Pour mieux prévenir et lutter contre le cancer, le professeur Judith N’sondé Malanda, vice-présidente de l’Organisation africaine pour la recherche et l’enseignement sur le cancer, évoque dans cet entretien l’importance de l’activité physique.

* Pr Judith N’sondé-Malanda, pourquoi s’intéresser particulièrement à la gente féminine pour sensibiliser l’opinion contre le cancer en octobre?
**Chaque année, le cancer tue silencieusement des millions d’hommes et de femmes à travers le monde. Souvent, les patients consultent un spécialiste après que la maladie a atteint un stade critique, voire irréversible, ce qui explique un taux de mortalité élevé, surtout chez les femmes, seulement deux patientes sur dix survivent. Comme pour le sida, les femmes sont les plus exposées au cancer. On trouve plus de victimes parmi elles. En 2002, par exemple, les cancers gynécologiques ont représenté 19% des 5,1 millions de nouveaux cas de cancer enregistrés dans le monde entier. Et leur taux de prévalence n’a fait qu’augmenter. On observe plus de 13 millions de nouveaux cas sur cinq ans.
Les cancers gynécologiques sont localisés sur les parties génitales de la femme. Le plus courant est celui du col de l’utérus. À Brazzaville, sur les cas de cancer enregistrés 20% sont des cancers gynécologiques. Un plan national stratégique de lutte contre le cancer a été adopté depuis 2013, qui encourage entre autres toute activité pouvant contribuer, dans le cadre de la santé préventive, à sensibiliser les populations contre les cancers gynécologiques. Et c’est dans cet intérêt qu’interviendra la campagne de sensibilisation dite octobre rose.
En octobre 2013, la campagne «Globe-athon, vaincre les cancers de la femme» fut lancée pour la première fois à Washington (États-Unis) en guise d’appel à l’action et à la solidarité pour mobiliser des fonds en vue de promouvoir l’éducation sanitaire et le dépistage des cas de cancers gynécologiques. En effet, le traitement du cancer dans sa phase critique est dispendieux, d’où l’invite à la prévention et au dépistage systématique.

*Quel moyen de prévention préconisez-vous alors pour faire face à l’expansion du cancer dans le monde?
**L’activité physique diminue efficacement les risques de cancers. Le sport de maintien est vivement recommandé pour améliorer la qualité de vie. C’est le vaccin le moins coûteux et le plus fiable contre les cancers. Dans la journée, il faut se mouvoir le plus souvent ou assez pour dépenser les énergies nuisibles à la survie, de même pour casser les graisses. Des mouvements effectués au quotidien nous éloignent des maladies cardiovasculaires, de l’obésité et des cancers.
Passer un coup de balai, essuyer les meubles, mettre de l’ordre dans ses affaires, se promener à pied ou à vélo (bicyclette), s’étirer pendant quelques minutes, arroser les fleurs…voilà autant d’activités qu’on peut imaginer, pouvant nous protéger des cancers du côlon, du sein, de la prostate, etc., ou capable d’en atténuer. Une étude réalisée en France, révèle que les femmes qui s’adonnent régulièrement aux activités ménagères ont un risque diminué de 22% par rapport à celles dont ces tâches sont confiées à des domestiques.
Quant aux activités qui favorisent la prise du poids, l’obésité, comme le fait d’être assis à longueur de journée devant l’écran de la télé ou de l’ordinateur, sans disposer d’un temps pour la marche, le jogging ou la gym, cela augmente aussi le risque d’évolution des cancers. En France toujours, on estime à 18 jusqu’à 29% le taux de cas de cancers dus à l’insuffisance de l’activité physique. Celle-ci, en effet, présente beaucoup de vertus. L’activité physique améliore la qualité de vie et même la beauté du corps. C’est un excellent remède contre la dépression, l’anxiété, la fatigue physique ou mentale récurrente, et les cancers.
Aussi recommande-t-on aux patients cancéreux de faire régulièrement la marche ou tout autre activité physique pour prolonger leur survie à 41%. Les cas étudiés ayant montré l’efficacité de cette règle sont ceux du cancer de sein chez les femmes et de la prostate chez les hommes.
En fin de compte, l’activité physique entre 7 et 80 ans, voire au-delà des deux extrémités, ne contribue pas seulement à la diminution des cancers, mais également à la lutte contre le diabète, les maladies cardiovasculaires, le vieillissement précoce. Alors il faut bouger, encore bouger tous les jours pour se maintenir en bonne santé.

Propos recueillis par
Aubin BANZOUZI