Consul général du Congo à Guangzhou, en Chine, et ex-DG de La Cogelo), Emmanuel Ebolo est l’auteur de cinq livres publiés entre 2020 et 2024 chez l’Harmattan Congo : ‘Au gré du destin’’ (17 décembre 2020), ‘’Humilité et gloire’’ (29 décembre 2020), ‘’La promesse’’ (4 juillet 2022), ‘’On n’oublie pas ses racines’’ (4 juillet 2022) et ‘’Voyage en terre d’Avenir’’ (7 novembre 2024). Lors de son récent séjour au pays, il s’est confié à ‘’La Semaine Africaine’’.

*D’où vous est venue l’idée d’écrire ?
**J’ai toujours aimé écrire mais mes occupations antérieures ne me le permettaient pas. C’est réellement l’envie du partage qui m’habite : partager les idées, les connaissances, les récits, transmettre des émotions me semblent importants pour une vie en communauté. Au départ, j’avais commencé par écrire des poèmes et des articles de presse avant même ma formation en journalisme. J’en avais publié certains dans les journaux de la place. Après ma formation en journalisme, précisément au département des Sciences et Techniques de la communication de l’Université Marien Ngouabi, j’ai créé quelques années plus tard un journal dénommé Congo Ya Sika, qui n’avait duré qu’un an. C’est en 2017 qu’a débuté la rédaction d’un premier roman que j’ai publié en 2020 à L’Harmattan Congo : «Au Gré du destin». Avant sa publication, j’avais démarré en 2018 la rédaction d’un autre roman dont le titre est « Humilité et gloire » qui fut publié la même année aussi.

couverture
Couverture du dernier ouvrage

*Pourquoi écrivez-vous ?
**C’est une question qu’on pose à tous les écrivains. Bien sûr que chacun donne la réponse qui reflète sa conviction. J’écris par envie du partage et aussi pour vivre plus longtemps, non pas physiquement, mais grâce à mes œuvres littéraires. Imaginons qu’un siècle après, je puisse avoir encore une dizaine de lecteurs, qu’on trouve encore mes livres dans des bibliothèques publiques ou privées, ce serait pour moi une sorte de vie qui continue, le fait de n’être pas tombé totalement dans l’oubli. Un jour, autour d’une discussion, j’avais posé la question à mes interlocuteurs s’ils connaissaient quelqu’un qui était riche au temps de Victor Hugo, de Jean de la Fontaine ou encore de Voltaire. Personne n’en connaissait aucun. Par contre, ils connaissaient tous ces écrivains que je viens de citer. Voilà donc la force de l’écriture ; elle traverse les siècles.

*Vos livres racontent-ils des histoires vraies ?
**Non, ce sont des fictions comme dans tout roman. Mais cela n’empêche qu’ils puissent ressembler aux situations vraies, vécues par certaines personnes. En vérité, la fiction elle-même est inspirée par des faits de société. C’est un peu comme les chansons de nos musiciens. Elles nous racontent toujours des histoires qui semblent être vraies. Plusieurs lecteurs m’ont déjà rapporté que les récits de mes romans sont très proches de ce qu’ils ont vécu.

*Cinq livres en cinq ans, c’est un véritable record!
**Un record ! Je ne pense pas. Je crois qu’il y a des écrivains qui publient parfois deux livres par an surtout ceux qui en ont fait une profession. Sinon, écrire un roman, c’est beaucoup de travail et de remise en question. Il arrive même qu’on abandonne une bonne trentaine de pages pourtant déjà bien écrites parce qu’on n’arrive plus à avancer sur le thème pour démarrer un autre livre. Parfois, c’est décourageant mais il faut beaucoup d’abnégation et de volonté. Souvent, j’écris deux livres à la fois selon les inspirations et j’avance petit-à-petit. Voilà pourquoi, en 2020 et en 2022, j’ai publié à chaque fois deux livres en même temps. D’abord ‘’Au gré du destin’’ et ‘’Humilité et gloire’’; ensuite, ‘’On n’oublie pas ses racines’’ et ‘’La Promesse’’. C’est ce qui explique qu’en octobre 2024, j’ai publié, toujours à L’Harmattan, mon nouveau roman «Voyage en terre d’avenir», le cinquième. A la base, ce sont plusieurs heures de travail et de sacrifice.

*Comment arrivez-vous à concilier votre travail de Consul général et celui d’écrivain ?
**C’est une excellente question. Tout est question d’organisation. Au Consulat général, nous travaillons de lundi à vendredi et nous nous reposons samedi et dimanche. Alors, j’utilise mes heures libres du week-end pour écrire. J’écris souvent trois à quatre pages samedi et autant le dimanche. J’atteins rarement cinq pages. Il m’arrive aussi de m’arrêter à deux pages et demi ou trois. Il est vrai qu’il y a des week-ends où je suis occupé quand je me trouve en mission à l’extérieur de la ville ou quand j’offre une réception à des invités. Sinon, en week-end, je suis souvent libre et j’en profite pour avancer dans la rédaction. Un jour, j’avais suivi à la télévision l’interview d’un écrivain ouest-africain qui disait que la plupart des écrivains africains ont publié leurs livres quand ils vivaient à l’étranger. Une fois rentré dans leur pays, ils n’ont plus eu assez de temps ou de concentration pour écrire à cause des nombreux problèmes de famille, des visites impromptues qui durent, et de bien d’autres sollicitations. Je crois qu’il avait véritablement raison car je l’ai aussi expérimenté. Pendant mon séjour au pays, il m’est très difficile d’avancer dans l’écriture. Souvent, durant un séjour d’un mois, je n’écris aucune page. Ce n’est qu’une fois reparti, que je replonge dans l’écriture. Je saisis ici l’occasion pour féliciter tous mes collègues écrivains qui arrivent à publier tout en étant sur place ici au pays.

*Avez-vous d’autres projets de livres en vue?
**Effectivement ! Au moment où vous m’interviewez, j’ai deux livres qui sont finis et prêts à la publication et un autre dont je suis encore en pleine rédaction. J’espère pouvoir publier un nouveau livre cette année, toujours à L’Harmattan. Parmi ces trois livres, il y a une Nouvelle et un Essai. J’ai aussi dans ma banque littéraire, plusieurs poèmes. Comme quoi, j’aimerais embrasser d’autres genres littéraires même si le roman reste mon préféré.

*Etes-vous inspirés par d’autres écrivains ?
**Je crois que tout écrivain lit les œuvres des autres écrivains et s’en inspire. De nombreux grands Ecrivains vous le diront. Ils s’inspirent souvent des œuvres de bien d’autres écrivains. Le plus important c’est de ne pas plagier car le plagia est condamnable. Un grand écrivain comme Jean d’Ormesson, académicien français, a souvent titré ses livres à partir des belles phrases tirées des ouvrages d’autres grands écrivains comme par exemple : «Un jour je m’en irais sans avoir tout dit» ou «Comme un chant d’espérance». Ce n’est pas merveilleux comme titres ça?

*Les Titres de vos romans semblent être révélateurs de vos origines, surtout « On n’oublie pas ses racines» ou encore «Voyage en terre d’avenir». Est-ce cela?
**Il y a effectivement un peu de ça ! Je suis d’origine villageoise et la vie au village m’inspire beaucoup. J’aimerais la faire découvrir aux jeunes, surtout à ceux qui sont nés en ville et qui y ont toujours vécu. La vie au village est souvent passionnante. Elle est d’ailleurs toute une école de la vie. Dès l’âge de dix ans, on se sent indépendant. On lave soi-même ses vêtements, on va à la pèche, à la chasse, on peut marcher pendant plusieurs kilomètres pour aller à l’école dans un autre village etc. J’aborde aussi la question de l’amélioration des conditions de vie des villageois, c’est-à-dire la modernisation du village, le rôle que doivent jouer en retour les intellectuels et cadres originaires desdits villages etc. Donc vous avez raison quand vous épinglez cet aspect dans mes livres.

*Où peut-on acheter vos livres?
**Tous mes cinq romans ont été publiés par les éditions L’Harmattan. Elle a une représentation ici au Congo, précisément à Brazzaville. Ceux qui désirent les acheter peuvent s’y rendre. Ils sont disponibles. En cas de rupture de stocks, l’édition passera la commande sur leur demande. Ils peuvent aussi les acheter directement sur la page internet de L’Harmattan. Néanmoins, si vous tapez « Les livres d’Emmanuel Ebolo Iyendza » sur google, vous pouvez aussi vous en procurer.

*On dit que les Africains ne lisent pas. Quel est votre avis?
**Je trouve que c’est un mauvais procès qu’on fait aux intellectuels africains. Je crois que tout est question de pouvoir d’achat. Ensuite, il y a un problème de diffusion, j’aurais pu dire, un problème de distribution et de communication, c’est-à-dire un problème de promotion et de publicité ainsi que de disponibilité du livre. On compte combien de bibliothèques et de librairies dans les villes africaines, surtout en dehors de la capitale du pays? Ce sont là les lieux par excellence de distribution des livres. Sur ce plan, nous avons encore beaucoup de faiblesse que nous devons combler ensemble. Je crois que c’est possible surtout pour nos enfants et nos écrivains. C’est sur cette note d’optimisme que nous terminons notre entretien. Merci beaucoup pour cette opportunité que vous m’avez donnée.

Propos recueillis par
La Réadaction

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