Juriste et écrivain congolais, Richard Ossoma-Lesmois a fait de la lutte contre la drépanocytose un engagement humaniste, né de son ouvrage: «Stigmatisée, Drépa saute la vie: Réussir sa vie malgré la drépanocytose». Un livre de 96 pages, paru le l’an dernier, aux Editions «Les Impliqués Editeur», branche des éditions L’Harmattan, dans la catégorie roman de société, actualité-santé, consacré à la drépanocytose à l’Est du Cameroun.

Dans ce roman, le juriste et écrivain congolais Richard Ossoma-Lesmois relate combien dans la région Est du Cameroun, la drépanocytose est mal vécue par les populations. Les habitants des villes de Batouri, Bertoua, Ayos, villages situés à 400km de la capitale Yaoundé, assimilent la maladie à une malédiction des sorciers contre une descendance peu respectueuse des coutumes ancestrales. Une méconnaissance de cette maladie héréditaire due à la malformation génétique de l’hémoglobine.
L’auteur raconte le quotidien pathétique d’une fille drépanocytaire dans la ville de Batouri, qui doit sa survie à l’intervention d’une association humanitaire. Laquelle réussit son évacuation sanitaire en France pour une prise en charge adéquate et continue.
Stigmatisée et humiliée comme enfant de malheur par le fait de la maladie qu’elle portait, l’adolescente échappe à une mort certaine à cause de ce handicap.
Une vie de solitude qui plonge très souvent les personnes drépanocytaires dans l’anxiété. Les multiples humiliations, voire les maltraitances auxquelles ils font face sont leur lot quotidien.
En se référant à la psychopathologie de la maltraitance, la thèse du risque élevé de mauvais traitements chez les enfants porteurs d’un handicap a été largement soutenue par les chercheurs.
Parfois stigmatisés comme enfants du malheur, la croyance qu’ils peuvent être dangereux, complique leur prise en charge soutenue, d’autant que celle-ci est onéreuse et assujettissante dans un milieu miné par la misère et la pauvreté, sans sécurité sociale. Tout cela peut mettre le groupe familial en état de crise.
Le juriste et écrivain, auteur de plusieurs ouvrages, est un fervent défenseur des valeurs morales dans la société humaine.
Un des obstacles majeurs à une meilleure santé des enfants drépanocytaires est la méconnaissance de la maladie qui entraîne un manque de prise en charge précoce. Connaître la drépanocytose, c’est améliorer la santé de l’enfant à l’aide de traitements préventifs.
Richard Ossoma-Lesmois brise une manière de voir les choses et devient davantage la voix des sans-voix, utilisant sa plume pour contribuer au bonheur des plus vulnérables, des humiliés: les drépanocytaires.
Il convient de souligner qu’en Afrique centrale, cette maladie héréditaire affecte environ 40/% des habitants. En République du Congo, la drépanocytose touche 28% de la population. Selon une étude menée entre novembre 2019 et avril 2020, la prévalence du trait drépanocytaire reste stationnaire dans le pays. Mais la forme sévère est en nette augmentation.
Par ailleurs, la coopération Sud-Sud pour la prise en charge des personnes affectées se développe, comme en témoigne la multiplication des Centres de recherche et de référence de la drépanocytose à Madagascar, au Tchad, en République démocratique du Congo, au Congo.
La drépanocytose représente, à la fois, un fait biologique et un phénomène social qui est construit par les acteurs sociaux. A l’instar des pouvoirs publics, médecins, généticiens, malades, entourage familial, personnel éducatif. En cela, la cause que la drépanocytose résulte d’une construction sociale. Plusieurs raisons l’expliquent. D’abord, parce que la maladie devient un support d’interprétations. La drépanocytose détermine pour les uns et les autres des différences de points de vue et de lignes d’action, des théories différentes de l’hérédité et de l’identité. Ensuite, l’existence de la pathologie révèle quelques préjugés inquiétants, des pratiques de solidarité ou des discriminations, des stratégies de prise en charge ou de dissimulation. La drépanocytose engage le malade dans des processus de socialisation identitaire ou de réinsertion sociale.
Avec un style accessible à tous, Richard Ossoma-Lesmois, dans son roman, incite chacun, selon ses moyens ou son rang social, à être militant des droits des drépanocytaires qui sont des êtres humains. A ce titre, ils méritent considération, respect, soutien et amour sincère.
La dignité humaine étant un principe matriciel au fondement des sociétés contemporaines et africaines, l’auteur, dans son ouvrage, met un accent particulier sur le respect scrupuleux de celle-ci; qu’importent les appartenances. Car la seule intelligence qui vaille la peine, c’est celle qui permet de se mettre à la place de l’autre, de ressentir ce qu’il ressent sous la douleur et l’humiliation.
Né le 30 décembre 1976 à Macouria (Guyane française), Richard Ossoma-Lesmois réside en France. Il est juriste de formation, auteur de nombreux ouvrages (romans, théâtre, essais).
A travers son écriture, il s’intéresse aux valeurs fondamentales de la famille, à l’évolution des sociétés contemporaines et africaines, et au brassage des cultures.

A.G.NGOUMA