Après avoir pris possession canonique du siège métropolitain de Brazzaville, le dimanche 21 novembre 2021, Mgr Bienvenu Manamika Bafouakouahou, archevêque de Brazzaville, a livré son premier message de Noël et du Nouvel An dans lequel il affirme: «Dans l’Eglise au-delà des fonctions, des nominations ou des statuts, il y a des femmes et des hommes d’histoires et de visions diverses qui, unis dans le Christ par le baptême, ont le devoir de proclamer la même foi, de partager la même espérance et de vivre dans la charité.» Ci-dessous l’intégralité de ce message.

Monseigneur l’Archevêque de Brazzaville Aux Prêtres, Consacrés et Fidèles Laïcs de l’Archidiocèse de Brazzaville

Message de Noël et du Nouvel An

Diocésaines et Diocésains de Brazzaville,
«Que le Dieu de la Paix soit avec vous»!
Présent au milieu de vous depuis une année et quelques mois comme coadjuteur, puis comme votre Archevêque, depuis un mois, grande est ma joie de m’adresser à vous à travers nos médias. Avant tout, j’aimerais dire merci au Saint Père, le Pape François qui m’a fait confiance en me mettant au service de la circonscription ecclésiastique de Brazzaville, dans laquelle j’ai la joie de retrouver en province ecclésiastique, mes frères dans l’épiscopat, Messeigneurs Urbain Ngassongo, Evêque de Gamboma, et Ildevert Mathurin Mouanga, Evêque de Kinkala.
Je voudrais dire merci au Président de la République qui, par l’assouplissement de quelques mesures liées à la lutte contre le coronavirus, permet à nos communautés chrétiennes de mieux vivre la Noël, malgré la menace encore présente de la pandémie et de ses nombreux variants.
A chacune et à chacun de vous aussi, sœurs et frères, puis à l’ensemble de la communauté diocésaine de Brazzaville, je dis merci pour l’amour, l’accueil et l’hospitalité que je reçois sans cesse de vous depuis la date de ma nomination comme coadjuteur, jusqu’au jour de mon installation à la charge pastorale d’archevêque de Brazzaville. Humblement je vous exprime ma reconnaissance devant de tels encouragements qui sont, à mes yeux, révélateurs d’un enthousiasme positif qui va motiver la marche que nous entamons ensemble dans ce beau et immense Diocèse.
Parlant de notre marche diocésaine, j’ai initié une série de rencontres avec les paroisses, les commissions et quelques individualités. Rassurez-vous, c’est ainsi que je vais procéder pour recueillir vos avis, vos souhaits, vos propositions pour l’avenir. Je vous annonce aussi officiellement que toutes ces consultations seront couronnées par le grand rassemblement à Brazzaville de tous nos prêtres, en mission au Diocèse ou à l’étranger, du 26 juin au 3 juillet 2022. D’ores et déjà, j’invite toute la communauté diocésaine à porter cet événement dans la prière, car là se jouera la vision que nous voulons pour notre Diocèse durant les cinq prochaines années, précisément de 2023 à 2028.
En outre, des contacts que j’ai déjà eus avec un certain nombre d’entre vous m’ont révélés votre désir profond d’avancer. Il n’y a aucun doute, je suis dans la même dynamique que vous, nous devons avancer. Mais comment? A mon humble avis c’est en étant Un, un seul peuple de bien, une même famille. Car au-delà de nos sensibilités personnelles, nous demeurons «le troupeau d’un même bercail dont le Christ est l’entrée unique et nécessaire. Ce bercail, c’est l’Eglise que nous formons et qui, quoiqu’ayant à sa tête des pasteurs humains, reste continuellement conduite et nourrie par le Christ Lui-même, Bon Pasteur et Prince des pasteurs, qui a donné sa vie pour ses brebis». (Cf. Catéchisme de l’Eglise Catholique, n°754). Dans l’Eglise au-delà des fonctions, des nominations ou des statuts, il y a des femmes et des hommes d’histoires et de visions diverses qui, unis dans le Christ par le baptême, ont le devoir de proclamer la même foi, de partager la même espérance et de vivre dans la charité. L’Eglise animée par le zèle évangélique, œuvrant pour le don de la foi, par le témoignage et la communion de ses membres, telle est l’Eglise que beaucoup parmi vous veulent retrouver à Brazzaville. Telle est aussi l’Eglise que j’espère de tout mon cœur.
C’est dire qu’il est impérieux pour Nous tous, prêtres, consacrés et laïcs, de penser à l’Archidiocèse de Brazzaville, de penser ensemble à la marche d’ensemble, de penser intérêt commun, de penser grand pour tous. C’est ici l’occasion pour moi de rendre un vibrant hommage à mon prédécesseur, Mgr Anatole Milandou, qui, à travers le thème choisi: «Ensemble, ils mettaient tout en commun» (Ac 2, 44) a préparé notre conscience diocésaine à entrer dans la dynamique de l’Eglise Universelle voulue par le Pape François, à savoir: la Synodalité. Je suis heureux de poursuivre cette communion, non pas seul, mais avec la collaboration de chacune et chacun de vous. C’est la route de notre affermissement. Il est vrai que la route qui nous mènera à cet affermissement sera peut-être longue à parcourir. Pourtant j’ai la ferme assurance qu’en ayant une passion pure pour notre Diocèse, elle se fera aussi vite que prévue. Alors, chrétiens de Brazzaville, aimez tout simplement votre Diocèse avec ambitions. Quant à moi, je crois en vous, comme j’espère que vous croyez également en moi. Pour vous comme pour moi, implorons le secours de la Vierge Marie, Notre-Dame du Congo, pour pouvoir répondre présents à notre vocation.
Je ne saurai terminer ce message, sans évoquer le Mystère que nous allons célébrer dans quelques heures.
Chers sœurs et frères, ce soir ou cette nuit, le monde chrétien va célébrer dans la foi, le mystère de la venue de Dieu dans notre humanité. Il nous faut collaborer à cette venue pour qu’effectivement ce Dieu trouve une demeure en nous et parmi nous. Ainsi, au milieu de nos feux d’artifices, des présents que nous nous offrirons, il y a lieu de ne pas oublier l’essentiel de Noël. Cet essentiel, c’est la réalité de la Rencontre. A Noël, dans le Petit Enfant de la crèche, c’est Dieu qui vient à notre rencontre. Il vient rencontrer notre histoire, laquelle est faite de joies et de peines. En retour, Dieu attend de nous aussi que nous partagions les fruits de la joie de sa venue avec d’autres. Il nous faut alors sortir de la crèche, après avoir vu et adoré l’Enfant Jésus. Sortir, pour aller à la rencontre de nos frères et sœurs. Aller au-devant des personnes seules, démunies, perdues dans l’obscurité de la misère, du mépris, des injustices et des fausses accusations.
L’Emmanuel nous envoie en mission afin de redonner du sourire à beaucoup de nos voisins et de nos voisines qui vont passer ces moments de joie dans la tristesse, parce que n’ayant rien à s’offrir ou à offrir à leurs enfants. Soyons sensibles et faisons l’effort d’être proches des autres, surtout de toute personne n’ayant plus la force du corps et le courage d’esprit pour chanter Noël. Puisse Noël nous ouvrir les voies de l’attention aux autres, pour qu’eux aussi se sentent aimés, comme nous allons, en cette nuit, ressentir la joie d’être aimés de Dieu, dans l’envoi de son Unique Fils (Jn 3,16).
Chers frères prêtres, chers consacrés, fidèles laïcs de notre Église locale de Brazzaville, parce que Noël est aussi cette belle fête de l’espérance, parce qu’elle est aussi la célébration d’un renouveau et d’un renouvellement apportés dans et par la personne de l’Enfant Jésus, rameau de Justice, que je me permets de reprendre à mon compte ces mots de Saint Pierre dans sa deuxième épître: «ce que nous attendons, c’est un ciel nouveau et une terre nouvelle où résidera la justice» 2 Pierre 3, 13.
Comme famille diocésaine, nous attendons une terre nouvelle qui aura pour particule identitaire la justice. Et les Ecritures Saintes nous renseignent précisément que le fruit de la justice, c’est la paix. Oui, amour et vérité se rencontrent, justice et paix s’embrassent ! (Ps 84).
Justice et Paix seront donc les caractéristiques de cette terre nouvelle que nous attendons. Mais attention, il ne s’agit pas d’attendre ou de rêver d’une nouvelle terre, d’un nouveau diocèse qui nous viendraient d’ailleurs, préconçus mais plutôt d’apprendre à transformer cette terre, c’est-à-dire notre diocèse, où nous nous trouvons déjà.
A la vérité, il nous faut sans cesse imaginer et inventer l’éclosion d’un jardin nouveau où fleurissent l’amour, la paix, la joie, la justice, le pardon, la réconciliation etc. Oui, frères et sœurs, nous en sommes capables pourvu que chacun fasse de son cœur un petit jardin où poussent des fleurs et non pas une broussaille qui héberge des mauvaises herbes, des ronces qui ont pour noms la haine, le désir de vengeance, le rejet des autres, la rancune, la médisance, l’orgueil etc. Il s’agit pour notre Archidiocèse de bâtir une terre nouvelle, une Eglise nouvelle où la présence des uns ne constitue pas une menace pour les autres. Mon vœu le plus cher est de voir notre bateau avancer au large, en conservant et en développant davantage tout ce qui peut contribuer à la construction de la vraie paix au milieu de nous, en élaguant les mauvaises branches de notre vie. Suis-je entrain de rêver? Peut-être ou certainement. Mais alors sœurs et frères, rêvons tous ensemble car quand un homme se met à rêver tout seul, le rêve demeure rêve mais lorsqu’une communauté se met à rêver ensemble, c’est le début de la réalité. Rêvons ensemble de ce paradis dont aimait parler mon prédécesseur Mgr Anatole Milandou.
Oui ce paradis dépend de nous. Osons raser les murs de la peur, du doute, de la tristesse et osons plutôt fabriquer ou construire des ponts qui puissent nous rapprocher dans le respect des uns et des autres. Moi je crois fermement et résolument en ce sursaut qui requiert simplement notre bonne volonté, notre disposition à avancer. Cette paix, cette justice, cette joie, cette prospérité, bref cette terre nouvelle ne nous tombera pas comme de la manne. Il nous faut tous et chacun travailler à l’avènement de cette terre nouvelle.
Enfin, notre Eglise est appelée à être considérée comme un tissu que nous devons tous tisser ensemble, chacun selon sa grâce. Et je sais profondément la grâce inouïe que nous avons dans notre diocèse d’avoir du potentiel pour l’avènement de cette terre nouvelle. Alors que la pandémie a coronavirus poursuit son chemin, avec ses multiples victimes, je vous invite à ne pas perdre votre joie, à garder intactes l’espérance et la charité que nous apporte Celui qui est venu, qui vient et qui reviendra, Jésus Christ notre Seigneur et notre frère.
Que Dieu vous bénisse et que l’année 2022 soit pour vous, et pour les personnes qui sont unies à vous par les liens de la famille, du travail, de la foi, de la vie, une année de grâce, de partage et d’amour.

Joyeux Noël et Heureuse année 2022