L’Equipe de Recherche des Littératures Française et Francophone (Erliff) de la Formation doctorale Espaces littéraires, linguistiques et culturels (Ellic) de la Faculté des Lettres, Arts et Sciences Humaines (Flash) de l’Université Marien Ngouabi (Umng) a organisé vendredi 21 février 2025, une Journée d’études sur les «Littératures française et francophone, pour une lecture culturelle bantu: médiations, légitimations, méthodes»
En partant des Cultural Studies britanniques, une théorie culturelle développée au sein du Center for Contemporary Cultural Studies (CCCS) de Birmingham en1964 et en considérant différentes évolutions des études culturelles, les membres de l’Erliff ont posé les jalons d’une théorie culturelle bantu, les Bantu Cultural Studies comprise comme théorie d’interprétation des œuvres littéraires en partant d’une vision bantu du monde. Conduits par le Professeur Omer Massoumou, ces membres organisent cette journée après les séminaires doctoraux animés au cours de l’année universitaire 2023-2024.
La Journée d’études a finalement eu lieu au Campus Numérique Francophone Cneuf de Brazzaville de 09h30 à 17h45. Elle a bénéficié des équipements du Campus numérique pour un déroulement des séances en présentiel et en distanciel. En dehors des cérémonies d’ouverture et de clôture, la JE a compté trois panels et une table ronde et a impliqué plus d’une soixantaine d’enseignants-chercheurs et de mastérants et doctorants.
Pour la cérémonie d’ouverture, deux allocutions ont été prononcées. La première était celle du Pr Omer Massoumou, responsable de l’ERLIFF qui, après avoir rappelé la date initiale prévue (15 novembre 2024) pour la tenue de la JE, s’est réjoui de l’organisation effective de la journée et a présenté le contexte scientifique de la rencontre scientifique de ce vendredi. Il a souhaité la bienvenue au Campus numérique francophone aux différents participants à la Journée. La seconde allocution était celle du Pr Arsène Elongo, Vice-doyen de la Faculté des lettres, arts et sciences humaines. Ce dernier a noté l’importance d’une Journée d’études sur les études culturelles dans les littératures bantu. Il a plébiscité l’initiative et a ouvert les travaux de la Journée d’études.
Animé par le Pr Arsène Elongo, le premier panel a enregistré 4 communications (la deuxième communication a été faite en ligne): (i) «Vers des Bantu Cultral Studies, un enjeu herméneutique» par Omer Massoumou (Professeur titulaire de littérature française, UMNG, Congo); (ii) «Doublement et dédoublement dans la tradition Kongo: analyse de l’imaginaire social à partir du roman Mémoires de Porc-épic d’Alain Mabanckou» par Brice Arsène Mankou (Pr de Sciences Politiques, Reims /Université de Rouen Normandie); (iii) «Territorialité et Cultural Studies! variations théoriques dans Photos de groupe au bord du fleuve d’Emmanuel Dongola» par Simbo Apekou Epozas (Maître-assistant de littérature francophone, université Marien Ngouabi, Congo) et (iv) «Littérature et anthropologie: une lecture de l’Afrique à travers Les Soleils des indépendances d’Ahmadou Kourouma» par Patric Itoua (Maître-assistant de littérature française, francophone et comparée, université Marien Ngouabi, Congo). Si la première communication a présenté les prolégomènes théoriques des Bantu Cultural Studies, les trois autres communications ont étudié des cas de constructions narratives mettant en exergue les formes d’identité, les rapports à l’espace et à la culture bantu.
Le deuxième panel a été animé par Mme Aimée Noëlle Gomas et a aussi enregistré 4 interventions: (i) «Femmes et ruptures culturelles dans Photos de groupe au bord du fleuve d’Emmanuel Dongala» par Madame Laititia Fleurette Selenguende Dzongo (Maître-assistante de littérature francophone, université Marien Ngouabi, Congo); (ii) «Les représentations culturelles des lieux dans Gahi ou l’affaire autochtone d’Henri Djombo» par Macyval Mbou Tsamana (Docteur de littérature française, enseignant-chercheur à la Flash, UMNG); (iii) «Expérience du déracinement dans L’Aventure ambiguë de Cheikh Hamidou Kane» par Dieu-merci Koudinga Niamba (Docteur de littérature française, enseignant-chercheur à la Flash, UMNG) et (iv) «Le recyclage culturel comme vecteur de la «bantuité» dans La bouche de la lettre de Bernard Tchibambelela» par Guy Armand Mampassi, (Docteur, enseignant-chercheur à la Flash, Université Marien Ngouabi). Les communications de ce panel ont proposé des lectures illustratives du rapport aux lieux à partir des considérations culturelles bantu. La pluridisciplinarité propre aux études culturelles a permis aux communicants de considérer l’imaginaire bantu à partir de plusieurs postures théoriques comme la sémiotique, la mésologie, l’intertextualité et l’interculturalité.
Le panel 3 a été animé par M. Rony Dévyllers Yala-Kouandzi (maître de conférences de littérature francophone, ELLIC, FLASH). Ce panel a également compté quatre communications. Malheureusement l’intervenant Vincent Innocents Mbassi qui devrait intervenir depuis Dschang au Cameroun n’a pas pu être contacté. Ainsi sa communication sur «Les genres oraux des peuples Manguissa du Cameroun» n’a pas pu être suivie. La deuxième communication prévue était celle de Mme Gloria Titiane Bakala (Dre de littérature française Enseignante-chercheuse, FLASH, UMNG). Elle portait sur «Petit pays de Gaël Faye: métissage et écriture bantu». Mme Ninelle Balenda-Bakedimio (Doctorante de littérature française ELLIC, FLASH, UMNG) a prononcé la quatrième communication sur «Intertextualité et interculturalité, travail d’écriture dans L’Anté peuple de Sony Labou Tansi» et M. Othon-Chrysostome Miatékéla (Dr de langue française Enseignant-chercheur à la FLASH, UMNG) a prononcé la quatrième communication sur «Métaphorité et culturalité dans le discours poétique francophone». Ce panel a fait une lecture des formes narratives déterminées par la culture bantu. La perception des formes de métissage, les transactions génériques et la figuration métaphorique ont été lues à partir d’une posture bantu. Ce troisième panel s’est terminé par une discussion sur les Bantu Cultural Studies comme une théorie nouvelle ou comme une pratique théorique bien ancienne. Cette discussion a permis d’enchaîner avec les problématiques inscrites à la table ronde.
M. Rony Dévyllers Yala-Kouandzi a été invité à poursuivre la modération de la table ronde pour laquelle la parole était accordée aux écrivains pour présenter leur point de vue sur le sujet. Cette table ronde a connu les interventions des écrivains Jean-Blaise Bilombo Samba et Sauve-Gérard Ngoma Malanda. Les échanges étaient organisés autour des deux aspects ci-après: «La Culture bantu: considérations scripturales et considérations de lectures» et «Les genres de discours dans les cultures bantu, (proverbes, contes, légende, palabres, devinettes, chants, parenté à plaisanterie), quelles prises en charge dans les écritures littéraires?»
Après un échange fructueux avec les participants, la table ronde a permis de reconnaître la double dynamique chez les deux écrivains dans leur création: dynamique de culture universaliste et dynamique de préservation d’un fonds culturel bantu. Des lectures d’extraits de livres ont permis de corroborer la présence des référents culturels kongo ou bantu.
La cérémonie de clôture est intervenue tout de suite après la table ronde. C’est le responsable de l’ERLIFF, le Pr Omer Massoumou, qui a dit le mot de la fin. Il a invité les communicants à relire leur texte en vue des actes de la journée à publier. Il a envisagé aussi l’organisation d’une autre journée d’études pour poursuivre la réflexion sur les postures théoriques à élaborer. Il a clos la Journée d’études.
Avec cette Journée d’études, la Formation doctorale ELLIC, coordonnée par le Pr Anatole Mbanga, donne une réponse sur les problématiques de la culture et du développement national. C’est une démarche de mise en avant de la sensibilité bantu dans la lecture des œuvres littéraires et de tout discours.
Par Simbo Apekou Epozas, Guy Armand Mampassi
et Omer Massoumou