La ministre française des Armées, Florence Parly effectue une visite à Bamako depuis mercredi 31 mars 2021. Elle séjourne dans ce pays pendant qu’un rapport de l’ONU met en cause l’armée française dans la frappe de Bounti. En effet, la ministre française des Armées est arrivée au Mali dans le cadre du renforcement de la lutte contre le terrorisme.
Florence Parly est accompagnée de ses homologues estonien et tchèque, dont les pays sont comme la France membres de la Force Takuba qui regroupe également des militaires suédois. Un détachement italien est sur le point d’intégrer le groupe. Ces unités de Forces spéciales européennes au Sahel ont déjà mené dans le Nord du Mali une vingtaine d’opérations, entre autres, avec les troupes maliennes.
Les trois ministres effectueront également une visite de terrain pour encourager leurs troupes. Celles-ci ont aussi pour mission d’appuyer le déploiement des services de base et des services publics de l’Etat dans les zones les plus isolées, afin de rapprocher l’administration des administrés. La délégation rencontrera aussi dans la capitale malienne des responsables de l’Etat, parmi lesquels, le président malien de transition, son vice-président le colonel Assimi Goïta, ainsi que le ministre de la Défense. De nombreux analystes se demandent si le rapport de l’ONU sur la frappe française dans le village malien de Bounti sera évoqué.
Au Mali, la polémique continue suite à la publication du rapport des Nations unies affirmant que les frappes de l’armée française ont visé un mariage et qu’au moins 19 civils ont été tués. La force Barkhane maintient sa version initiale, et affirme que la frappe a bien visé un groupe jihadiste sur la base de renseignements solides. S’agissant de cette question, Paris et Bamako sont pratiquement sur la même longueur d’onde. Peu après l’intervention de Barkhane, dans ce village malien de Bounti, l’armée malienne appuyait la version française. Ce sont bien des jihadistes qui ont été visés. La ministre française défendra donc ici cette version des faits.
Nous avons un rapport de l’ONU, auquel nous avons d’ailleurs contribué, qui n’avance aucune preuve, que des témoignages. Des témoignages dont on ne connaît pas l’origine et dont on ne connaît pas les conditions dans lesquelles ils ont été recueillis, en particulier si les personnes qui ont témoigné ont une allégeance à des groupes terroristes ou des puissances étrangères. Mais le rapport de la division des droits de l’homme de l’ONU dit autre chose. Pour l’ONU, «ce sont essentiellement des civils qui ont été tués le 3 janvier dernier dans la frappe de Barkhane près de Bounti». Le porte-parole d’Antonio Guterres, secrétaire général des Nations unies, fait part de ses préoccupations sur le respect du principe de précaution. A Paris, le ministère français de la Défense et l’armée maintiennent que Barkhane a frappé des terroristes.

A.-P. MASSAMBA