Le président du Conseil supérieur de la liberté de communication (CSLC), Philippe Mvouo, a réuni le mercredi 7 octobre dernier, dans la salle de conférences du Palais des congrès, les acteurs politiques de la majorité, de l’opposition et de la société civile. Il a attiré leur attention sur ce qui apparaît à ses yeux comme le lancement anticipé d’une campagne électorale déguisée par médias interposés. La campagne électorale pour la présidentielle de 2021 n’est pas encore ouverte, a-t-il rappelé.

Philippe Mvouo a demandé de respecter les règles établies. Il a rappelé la loi sur le pluralisme audiovisuel qui cadre les conditions de campagne. «Il y a trois étapes à respecter: la période hors électorale; la période pré-électorale et la période électorale», a-t-il dit.
Pour lui, s’il faut laisser les choses telles qu’elles se font, le désordre risque de s’installer dans les milieux politiques. Or, «les garants de la stabilité, ce sont les hommes politiques eux-mêmes», a insistait Philippe Mvouo.
Le message du CSLC aux acteurs politiques a été un appel axé essentiellement sur la communication politique, notamment le discours politique diffusé à travers les médias, qui doit être «sain et riche en ressources morales, culturelles, humaines, voire spirituelles quand on sait que toute élection est un enjeu important, rendu souvent périlleux, qui mobilise toute l’attention du peuple».
Le fond de son message était centré sur les valeurs de paix, de cohésion, de solidarité et d’unité. «Ces valeurs constituent les éléments constructifs du discours politique qui doivent être pris nécessairement en compte dans l’élaboration des différents projets à proposer au peuple», a dit Philippe Mvouo.
Il a insisté sur le fait qu’il y a un temps pour battre campagne, un temps pour travailler. Le président du Conseil supérieur de la liberté de communication a également dénoncé l’exploitation pernicieuse des réseaux sociaux pour «attaquer, dénigrer, déshonorer, dépersonnaliser des responsables des autres partis, inciter à la division et au repli ethnique, appeler à la limite des incantations, la violence comme recours à tout changement».
Philippe Mvouo a appelé les responsables politiques à entretenir une bonne communication pour faire que l’élection présidentielle de 2021 soit une réussite.
A la lumière des échanges, les acteurs politiques de l’opposition ont déploré la non accessibilité aux médias d’Etat pour exprimer leurs points de vue sur la vie nationale. «Le Président du Conseil de la liberté de communication a beaucoup de courage, de modestie et d’humilité. Il a soulevé un certain nombre de problèmes importants, parmi lesquels le non-respect des textes, ce qui est inacceptable. On a pu changer la Constitution soi-disant pour faire évoluer les Institutions, mais vous constatez qu’on vole et on viole dans l’impunité totale sans sanctions. Tout le problème de fond est là, je l’ai toujours dit», a fait savoir Clément Miérassa.
Par la façon d’agir des acteurs politiques de la majorité, c’est comme si la campagne électorale a déjà commencé. Constat encore d’actualité aujourd’hui. Certains partis politiques ont pris la parole lors du 5e congrès ordinaire du PCT pour marquer leur soutien à la candidature du Président de la République, y compris le PCT lui-même qui s’est mis en rang de bataille. «…Les membres du PCT, en synergie avec leurs alliés, doivent dès maintenant se mettre en ordre de bataille en vue d’affronter victorieusement la grande compétition de 2021», avait d’ailleurs exhorté Pierre Moussa, secrétaire général du PCT.
Il avait réitéré cet appel le 21 janvier 2020 lors de la cérémonie de vœux au PCT: «L’épreuve la plus imminente est l’élection présidentielle de 2021 que le PCT doit gagner de la manière la plus nette et la plus éclatante. A l’occasion de son dernier congrès, le PCT a pris la résolution de demander au camarade Denis Sassou-Nguesso de faire acte de candidature à cette élection majeure. Nous devons donc dès à présent nous mettre en ordre de bataille pour garantir à notre candidat une brillante victoire. Il s’agit là, vous vous en douter, d’un autre challenge d’envergure».
Bien avant, une frange de députés du PCT avait organisé dans les départements des marches de soutien à la candidature du Président Denis Sassou-Nguesso. Des marches qui vont à l’encontre de la loi sur le pluralisme audiovisuel qui encadre les conditions de campagne. Tout est fait comme si au PCT on était déjà en campagne.

Philippe BANZ &
KAUD