Se dire Congolais implique de se sentir fier de sa Nation, de ses dirigeants, de ses services, de sa culture, de ce que l’on dit de son pays. C’est le droit et le devoir de tout citoyen de se sentir orgueilleux de sa Nation, de la carte nationale d’identité qu’il porte, de son passeport. Ajoutons que cet orgueil nous porte aussi à «supporter» notre équipe nationale lorsque nous croisons une Nation étrangère sur un quelconque terrain de sport.
Lorsque l’hymne national retentit, on se fige par respect, parce que ces notes musicales sont le concentré du sacré d’une Nation. Lorsque le drapeau national flotte, il suggère en nous tout un ensemble de sentiments où dominent le respect à la patrie et la révérence à ses institutions. Nos institutions. Et il en est ainsi, normalement, pour chaque souveraineté affirmée en Nation. Il en est ainsi pour chaque pays. C’est sur ces bases que nous respectons les autres Nations, drapeaux, institutions et dirigeants.
Naturellement, cette considération ne vient pas d’elle-même, ni de manière automatique. Elle est le fruit de valeurs, d’une discipline et même de traditions ancrées au fil des temps dans la pratique citoyenne. Nous nous reconnaissons Congolais parce que nous avons en partage notre patrimoine qui, les années passant, devient une consolidation de valeurs, quoiqu’on dise. Et nos dirigeants, que nous avons le devoir d’élire, de critiquer ou de soutenir, servent la Nation en se fondant sur ces valeurs.
Le Congolais agit sur un espace de 342.000 Km2. Il est indépendant depuis 1960. Son drapeau est tricolore et son hymne national est la Congolaise. Mais c’est à peu près tout ce sur quoi il peut se faire une unanimité avec un autre Congolais aujourd’hui. Dans les difficultés qui sont les siennes tous les jours, il se forge une opinion chaque jour plus négative de son pays : «Ce sont des voleurs» est une opinion largement répandue. Avec une variante qui puise dans l’actualité : «Ils ont encore volé»..
De sorte que les nouvelles de ces dernières semaines, d’arrestation aux frontières de plénipotentiaires transportant d’énormes sommes d’argent, par exemple, ne renforcent pas le légitime sentiment de fierté nationale. Dans presque tous les domaines, notre pays se situe en queue de peloton. Même là où nous étions jadis cités en exemple, comme dans l’alphabétisation, nous avons reculé de beaucoup. La faute aux guerres qui ont désorganisé tout, explique-t-on.
Mais comme aucune des guerres que nous avons connues depuis 1993 ne nous a été (directement) infligée par une Nation étrangère, c’est à notre seul génie qu’il faut attribuer notre descente dans les abysses de tous les classements. En corruption, efficacité administrative, climat des affaires, respect des droits de l’homme, gouvernance, sports etc… nous nous situons en bas de classement. Notre orgueil national en est meurtri, mais il ne semble pas que beaucoup s’en soucient..

Albert S. MIANZOUKOUTA