La nouvelle de la mort de Ignace Mpoyi Kanyinga (plus connu sous son nom d’artiste de Djo Mpoy) avait plongé les milieux de la musique du Congo, ainsi que le grand public, dans une profonde consternation. Bien qu’attendue depuis des semaines, après de fausses annonces. L’un des meilleurs ténors que l’O.K. Jazz ait jamais eus durant son existence. Après une longue maladie, il nous a quitté, le 19 septembre 1993 à 5 heures du matin, dans une salle de l’hôpital Mama Yemo (actuel hôpital général de Kinshasa). Né le 23 septembre 1954, Djo Mpoy est mort à fleur de l’âge, à 39 ans. Il était marié et père de six enfants.

Il intégra vers les années 1975-1976, l’orchestre Lovy du Zaire dirigé par Vicky Longomba, où il côtoya Diatho Lukoki. Il avait été recruté en 1979 par l’O.K. Jazz. A cette époque, Sam Mangwana, interprète attitré de Lutumba Ndomanweno dit ‘’Simaro-Masiya’’, venait de quitter l’orchestre en y laissant un vide que personne ne pensait pouvoir combler dans l’immédiat. A cela, il faut aussi évoquer le départ de Youlou Mabiala qui avait décidé de regagner Brazzaville. C’est donc à ce chanteur que Franco fait appel lorsque son orchestre fut déserté. Au milieu des années 80, il avait quitté l’O.K Jazz pour s’installer à Abidjan en Côte d’Ivoire, pour y poursuivre sa carrière musicale, avec son collègue Diatho Lukoki qui vient denous quitter, il y a quelques semaines. Ensemble, ils avaient produit l’album ‘’Ba patrons’’.
Décrivant l’artiste, notre collègue feu Sylvain Bemba écrivit: ‘’Djo Mpoy ne tarda pas à s’imposer comme le nouveau joker de l’ensemble du grand maître Luambo Makiadi dit ‘’Franco’’, avec des titres comme: ‘’Mbongo’’, la première chanson qu’il interpréta; ‘’Kadima’’; ‘’Mamba’’; ‘’Célio’’; ‘’Pablo’’; ‘’Adieu Franco’’, etc. Autant de titres irradiés par le talent hors-pair, en solo comme en duo, de celui qui est admis comme étant l’une des vraies figures exceptionnelles de la musique congolaise. Beau gosse, avec une prestance attirant tous les regards, Djo comme on l’appelait familièrement, fut un phénomène vocal. Douée d’une fausse fragilité, sa voix ne se cassait à une certaine hauteur que pour mieux rebondir comme par une sorte de miracle’’.
Géant par le talent, ‘’le jeune chanteur était malheureusement de santé fragile. Une première attaque d’hémiplégie avait laissé quelques séquelles sur le côté gauche de son visage, la seconde intervenue près de dix ans plus tard aura été fatale à ce messager du rêve et de l’émotion. Après avoir côtoyé, tutoyé la mort sans jamais oublier de chanter la sienne propre par anticipation, Djo Mpoy a donc fini par rencontrer celle qu’il n’a jamais perdue de vue’’.
Erick Mpoyi, son fils, est depuis quelques années, en train de perpétuer le nom de son père, avec un groupe des jeunes. Il tient un groupe d’interprétation qui revisite les chansons interprétées par son père et, de façon générale, tous les tubes à succès de l’O.K. Jazz et de la musique congolaise.

Alain-Patrick MASSAMBA