Symbole de la dignité d’archevêque le pallium va être imposé à Mgr Miguel Angel Olaverri, dimanche prochain, le 23 août 2020, à Pointe-Noire. Après l’érection de deux provinces ecclésiastiques au Congo, celle du nord avec pour siège Owando, et celle du sud avec pour siège Pointe-Noire, les deux évêques concernés ont accédé immédiatement au rang d’archevêques nommés. La célébration d’imposition de pallium qui a eu lieu à Owando, dimanche 9 août dernier et celle qui aura lieu dimanche 23 août prochain à Pointe-Noire entérinent leur rang archiépiscopal et rendent effective leur accession à la dignité d’archevêque.
Ainsi, le 23 août 2020, Mgr Miguel Angel Olaverri Aroniz sera élevé à la dignité d’archevêque par l’imposition du pallium des mains de Mgr Francisco Escalante Molina, nonce apostolique au Congo et au Gabon.
Qui est Mgr Miguel Angel Olaverri Aroniz?
Né à Pamplona (Espagne) le 9 mai 1948 et prêtre depuis 44 ans, Mgr Miguel Angel Olaverri a fait sa profession religieuse dans la Congrégation des salésiens de Don Bosco depuis 54 ans. Deuxième d’une famille de trois enfants (deux garçons et une fille), ses parents sont profondément chrétiens. A 18 ans, il entre dans la Société salésienne de Saint Jean Bosco, qui l’envoie, après le lycée, étudier la philosophie à Valence et la théologie à Barcelone. Le 16 août 1966, il émet ses premiers vœux (vœux simples) et le 21 juin 1973, la profession perpétuelle à Barcelone. Il est ordonné prêtre le 5 juin 1976 dans la même ville. Après l’ordination sacerdotale, le père Miguel est envoyé en mission au Gabon (août 1976) où, pendant un an, il exerce son ministère dans la forêt équatoriale près de la communauté salésienne de Sindara, dans le diocèse de Mouila. A partir de 1977, il est affecté au Congo et devient professeur d’espagnol et des lettres au lycée technique du 1er Mai de Brazzaville et au lycée Savorgnan de Brazza comme fonctionnaire de l’Etat congolais. Dans la période de 1977 à 1993, il exerce son ministère pastoral à la paroisse Saint Charles Lwanga de Makélékélé, à Brazzaville, au foyer Abraham, à Bacongo, et voit naître l’école professionnelle de la cité Don Bosco de Massengo.
En même temps, il assume plusieurs charges pastorales diocésaines comme la direction du bureau archidiocésain et national pour les communications sociales et la responsabilité de la Commission diocésaine de la pastorale des jeunes. En 1993, il est élu supérieur de la province salésienne de l’Afrique tropicale équatoriale, dont le siège est à Yaoundé au Cameroun. Il y exerce cette charge durant deux mandats, jusqu’en 2004. En septembre 2004, le père Miguel est nommé curé de la paroisse Saint Jean Bosco de Pointe-Noire, et supérieur de la communauté salésienne. Il collabore en outre, à la direction de la catéchèse. Il est aussi responsable de la pastorale des jeunes, chargé des communications sociales et doyen du secteur C de la ville de Pointe-Noire. Il est également membre du Conseil épiscopal du diocèse, de 2005 à 2011. Le 31 mars 2011, suite à la démission de Mgr Jean-Claude Makaya-Loemba, le Saint-Père Benoît XVI le nomme administrateur apostolique sede vacante et ad nutum sanctae sedis du diocèse de Pointe-Noire. Il a été ordonné évêque en 2013. Au sein de la Conférence épiscopale du Congo, Mgr Miguel est président de Caritas Congo, de la commission Justice et Paix, de la pastorale des migrants et des réfugiés, et de la Commission épiscopale des moyens de communications sociales.
Qu’est-ce qu’un archevêque métropolitain?
Les évêques des sièges métropolitains portent le titre d’archevêque. L’insigne propre à leur fonction est le pallium, bande de laine que leur remet le Pape et qu’ils portent au cou sur leurs chasubles, leurs vêtements liturgiques. Le chef-lieu de la province porte le nom de métropole. C’est pourquoi, à la tête de chaque province ecclésiastique est placé un archevêque métropolitain. Le diocèse dont l’évêque est un métropolitain porte le nom d’archidiocèse.
Gislain Wilfrid BOUMBA
Mgr Olaverri appelle à plus d’unité
*Mgr, c’est quoi un archidiocèse et qu’est ce qui va changer à Pointe-Noire?
**L’archidiocèse c’est la tête ou le lieu où se situe l’archevêque métropolitain qui va coordonner l’action de plusieurs diocèses. Le diocèse est de toute façon une entité dont la gestion et les fonctionnements sont indépendants. Cet archidiocèse va prendre le territoire physique, disons -e, en gros, celui de Pointe-Noire, Dolisie et Nkayi. Sur la réalité de la ville du diocèse de Pointe-Noire, ça ne va pas changer grand-chose. Un archevêque a, comme signe extérieur, le pallium.
*Quelles seront vos priorités pastorales désormais?
**Les priorités pastorales seront établies au fur et à mesure qu’on fait le travail. Il y a pratiquement quatre ans que Pointe-Noire, Dolisie et Nkayi travaillent ensemble. Nous nous sommes concentrés dans la pastorale des jeunes, car c’est la question la plus pratique. Nous voudrions dès maintenant travailler ce côté de la pastorale des jeunes tous ensemble. Nous avons aussi à côté la catéchèse; c’est très important pour nous afin de mener une même ligne catéchétique, parce que la langue Kituba est connue dans tous les trois diocèses et cela peut aider surtout dans la formation des catéchistes. Mais il faut aussi se donner un peu de moyens financiers pour que certaines réalités puissent se mettre en pratique.
Dans les jours à venir, nous devons mettre en route les tribunaux interdiocésains ecclésiastiques, les tribunaux pour les cas juridiques qu’il faut juger en matière de droit canonique dans tous les domaines: les mariages, les baptisés, les prêtres. Mais pour l’instant nous ne sommes pas en mesure d’établir les tribunaux des diocèses, car il faut du personnel, des personnes qui ont fait des études de droit canonique.
*Qui dit archidiocèse, dit aussi plus grande intensité pastorale. Y a-t- il de nouvelles paroisses en vue?
**Dans le diocèse de Pointe-Noire, oui. Mais dans l’archidiocèse, c’est à chaque diocèse de décider selon les besoins. Je voudrais, l’année prochaine, qu’il puisse y avoir déjà la création d’une autre paroisse, née de la division de la paroisse de Louaka d’avec certains villages de Kakamoeka. Mais nous avons aussi de l’autre côté de Nanga, où on est en train de penser aussi à créer une paroisse, et l’autre côté de la frontière de Cabinda. Par contre une urgence, disons pastorale, qui concerne les nouvelles paroisses est de pouvoir accueillir des nouvelles congrégations religieuses ou des congrégations religieuses féminines qui insistent pour s’installer afin qu’il y ait des communautés dans la zone rurale. Actuellement nous n’en avons qu’une à Mvouti, avec les sœurs de Saint Paul De Chartres.
*Comment le nouvel archidiocèse va- t- il travailler avec les diocèses de Nkayi et de Dolisie qui lui sont suffragants?
**Mais il faut éviter la confusion, car l’archevêque n’intervient pas dans les diocèses! Chaque évêque est autonome, mais il y a des aspects que nous devrions travailler ensemble. Par exemple, nous les trois évêques nous avons pris l’initiative de participer aux ordinations de chaque diocèse comme signe d’unité et signe de communion.
*Quelles sont les autres décisions du pape pour notre Église du Congo maintenant que Pointe-Noire et Owando sont élevés à ce rang d’archidiocèse?
**Il n’y a pas d’autres décisions dans la bulle qu’on va lire dimanche sur la création de cet archidiocèse. Le pape exprime sa joie de voir que les trois nouveaux archidiocèses du Congo soient devenus une réalité. Mais c’est dans la pratique qu’on verra quels sont les besoins de ces archidiocèses pour créer d’autres diocèses. Et ça sera une question pastorale à étudier un peu dans chaque diocèse car, quand on crée un autre diocèse, il y a toujours un diocèse qui se divise.
*Comment les prêtres ont-ils accueilli la nouvelle de cette élévation?
**Par des appels et des messages WhatsApp, pour présenter leurs félicitations. Ils ont accueilli cette nouvelle dans la joie, mais je disais à tout le monde qu’il faut féliciter le pape pour la création de ces archidiocèses, car le fait de devenir archidiocèse n’est pas mon mérite à moi mais de celui qui viendra après moi. La nouvelle est accueillie avec joie, parce que Pointe-Noire a été le premier lieu d’évangélisation du Congo.
*La formation du clergé dans un archidiocèse appelle certainement un effort particulier. Comment voulez-vous vous attaquer au problème de la formation des futurs prêtres?
**La formation au Congo des futurs prêtres est menée ensemble avec tous les évêques. Mais il y a une diversification au sein de la formation, par exemple plusieurs diocèses ont des séminaristes dans d’autres endroits, pas seulement à Brazzaville, mais aussi à Ouesso pour la propédeutique. Il y a aussi les séminaristes qui étudient ailleurs à l’étranger, en Afrique ou en Europe. Ce que peut faire l’archidiocèse, c’est d’unifier la formation dans les petits séminaires, et faire un meilleur suivi de la formation à partir du petit séminaire, un meilleur suivi dans les stages comme l’inter-cycle, le pré-diaconal et les stages diaconaux. Parfois nos grands séminaristes ne sont pas suivis, particulièrement quand ils sont en stage. Pendant les stages, il faut concilier ce qu’on a appris avec la pratique pastorale. Cela permet de savoir si le stagiaire est capable d’être sur le terrain pastoral, parce qu’un prêtre n’est pas seulement celui qui a fait des études mais celui qui sait combiner la formation intellectuelle avec la pratique pastorale. Avec les trois diocèses, nous pourrions coordonner davantage certains aspects de la formation, par exemple les conditions familiales pour devenir séminariste, les conditions des premières années du séminaire, et comment essayer de s’entraider pour orienter certains de nos prêtres à faire une spécialité afin de revenir comme formateurs dans les séminaires.
*Vous venez de séjourner longtemps en Europe, confiné par la COVID-19. Avez-vous mis à profit ce séjour pour le Diocèse?
**J’ai pu travailler en coordination avec mon vicaire général, mon économe et mon secrétaire, tous les jours. Et j’ai passé un bon confinement, cela m’a permis aussi de travailler de plus, de prier également.
*Quel est l’appel que vous lancez aux chrétiens du diocèse de Pointe-Noire qui sont maintenant des chrétiens d’un archidiocèse?
**C’est d’abord d’accueillir la nouvelle avec joie. Je les invite à travailler pour l’unité dans le diocèse; qu’il n’y ait pas de dispersion car c’est l’unité qui fait la communion des chrétiens. L’archidiocèse devra représenter avec les autres diocèses une force de communion à l’intérieur de notre territoire de Pointe-Noire pour un renouvellement de la foi dans nos paroisses. Y a des difficultés pour les cultes actuellement, mais il ne faut pas abandonner la foi mais se demander au contraire comment faire vivre nos paroisses, comment faire participer davantage aux activités de nos paroisses. Et cette question, c’est à chaque chrétien à se la poser: qu’est-ce que je peux faire pour que l’archidiocèse puisse vivre dans l’unité?
Propos recueillis par
Madocie Déogratias
MONGO