La pisciculture est une des branches de l’aquaculture, spécialisée dans l’élevage de poissons, et qui se fait en eau douce, comme en mer, dans des enceintes en dur (bassins) ou dans des cages flottantes. Son histoire connue remonte aux années 475 avant notre ère, en Chine.

Au Congo-Brazzaville, c’est en 1953 que les Français avaient créé la station piscicole de Djoumouna, dans de département du Pool. Mais en 1959, faute de moyens financiers, Djoumouna a connu le déclin total. Cet essai de pisciculture entrainera un engouement généralisé en milieu paysan. On assistera à la création de nombreux étangs, vulgairement appelés «Garde à manger» produisant des poissons destinés à l’autoconsommation.
Dans le Mayombe et plus précisément dans le district de Mvouti (département du Kouilou), la pisciculture n’a existé qu’avec l’arrivée en 1934 du colon belge, Armand Vigoureux, chercheur d’or réputé. La pisciculture se pratiquait de façon artisanale dans les trous d’anciens gisements d’or. Ces trous n’avaient pas la raison d’être appelés étangs de pisciculture pour plusieurs raisons: manque de canalisation d’eau et de dispositif de vidange puis d’alimentation; manque de compost; absence de pente interne et externe de digue; absence de l’assiette de l’étang; manque d’aliments artificiels, d’où l’abandon du poisson à la merci de la nature. L’utilisation des poissons non-adaptés (carpes locales, anguilles, poissons chats, silures) attrapés dans les rivières Loémé, Loukoula et Massouva jetés dans les trous. Le cycle de production des poissons est trop long (3 à 10 ans). L’élevage n’est pas contrôlé par les spécialistes.
Interrogé sur les difficultés rencontrées, Joseph Kifoueto du village Kipessi, à Les Saras, a affirmé: «L’éloignement des étangs du village a pour conséquence le vol, accentué par les prédateurs naturels comme les oiseaux rapaces, les serpents aquatiques, les grenouilles. Malgré notre motivation, il nous manque le matériel adapté pour bien travailler. A cela s’ajoute le manque d’esprit d’équipe, chacun travaillant pour sa famille».
Les pisciculteurs de Mvouti manquent d’objectif précis. La plupart de leurs étangs visités sont de type familial construits à des fins d’autoconsommation, alors que l’avenir de cette activité est radieux dans la zone. Le ministère de la Pêche devrait redynamiser la pisciculture déjà amorcée par les paysans volontaires par une politique d’assistance technique et la distribution des alevins, afin de lutter résolument contre le braconnage abusif et la destruction à grande échelle de la réserve de la biosphère de Dimonika (136.000 ha), créée par décret du 16 septembre 1987, et publié en mars 1988. Un patrimoine forestier important sur lequel le monde entier fonde son espoir.
Pour la petite histoire, Mvouti a été créé en 1924 par Clément Edwige, son tout premier sous-préfet. L’actuel, Joseph Ndedi, a été intronisé le 5 septembre 2021. Il est le 39e sous-préfet de ce district qui compte 33 villages et une population de 19.191 habitants. Mvouti produit de la banane (premier producteur national) et de l’or, à Dimonika. Ses forêts regorgent de diverses richesses encore inexploitées.

Equateur Denis NGUIMBI