Depuis quelques années plusieurs sociétés publiques sont vouées à la privatisation pour améliorer leurs performances jugées trop faibles. Elles sont incapables d’assumer efficacement le moindre service public. La privatisation est-elle une solution pour les rendre rentables et assumer leurs missions de service public? L’économiste Jephthe Meschac Ngapoula donne son appréciation sur la question.
En tant qu’économiste, comment appréciez-vous le mode opératoire du Gouvernement pour procéder à la privatisation des entreprises d’Etat?
**Il faut d’abord savoir quels sont les principes à réunir pour privatiser une société publique. Il faut reconnaître que la privatisation répond à plusieurs critères suivant les contextes. Parce qu’il y a le contexte économique qu’il faut prendre en ligne de compte, le contexte social et politique d’un pays pour pouvoir mettre en place cette politique de privatisation. En réalité, quand nous parlons de la privatisation, c’est allé vers une économie de marché. On désengage l’Etat pour aller vers le privé. Mais après, il faut voir également quel secteur ciblé. Quels sont les secteurs qui reviennent en réalité à l’Etat? Il faut reconnaître que l’Etat est un agent économique. L’Etat produit des biens et services. L’Etat consomme, également, des biens et services. On ne peut pas se retrouver dans un pays où tout a été privatisé et l’Etat ne devient que consommateur, il n’est plus producteur. Si nous sommes dans cette démarche, il faut reconnaître qu’il y a déjà une faute. Il faut savoir cibler le secteur. Par exemple l’énergie: est-ce qu’il faut privatiser ce secteur qui émane de la souveraineté même de l’Etat ?
Comment doit-on procéder, parce que beaucoup de sociétés d’Etat ont perdu cette souveraineté ?
**Le Président de la République, chef de l’Etat, par son expérience, a expliqué l’échec des années passées à travers les accords que nous avons eu avec le FMI dans les années 80 et qui ont conduit, en réalité, l’Etat à aller vers une économie de marché. Malheureusement, l’Etat ne s’était pas préparé. Il y a eu les conséquences sociales que vous connaissez. Cela a conduit même à la Conférence nationale souveraine au regard de l’échec des années précédentes. Pour privatiser, il y a un processus à suivre. On ne peut pas privatiser une société du jour au lendemain. Il faut réunir les conditions. Par exemple dans l’approche sociale, dans la privatisation d’une entreprise, il faut tenir compte de la politique d’accompagnement social des employés. Imaginez que nous sommes dans une structure publique, c’est le privé qui arrive. L’investisseur minimise les coûts et maximisent son profit. On se retrouve dans un système où, par exemple, on peut procéder à mettre de côté certains employés. Cela peut créer de la tension sociale. Il y a beaucoup d’éléments qu’il faut donc prendre en compte. Pour l’aspect économique par exemple, s’il faut privatiser, c’est pour quel objectif ?
Propos recueillis par
Philippe BANZ