Profitant de son séjour à Brazzaville, Monseigneur Bernard Nsayi, évêque émérite de Nkayi, a eu un échange avec les membres de la Communauté chrétienne pour l’éducation familiale (CCEF), le 29 août 2020 au Centre interdiocésain des Œuvres (CIO). A rappeler que c’est Mgr Bernard Nsayi qui fonda la CCEF le 9 décembre 1999. Cette rencontre est comme le jeudi saint; la dernière rencontre entre Jésus et ses apôtres. «J’ai eu cette occasion de venir vous dire adieu. Je suis Bernard Nsayi, évêque émérite de Nkayi. Je vis à Rome; condamné à Rome avec la maladie. Peut-être qu’on ne se verra plus», a dit Mgr Nsayi.
Après cette introduction faite par Mgr Bernard Nsayi, a suivi la présentation de chaque participant.
Les anciens membres sont entrain de vieillir. Nombreux sont devenus des retraités. Il y a nécessité de préparer et de former les jeunes. La formation des jeunes au mariage à travers les conférences; les séminaires; la lecture est un réel défi. Cette préparation permettra de récupérer la jeunesse d’ici 2030, sinon la catastrophe nous guette, a prévenu l’évêque. Pour favoriser la lecture régulière par les jeunes, il nous faut une documentation, en particulier sur le mariage. La formation à la vie pour les jeunes est fondamentale, surtout face aux réseaux sociaux qui véhiculent des fausses idéologies comme le mariage homosexuel. La formation des adultes et des couples à leur avenir est également un enjeu. La formation reçue à l’école, bien qu’elle nous permette de travailler à la Fonction publique ou dans le privé, n’est pas suffisante pour construire notre avenir car personne d’entre nous n’est capable de formuler des objectifs pour la vie, nous ne l’avons pas fait et nous ne sommes pas capables de le faire. Or ceci est très important pour construire nos vies, nos couples. Déjà nous n’aimons plus nos villages et les activités agricoles.
Avec la COVID-19, on se rend compte que la famille est primordiale. L’éducation a été rendue possible et les familles devront continuer à exploiter ces sujets. Malheureusement, la COVID-19 a apporté de la précarité dans les familles: perte d’emplois, diminution des revenus, etc.
Après l’exposé des membres de la CCEF, Mgr Bernard Nsayi a engagé les membres de la CCEF à se faire plus proches des familles.

Témoignage sur le parrainage
«Je suis Leslie Mpama. J’ai été parrainée depuis l’âge de 12 ans, je me trouvais encore en classe de CM2. J’ai fait le collège jusqu’en classe de 3e. Après deux années d’échec au BEPC, j’ai passé le test au Centre de formation professionnelle Don Bosco. A l’issue de ce test j’ai été admise. Le premier trimestre, j’ai fait le tronc commun en métiers industriels. A partir du deuxième trimestre, j’ai été orientée en électricité bâtiment. J’ai terminé ma formation au bout de trois années de formation, en 2017, par une soutenance. C’est grâce au parrainage de la CCEF que j’ai suivi mes études. Aujourd’hui, je suis à la recherche de l’emploi.»
«Je tiens beaucoup au suivi des couples dans leur vie familiale et conjugale. Le suivi de couples recrée l’harmonie et régénère l’amour entre conjoints. Le fonctionnement institutionnel et organisationnel de la communauté devrait être aussi une priorité. Les cellules sont les organes de base de la CCEF: la critique et la transparence. Le créateur a créé deux oreilles et une bouche. Il ne faut pas que les enfants soient seulement les oreilles et les parents n’ont que la bouche. Non, les enfants et les parents doivent avoir et la bouche et les oreilles pour faciliter les échanges», a dit Mgr Nsayi.
«La CCEF est appelée à ouvrir les voies de l’espérance par la formation en mettant en place les modules de travail. La réalité aussi est que les droits des retraités devront être respectés. Comment faire pendant que les enfants sont en chômage et amènent leurs femmes et enfants dans la maison de leurs parents retraités? Sans la pension, comment allons-nous faire? Il y a aussi le problème de l’immigration. Beaucoup de personnes ont immigré et sont allées ailleurs pour espérer réussir. Mais beaucoup d’entre eux n’ont pas réussi et ont peut-être honte de revenir car les gens vont se moquer d’eux. Dès que quelqu’un revient de l’étranger, tous viennent le voir pour recevoir quelque chose. La CCEF a aussi une charge pour éduquer les gens afin de bien accueillir ceux qui rentrent de l’étranger pour leur faciliter la réinstallation. Il faut aussi réfléchir sur la place de la femme dans la société, mieux que la place du couple dans la société, pour qu’il y ait dialogue entre hommes et femmes et qu’ils s’acceptent mutuellement dans la société pour mieux vivre en couple. La CCEF fonctionne sur la base du bénévolat et vous devez aborder aussi les questions d’héritage, a souligné Mgr Bernard Nsayi. Il faut bien l’examiner car les enfants qui sont nés en premier tentent de brimer les autres enfants. Or la famille doit exister après votre mort. C’est maintenant que vous devez construire la famille pour qu’après votre mort, elle continue à exister. Vous pouvez penser à faire des testaments, mais des testaments justes, pas pour favoriser l’un et brimer les autres enfants.» «La famille étant une institution divine restera et subsistera malgré les difficultés et les divisions. Nous restons en communion et un jour nous serons en communion des saints», a souligné Mgr Nsayi.

Mathurin Dominique YANGOU