté un journaliste indépendant. Dans cette consultation, l’objectif du parti du Président de la République élu en 2021 est de renforcer sa main mise sur les deux chambres du Parlement.

Tout s’est globalement bien passé, selon les autorités nationales. A commencer par le président de la CNEI (Commission électorale indépendante), Henri Bouka, et le Président de la République Denis Sassou-Nguesso qui s’était rendu à son lieu de vote de Ouenzé, dans le cinquième arrondissement de Brazzaville. «Progressivement la démocratie est en train de s’enraciner au Congo. Le peuple vote en paix. Pour moi, c’est un bon signe», a déclaré le chef de l’Etat à la presse, non sans polémiquer gentiment avec RFI (Radio France internationale) qui, d’après lui, décrit souvent «mal les choses».
Selon plusieurs sources, la participation électorale a été faible dans les deux grandes agglomérations du pays, contrairement, par exemple, au scrutin présidentiel de 2016. Désintérêt, incompréhension, désaveu envers le pouvoir autant qu’avec l’opposition… Dans les états-majors des partis politiques comme dans la société civile et dans la rue, les conversations vont bon train pour tenter d’expliquer le manque d’enthousiasme des électeurs. Certains affirment que les Congolais n’ont pas compris l’enjeu des votes. «L’impossible consensus» entre la majorité et une partie de l’opposition sur la révision des listes électorales ou la mise en place d’une commission électorale «indépendante» est une autre explication. Tout comme l’appel au boycott lancé par une partie de l’opposition. Pour leur part, plusieurs personnes ne s’inscrivent pas sur les listes électorales malgré les scrutins qui se succèdent, quand d’autres, pourtant détenteurs d’une carte d’électeur n’ont pas retrouvé leurs noms sur les listes. «Nous sommes plusieurs dans ce cas», assure un déçu de la politique. Pour d’autres la faible participation viendrait de la perte de confiance des populations. «Les dés sont pipés dès le départ. Pourquoi aller voter alors qu’on connaît les résultats avant le scrutin ?», s’est plaint un responsable partisan du boycott. Il y a aussi ceux qui pensent que les élections n’apportent rien de bon aux Congolais, si elles ne sont pas organisées pour enrichir les futurs élus. Pour l’opposition, cette défiance signerait le discrédit du pouvoir PCT.
Plus généralement, «c’est toute la classe politique qui est discréditée». La perte de confiance est telle que beaucoup souhaitent une organisation «véritablement consensuelle» des élections et un découpage électoral «plus juste». Et ils appellent de tous leurs vœux à une mobilisation de la société civile ainsi qu’à l’organisation «de vrais débats sur les questions qui touchent le quotidien des gens ».

Jean ZENGABIO