Le Comité national économique et financier (CNEF) a tenu sa session ordinaire par visio-conférence le 17 février 2021 dans les locaux de la Direction nationale de la Banque des Etats de l’Afrique centrale (BEAC), à Brazzaville. Les travaux ont été présidés par Ludovic Ngatsé, ministre délégué au Budget, avec la participation de Abbas Mahamat Tolli, gouverneur de la BEAC depuis Yaoundé, siège de la Banque. Michel Dzombala, directeur national de la BEAC, en qualité de secrétaire général du Comité national économique et financier du Congo, a été le rapporteur de la réunion.

Les membres du comité ont relevé que malgré toutes les mesures prises pour atténuer les répercussions de la pandémie, l’activité économique a enregistré en 2020 une forte baisse de 7,3 % contre moins 0,2 % en 2019. Cela a été en lien avec les contreperformances du secteur pétrolier (moins 8,8 %, après plus de 1,4 % en 2019) et celui non pétrolier (moins 6,1 %, contre moins 1,4 % en 2019). En revanche, au cours de cette année, la situation devrait s’améliorer avec une légère progression du PIB réel de 0,5 %. Selon les conclusions du comité, les bonnes performances sont attendues dans les activités non pétrolières (plus de 8,1 %), particulièrement dans les secteurs secondaires et tertiaires, nonobstant la poursuite de la contraction des activités pétrolières (moins 9,1 %). S’agissant des prix, le comité a noté une absence de pression inflationniste avec un taux estimé à 0,0 % en moyenne annuelle à la fin de 2020, contre 2,3 % un an auparavant, avec l’affaiblissement de la demande intérieure et des prix internationaux.
A la fin des travaux, Ludovic Ngatsé a souligné que le Congo «a énormément souffert en 2020 du fait des effets conjugués de la crise sanitaire, économique et sociale. Il était prévu que nous serions en récession de l’ordre de 10 à 15 %, avec les mesures qui ont été mises en place sous la haute autorité du Président de la République et de son Gouvernement, nous avons limité en quelque sorte cette dégradation. Nous sortons de là avec un taux de croissance certes négatif, mais de 7,3 %, au lieu de 15 % qui avait été souhaité dans les prévisions initiales. Si on s’en sort mieux maintenant, c’est parce que le Gouvernement a pris des mesures idoines, notamment à travers la reprise de nombreux investissements, soit inaugurés soit visités. Nous avons ramené environ 300 milliards de francs Cfa à notre économie vers le club de Brazzaville, qui a relancé les activités. Le club de Brazzaville a produit un effet bénéfique immédiat sur la situation et sur ses capacités à soutenir le financement des activités économiques nationales. Les indicateurs de fin d’année, notamment en terme monétaire, aussi bien les crédits à l’économie, les créances en souffrance auprès du système bancaire, tout est en amélioration. Cela montre que nous sommes sur un bon chemin pour qu’en 2021 notre économie soit réellement en croissance pour être en mesure de créer des emplois. Pour 2021, nous prévoyons une croissance de l’ordre de 0,5 %. Nous travaillons pour qu’elle soit au-dessus de ce qui est prévu dans des statistiques de la BEAC».
Les membres du comité ont aussi examiné les différents modes de financement de l’économie congolaise. Le Gouvernement travaille à améliorer les recettes internes, notamment fiscales et douanières pour se passer de la baisse des recettes pétrolières. Le Gouvernement a aussi mis en place un mécanisme de soutien aux entreprises et d’autres mécanismes pour faciliter la création d’entreprise, en particulier pour toutes les nouvelles entreprises créées à partir du 1er janvier 2021, tout en respectant les procédures. Elles bénéficieront automatiquement d’une exonération totale de la fiscalité pendant deux ans.
A noter que dans le cadre du suivi du programme de Fonds élargi de crédit, le Congo avait conclu ce programme avec le FMI depuis le 11 juillet 2019, après le versement d’une première tranche. Le programme s’articulait autour de trois axes. Le premier portait sur l’assainissement budgétaire et une restructuration de la dette. Le deuxième mettait l’accent sur une mise en valeur du capital humain, notamment pour atténuer les effets de l’ajustement sur les populations pauvres. Le dernier axe était sur des repères structurels de la gouvernance et de l’offre pour promouvoir la diversification et la résilience de l’économie. Pourquoi ce programme avec le FMI peine-t-il à relancer l’économie congolaise?

Philippe BANZ