L’Eglise a commémoré le 27 avril dernier, la canonisation des Papes Jean XXIII et Jean-Paul II. Deux Souverains pontifes, le premier, fils d’Italie, le Cardinal Angelo Roncalli, a connu un règne plutôt court (1958-1963), et le second, venu de Pologne, le Cardinal Karol Wojtyla a eu l’un des pontificats le plus long (1978-2005). Ils avaient été élevés à la sainteté Place Saint-Pierre de Rome par leur successeur le Pape François, 266e Souverain pontife, en présence du Pape émérite Benoît XVI. Ce jour-là, un fait historique inédit, jamais vécu auparavant avait marqué la vie de l’Eglise: deux Papes canonisés en présence de deux Papes vivants. C’est symbolique.
La double canonisation des deux Papes avait connu la participation de plus de huit cent mille pèlerins venus de 98 pays et organisations internationales, dont les dirigeants du monde. C’était en la fête de la Divine miséricorde, célébrée le deuxième dimanche de Pâques, fête instituée par le Pape Jean-Paul II.
Connu pour son immense travail dans le cadre de la justice et la paix, le Pape Jean XXIII, fut élu à 76 ans, le 28 octobre 1958. Il accède au siège pétrinien après le long pontificat (1939-1958) de son prédécesseur Pie XII. Patriarche de Venise, il est perçu jusque-là par les autres cardinaux comme un vieil homme débonnaire et peu charismatique. Moins de trois mois après son élection, Jean XXIII annonce la convocation du Concile Vatican II, pour «discerner les signes des temps». Ce grand rassemblement œcuménique ayant débouché sur d’importantes réformes qui ont révolutionné de fond en comble l’Eglise, est certainement, le plus grand héritage qu’il a légué à la postérité. Ne l’ayant pas clôturé, le Concile fut poursuivi et conduit jusqu’à terme par son successeur le Pape Paul VI (Cardinal Jean-Baptiste Montini).
A travers la convocation de ce Concile, le successeur de Pierre sent en effet une nécessité pour l’Eglise de renouer avec le reste du monde. Outre le Concile, Jean XXIII annonce le même jour un synode pour le diocèse de Rome, ce qui n’était plus arrivé depuis six siècles, et une réforme du droit canonique. Auparavant, il avait déjà créé la surprise en nommant de nouveaux cardinaux, un mois et demi seulement après son couronnement. Sur le plan politique, il est l’artisan du dégel des relations entre le Saint-Siège et l’Union des Républiques socialistes soviétiques (URSS). Son pontificat a été court mais visionnaire. Et lui-même était considéré comme un «pape de transition».
Le Pape Jean-Paul II quant à lui, a été le pape de tous. Il a, lui aussi, abattu un énorme travail pour la paix, la justice et l’unité ou le rapprochement des peuples, et a même fait la promotion de la civilisation, voire l’évangile de l’amour. C’était un grand ami des jeunes à qui il a légué le rassemblement planétaire des Journées mondiales de la jeunesse (JMJ). Il les appelait affectueusement les «sentinelles du matin».
«Santo subito» (saint tout de suite), le premier Pape non italien a été déclaré bienheureux par son successeur le Pape Benoît XVI, le dimanche 1er mai 2011, au cours d’une cérémonie qui avait rassemblé un million de pèlerins Place Saint-Pierre de Rome, venus des cinq continents. C’était le deuxième dimanche de Pâques, appelé dimanche de la Divine miséricorde.
Sa parole épiscopale «Totus tuus» renferme la vocation universelle des chrétiens à la sainteté et le rôle irremplaçable des laïcs dans l’Eglise. Sa compassion était débordante, ainsi que son amour du prochain et sa dévotion à la Mère de Dieu, qu’il vénérait dans une confiance totale.
Son respect pour la dignité humaine l’a conduit dans tous les quatre coins du globe, à la rencontre de tous les peuples. Son message de réconciliation entre les Eglises chrétiennes a eu un grand retentissement. Et son amour filial et avéré pour les jeunes a débouché sur la création, en 1984 des JMJ, la convocation des différents synodes à Rome, l’érection des diocèses et la nomination des évêques, la création des provinces ecclésiastiques en Italie et dans le reste du monde, la publication en 1992 du Catéchisme de l’Eglise catholique.
2021 marque ainsi le 7e anniversaire de la canonisation des deux papes.

Aristide Ghislain NGOUMA