Le conflit foncier qui oppose les ethnies Tékés et Yakas, dans le village de Kwamouth, province du Bandundu, en RDC, a entraîné le déplacement de 625 personnes dont 192 à Ngabé centre et les autres déplacés dans les différents villages que compte le district. Dépêchée par le Gouvernement, la ministre des Affaires sociales et de l’action humanitaire, Mme Irène Marie Cécile Mboukou-Kimbatsa Goma, s’est rendue à Ngabé, le mercredi 24 août dernier pour, non seulement évaluer la situation humanitaire, mais aussi apporter l’assistance aux populations déplacées. Elle était accompagnée de la représentante du HCR au Congo, Mme Elisabeth Ravetto.

C’est aux environs de 11 heures que la ministre Irène Marie Cécile Mboukou-Kimbatsa Goma est arrivée à Ngabé. Elle a été accueillie à sa descente d’hélicoptère par le sous-préfet, Sylvestre René Bernard Biangoud, et le maire, Boris Basile Otini. La cérémonie s’est déroulée dans l’enceinte de la mairie d’Ignié. Seules les 60 familles (soit 192 personnes) déplacées de Kwamouth y étaient conviées. Ils étaient tous là: hommes, femmes et enfants pour recevoir l’assistance du Gouvernement, sous l’œil vigilant des éléments de la Force publique.

Les déplacés de Kwamouth
Les déplacés de Kwamouth

Kwamouth, province du Bandundu, en RDC, est situé en face de Ngabé. Cette localité est souvent en proie à des conflits fonciers, entre les Tékés et les Yakas qui disent être les originaires du village. «Les Tékés vendaient les campements agricoles aux Yakas et réclamaient par an, un sac de maïs par campement. Après, ils ont augmenté à 5 sacs. D’où la révolte des Yakas qui ne voulaient pas de cette augmentation. Voilà comment est né le conflit. Les gens s’entretuent à coups de machette, les fusils de chasse et bien d’autres armes blanches. Les populations sont en train d’être massacrées. Nous avons compris que ce n’était plus un problème de redevance. Nous étions obligés de fuir le village», a expliqué Jean Pierre Eleba Olela, l’un des déplacés.
La ministre a insisté sur la paix, thème cher au Président de la République. D’où cette interpellation: «Venez en paix et vivez en paix sur le territoire congolais. Nous qui vous accueillons, nous vivons en paix et c’est cette paix que nous vous offrons. Laissez derrière vous tout ce qui vous a divisé jusque-là. Vivez tous en harmonie, Tékés et Yakas. Tout ce qui est disputes, conflits et menaces, vous devez tous les jeter dans le fleuve Congo. Oubliez ce qui vous divisait de l’autre côté de la rive. Soyez unis à Ngabé».
Elle les a exhortés à intercéder auprès de ceux qui sont restés à Kwamouth, à ne pas s’entretuer pour la terre. «Elle appartient à Dieu. Nous, les vivants, nous passerons et la terre restera. On ne peut pas tuer un frère pour une histoire de terre. Tels que vous êtes venus, nous ne voulons pas entendre qu’il y a des bagarres entre vous. En cas de problème, allez voir les autorités administratives ou militaires. Gare aux violeurs et aux fomentateurs de trouble et aux bagarreurs, ils iront droit en prison», a-t-elle averti.
Pour sceller l’unité entre les deux ethnies, elle a pris entre ses bras deux bébés des parents réfugiés qui venaient de naître à Ngabé. Un bébé Téké et un Yaka: «Qu’est-ce qu’ils ont fait pour vivre cette souffrance. C’est une honte pour les parents qui se battent», a indiqué Mme Irène Marie Cécile Mboukou-Kimbatsa Goma qui, dans la gestion de cette crise, a dit pouvoir compter sur le HCR.
Des kits de vivres et non-vivres ont été remis aux 60 ménages. Ils étaient composés des bidons d’huile, de cartons de sardine et de savon, des sacs de sel, des matelas, des draps, des moustiquaires et des tentes.
«Merci au Gouvernement congolais pour cette assistance et sa marque de compassion à notre égard. Nous avons été bien accueillis à Ngabé. Je suis très content», a signifié un déplacé, interrogé dans la foulée.
Après la remise des kits, Mme le ministre s’est rendue sur le site choisi pour abriter ces déplacés. Un ancien entrepôt situé sur le bord du fleuve Congo. Un endroit qui n’a pas reçu l’assentiment de la ministre, préférant plutôt celui situé non loin de l’école primaire de Ngabé.

Cyr Armel YABBAT-NGO