Dix ans déjà et les sinistrés attendent toujours! Cette année, le 3 mars, beaucoup de Congolais auront les oreilles tendues vers Owando où va se dérouler la concertation du Parti congolais du travail (PCT) avec certains partis politiques adoubés de quelques individualités, tous sélectionnés par le gouvernement, pour préparer les prochaines élections législatives. Comme depuis la tragédie du 4 mars, c’est à la même période en 2016 et en 2021 que le gouvernement choisit d’organiser des élections ou des concertations. Cette période a-t-elle une signification autre pour les planificateurs de ces manifestations ou une simple coïncidence ou occurrence?

Pour les victimes du 4 mars 2012, cette date représente la grande et terrible tragédie qui a emporté des milliers de vies et briser d’autres vies de ceux qui vivent sous des hangars ou dans des décombres. Dix ans se sont déjà écoulés et toutes les promesses ont été vaines ou honorées à moitié. Le champ des responsabilités des autorités politiques, administratives et militaires n’a jamais été défini.
La tragédie du 4 mars 2012 a pourtant causé la mort et la disparition de plusieurs centaines de Congolais et la destruction des biens, meubles et immobiliers dans les quartiers nord de Brazzaville. Elle restera à jamais gravée dans la mémoire collective des Congolais comme un grand malheur et non comme une occasion de festoyer et de se pavaner comme c’est le cas pendant les campagnes électorales ou les concertations politiques.
Certains se souviennent d’avoir échappé miraculeusement à la mort. Tous vivent dans l’évocation de la douleur, la souffrance, la misère, l’abandon.
Depuis le départ du colonisateur français du territoire congolais en 1960, aucun accident d’une aussi grande ampleur au plan des désastres subis au niveau matériel et humain n’avait encore été constaté dans le pays. Ce qui est arrivé le 4 mars 2012 dans les quartiers de Mpila, Ouenzé et Talangaï est tout simplement inqualifiable.
Les responsabilités relevant de la catastrophe de Mpila s’étalent sur toute la chaîne de gouvernance du pays. Le champ des responsabilités doit circonscrire le cercle de toutes les autorités intéressées par les questions d’armement et de sécurité nationale.
Quand les «concertateurs» d’Owando se partageront la rançon des concertations, qu’ils aient ces victimes du 4 mars à l’esprit. Prions pour les morts et pensons à ceux qui souffrent encore! Pensons à ceux qui sont cloîtrés dans leurs maisons parce que handicapés depuis ce 4 mars 2012! Pensons aux sinistrés qui dorment à la belle étoile ou sous des hangars de fortune, exposés aux intempéries, ceux qui ont quitté leurs domiciles pour aller louer sans espoir de revenir parce qu’incapables de reconstruire leur maison détruite par les explosions, ceux qui ne croient plus aux promesses…
Le mois de mars, c’est aussi le mois de la femme et de la famille. Ces familles que l’on a disloquées à volonté le 4 mars 2012.
N’oublions pas la souffrance de ces populations meurtries, abandonnées sur les routes de la misère! Ces populations qui continuent de vivre dans la douleur et le deuil. Les peuples eux ne parlent pas. Ils écoutent et souffrent en silence. Ils savent que les promesses n’engagent que ceux qui veulent bien y croire mais pas ceux qui les égrènent.

Gustave ZOULA PANA