On aurait certainement pu rêver de Ntumi en faiseur de paix, en sage prodiguant les conseils de maturité que lui auraient inspirés le regard sur son passé récent. Car, faut-il le rappeler, il y a à peine une quinzaine d’années, Brazzaville était la proie de scènes de violences inouïes. Miliciens soutenant le président actuel et miliciens acquis à une partie de l’opposition mettaient la ville à feu et à sang pour le pouvoir perdu, à conquérir ou à conserver. Aujourd’hui, la plupart des protagonistes sont morts ou insérés dans les structures de gestion d’un pouvoir qui se soumettra au vote des Congolais en mars prochain. Dans neuf mois.
Bien avant les grandes théories sur le respect des règles démocratiques, on se serait attendu à ce que la préservation de la vie des 6 millions de Congolais soit un puissant dénominateur pour tous. Et que l’évocation des élections à venir, ramènerait à l’évocation des élections passées, bien ou mal tenues. Avec comme entre autres protagonistes, le même susnommé Frédéric Bintsangou, alias Pasteur Ntumi. Il nous revient aujourd’hui au motif qu’en politique on doit savoir tenir parole. Que des promesses lui ont été faites, et qu’elles doivent être honorées. Dommage qu’il oublie de se rappeler un détail : c’est aux vivants et pour eux seulement que les promesses doivent être tenues !
Or, dans les épisodes passés, «le Révérend-pasteur Ntumi» s’est illustré par une violence qui a pris pour cible les vieilles femmes et les vieillards qu’il prétendait servir ; et au nom desquels il prétendait lutter. Sa guerre était reconnaissable en ce qu’elle était plongée dans une violence sans limite pour une cause inconnue, servie par un dieu qui n’est pas dans la bible. Tuer, violer, couper les arbres fruitiers, brûler les plantations et les millages, multiplier les «barrages» routiers et les rançonnages : nous étions dans un pays de terreur qu’on ne voudrait plus revivre aujourd’hui. Mourir pour une cause qui n’en est pas une, c’est vraiment «perdre» littéralement la vie. Alors, prétendre aujourd’hui que même les citoyens qui ont goûté à la fameuse «gifle de Saint-Michel» (les douloureuses flagellations avec le plat de la machette) devraient se rappeler et respecter une vague promesse faite à un illuminé !
L’élection de mars 2026 sera ce qu’elle sera. Elle débouchera sur un président de la République élu ou réélu, mais pas sur quelqu’un qui voudra nous convaincre que des promesses non tenues (lesquelles ? Par qui ?) sauveront l’avenir de ce pays qui en a vu des vertes et des pas mures en matière de violences. Pardon, M. Ntumi, ne fournissez pas des prétextes aux faiseurs de guerre : il vous faudra bien qu’un temps, vous laissiez les populations tranquilles.

Albert S. MIANZOUKOUTA

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