Impeccable et sans bavure : l’élection présidentielle au Gabon s’est déroulée comme sur du papier à musique. Il était le tombeur de la dynastie des Bongo, le général Brice Oligui Nguema a conduit tambour battant sa période de transition et promis une victoire «un coup KO !», comme on dit. Il n’y avait pas match. Il a réussi sans même la tentation de la gâchette, lui qui pourtant, à cette période, a eu toute l’armée littéralement à ses pieds.
Une fois n’est pas coutume, l’Afrique Centrale a réussi une transition vers le retour à la normalité sans nos contestations ataviques de toujours. Même ses concurrents de principe, sept qui ont franchi l’écueil de la qualification officielle, n’ont rien pu faire d’autre que les protestations de principe : sur l’utilisation disproportionnée des moyens de l’Etat, son équipe de campagne « bourrée de pédégistes » et même des accusations de bourrage des urnes ont été entendus ici et là. Mais le score de 90,35% ne permet que des accusations molles. Surtout si les observateurs invités à venir superviser le scrutin déclarent, unanimes, que tout s’est bien déroulé.
La surprise aurait été la tenue d’un deuxième tour, tellement le général avait une emprise de sympathie sur un pays qui lui dit merci de l’avoir « libéré ». Pour 7 ans donc (jusqu’en 2032 !), le Gabon sera dirigé par un homme qui a surgi à point nommé pour recueillir le fruit mûri par la France-Afrique, les affaires, les scandales et la gabegie et l’interminable cordon ombilical du néo-colonialisme. C’est cela qui constituera le principal défi du régime qui ne sera plus neuf en 2032. Va-t-il bien ou mal vieillir ? Y a-t-il une fatalité africaine qui veuille que ce qui commence bien finisse dans la violence, surtout dans les régimes en treillis ? Nous le verrons au fil des années.
Pour l’heure, le général Oligui a la générosité de sa jeunesse, et la promesse que seule permet l’assurance de lendemains ensoleillés. L’opposition en interne fait contre mauvaise fortune bon cœur. Mais les attentes sont nombreuses pour maintenir le pays sur la branche d’une démocratie durable. Réjouissons-nous de ce que, c’est en Afrique Centrale que s’est produite une révolution sans effusion de sang. Le vœu serait que cela se poursuive et que, même en 2032 ce soient les urnes seules qui tranchent pour l’avenir d’un Gabon qui peut être un modèle de stabilité au cœur de l’Afrique.

Albert S. MIANZOUKOUTA