Le président sortant Paul Biya a été déclaré vainqueur de l’élection présidentielle du 12 octobre 2025 par le Conseil constitutionnel, avec 53,66 % des voix, soit plus de 2,47 millions de suffrages. Il devance largement son principal adversaire, Issa Tchiroma Bakary, crédité de 35,19 % (1,62 million de voix). A 92 ans, il entame ainsi son huitième mandat consécutif à la tête du Cameroun, après 43 ans au pouvoir.

L’opposition, menée par Issa Tchiroma Bakary du Front pour le salut national du Cameroun (FSNC), a immédiatement rejeté les résultats, dénonçant une «mascarade». Depuis son domicile à Garoua, il s’est autoproclamé président élu et a appelé ses partisans à descendre dans la rue pour défendre leur «victoire confisquée».
Des manifestations ont éclaté dans plusieurs villes du pays, notamment à Douala, Garoua, Maroua, Kaélé, Meiganga et Bertoua. A Douala, la capitale économique, les affrontements entre manifestants et forces de l’ordre ont été particulièrement violents. La police a tenté de disperser les rassemblements à coups de gaz lacrymogènes, mais des heurts ont dégénéré, faisant au moins quatre morts selon les autorités. A Garoua, Issa Tchiroma a affirmé que les tirs des forces de sécurité avaient fait deux morts supplémentaires et plusieurs blessés.

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Issa Tchiroma Bakary

Le gouvernement a rapidement condamné les violences. Le gouverneur de la région du Littoral, Samuel Dieudonné Ivaha Diboua, a averti que des mesures strictes avaient été prises pour maintenir l’ordre public. De son côté, Grégoire Owona, ministre du Travail et cadre du parti présidentiel RDPC, a accusé Issa Tchiroma de «jouer avec la vie des Camerounais» en contestant un scrutin qu’il aurait, selon lui, «objectivement perdu». Il a ajouté que le programme de Paul Biya visait à «réconcilier tous les Camerounais».
Samuel Mvondo Ayolo, directeur du cabinet civil de la présidence, a pour sa part appelé à «tourner la page» et invité Issa Tchiroma à appeler le président Biya pour apaiser les tensions.
Parmi les autres candidats, Cabral Libii (PCR) et Joshua Osih (SDF), respectivement 3e et 6e du scrutin, ont reconnu la victoire du président sortant, tout en exprimant des réserves sur les conditions de déroulement de l’élection. Ndam Njoya, candidate de l’UDC, a quant à elle rejeté en bloc les résultats.
Le Conseil constitutionnel, seul habilité à proclamer les résultats définitifs, a annoncé un taux de participation de 57,76 %. Conformément à la législation camerounaise, ces résultats ne sont pas susceptibles de recours.
La crise postélectorale qui secoue actuellement le pays souligne la polarisation politique croissante et les doutes persistants sur la transparence des scrutins au Cameroun. Reste à savoir si l’appel au calme des autorités sera entendu dans un climat déjà marqué par la défiance.

Alain-Patrick MASSAMBA & Francia ANDOKE (Stagiaire)

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