Nous entrons résolument dans une ère de maturité pour notre Eglise. La fête, Dimanche dernier à Kinkala, au cours de laquelle Mgr Louis Portella Mbuyu a fait ses adieux à la chrétienté était émouvante, mais surtout chargée de symboles. L’eucharistie est la célébration de la mort et de la résurrection de Jésus, Sauveur des Nations. Elle est aussi l’envoi renouvelé en mission des fidèles. Mgr Portella prend une retraite méritée et non décidée par les circonstances.
C’est exactement le sens de cette messe, dans la cathédrale Sainte Monique. Un pasteur a pris congé des fidèles qui l’ont côtoyé 18 ans durant. Mais connaissant l’homme et ayant entendu ses mots ce Dimanche-là, on sait que ce n’est qu’un aurevoir. Mgr Portella ne se gagne pas le farniente légitime de celui pouvant se satisfaire de la mission accomplie.
Il se met, comme le lui a rappelé à maintes reprises ces dernières semaines Mgr Daniel Mizonzo, président de la Conférence épiscopale du Congo et Evêque de Nkayi, en réserve de toute l’Eglise. Parce que l’homme quitte Kinkala porteur d’un savoir et d’un savoir-faire éprouvés sur les générations de prêtres qu’il a formés, dont son successeur sur la cathèdre de Kinkala, Mgr Ildevert Mathurin Mouanga, n’est pas des moindres !
Symbole de cette relève pacifique des pères par les fils, symbole de cette Eglise qui, cette année, compte deux nouveaux archevêchés, Pointe-Noire et Owando, précisément parce que le grain porté en terre a germé et donné du fruit ! (Lire en page 9). Le texte de l’Evangile en Saint Luc (Les Vignerons homicides) s’encadrait parfaitement bien aux circonstances d’un aurevoir de pasteur: quels fruits seront produits après dans ce département du Pool que Mgr Portella a sillonné à ses risques et périls, proclamant l’Evangile à temps et à contre-temps?
Ceux qui prendront la relève d’un héritage aussi particulier, clercs et fidèles laïcs, auront la mission d’y répondre. Mais plus que donner la réponse par la voix, c’est par les actes qu’il faudra l’assurer. Il n’est certes pas de temps propices, de lieux plus adaptés pour se dresser au milieu des hommes et leur prêcher l’amour, mais Mgr Portella est entré en porteur de paix dans une région où les propres natifs semblaient se donner l’irresponsable irresponsabilité joyeuse de tout détruire, de tout désacraliser au-delà de l’absurde.
Sur cet aspect-là de sa vie de pasteur, on ne dira jamais assez de l’exemple donné et de l’obéissance à l’envoi en mission, commandement du Christ Lui-même. Nous regretterons un Evêque parti dans la simplicité dans laquelle il est venu. Mais si les symboles sont parlants, la pluie qui a fait déplacer la messe du Stade municipal à la cathédrale Sainte Monique peut être retenue comme un arrosoir de bénédictions. Kinkala a désormais la mission de répandre ces grâces reçues.

Albert S. MIANZOUKOUTA