Les auditeurs de Radio-Congo n’entendront plus Robert Enavel Apembé. Le commentateur et analyste sportif s’est éteint jeudi 9 juillet dernier à Brazzaville. Il a succombé à une crise de diabète, a indiqué sa famille. Notre ami et confrère avait 51 ans. Il est entré en journalisme après l’obtention de sa licence ès lettres en sciences et techniques de la Communication (STC). ‘’Mangé’’ par le sport depuis son enfance, il a choisi, les yeux fermés, la rédaction sportive des différents organes où il a servi.
Pour les auditeurs et téléspectateurs, Robert, c’était un gabarit imposant, une masse musculaire impressionnante et une voix rocailleuse. Il l’appelaient ‘’l’Eléphant’’ de la presse sportive.
Nous avons fait la connaissance de Robert Enavel Apembé au tout début des années 2000. Le pays se remettait peu à peu des séquelles de ses guerres successives. Le Robert de ce temps-là travaillait à Radio-Brazzaville. Il formait un trio de journalistes sportifs avec Alain-Guy Mendome et Alain Pasteur, ses deux amis de Radio Liberté. Trois jeunes gens inséparables. Ils arrivaient presqu’ensemble à tous les reportages et repartaient ensemble, après avoir récupéré les «feuillets» (ainsi désignait-il le perdiem qu’on donne aux reporters après la couverture d’une activité). Robert, particulièrement, se montrait souvent intraitable avec les attachés de presse chargés de remettre le perdiem à leurs confrères. Souvent, le partage de ce perdiem crée parfois la zizanie entre journalistes. Pas un franc ne doit disparaître indûment dans les poches du préposé au partage. Sinon, Robert «tonnait fort» ; il entrait dans une vraie fureur pour cela. Ça, c’est le Robert du début de carrière. Il était encore très jeune et bouillant. Puis, au fil des années, il s’est assagi, lui-même, désormais attaché à la communication à la Fédération congolaise de tennis de table (FCTT), devant s’occuper du déplacement de ses confrères. Il était totalement transfiguré…
Robert a intégré la Fonction publique après plusieurs années d’attente. En 2005 il est affecté à Télé-Congo. Quand il y arrive, les célébrités de la chaîne publique d’Etat sont encore là : Salomon Pangou, Fidèle Stalgar Diahomba, Louis Ngami, Nislhey Niama-Ibouili, Innocent Mavoungou (+), Steph Bakandila, Serge Fulbert Kimina-Makumbu. Ils l’accueillent à bras ouvert. Robert s’affirme et se voit récompenser en 2013, année où il est nommé chef de service en remplacement de Salomon Pangou désormais malade. Il assume cette fonction durant cinq ans. Pendant cette période, le trio d’avant va se reconstituer, Guy-Alain Mendome et Alain Pasteur l’ayant rejoint à Télé-Congo. Mais en 2017, Robert est muté contre toute attente à Radio-Congo. Il se donne un nouveau surnom : ‘’Casa Grande’’, qu’il prononce en articulant longuement chaque consonne.
Robert était un journaliste atypique. Nous l’avons surpris plusieurs fois en reportage sans stylo ni carnet de notes. Il faisait plutôt confiance à sa mémoire. Quand il trouvait nécessaire de prendre des notes, alors il demandait au voisin le plus immédiat un bout de papier et l’écritoire.
Robert a couvert plusieurs rendez-vous sportifs tant sur le plan national qu’international. Nous avons toujours eu grand plaisir à le rencontrer. C’est un confrère qui nous a souvent consulté pour revisiter les archives, celles de La Semaine Africaine, afin de ne pas se tromper sur les dates, les statistiques, les événements passés, etc.
Nous sommes triste, doublement triste, mille fois triste: cette valeur sûre de la presse sportive avait encore du jus. Il est fauché par le destin à un moment où ce maudit COVID-19 nous décime. Des dizaines de compatriotes sont déjà partis, et il faut continuer à observer les mesures barrières.
A tous et surtout au service des sports de Radio-Congo et à ses anciens collègues de Télé-Congo, nos condoléances sincères et émues!
Adieu ‘’mon frère’’ Robert, nous ne t’oublierons jamais. Que la terre te soit légère !

Guy-Saturnin MAHOUNGOU