Au cours d’une conférence de presse à Brazzaville, samedi 3 mai 2025, l’Association pour le respect du droit des populations autochtones, du développement durable et du droit de l’homme (ARPA2DH) a publié les résultats d’une enquête menée durant six mois auprès de quatre sociétés exploitant le pétrole, le gaz et les mines dans trois départements du sud du pays. Le constat est inquiétant, d’où la préoccupation de cette ONG qui, à travers une série de recommandations, demande implicitement au Gouvernement d’être vigilant.
L’ARPA2DH dénonce les abus d’exploitation minière, pétrolière et gazière à Pointe-Noire, dans le Kouilou et dans la Bouenza. Cette exploitation méprise, selon elle, les sauvegardes environnementales et sociales dans ces départements. «Nous avons mené notre monitoring auprès de trois sociétés, notamment Trident Energy, Wing Wah Oil, SOREMI et City SARL, détenant plusieurs permis de recherche et d’exploitation depuis 2017 pour une durée de trois ou quatre ans maximum, dont deux sont arrivés à expiration. Ces sociétés continuent de mener des activités non conformes au respect de l’environnement et des droits des communautés locales et populations autochtones», a expliqué Cherotti Blanchard Mavoungou, président de ARPA2DH.
Les problèmes constatés par cette ONG sont nombreux. «La majorité des entreprises pétrolières, minières et gazières n’ont pas de plan environnemental et social et aucune entreprise n’a un certificat de légalité environnemental. La nécessité de réduire les impacts environnementaux de l’exploitation n’est pas une préoccupation majeure de ces compagnies. Le cahier des charges pour le développement communautaire est inexistant. Le consentement libre, informé et préalable (CLIP) des communautés locales et populations autochtones n’a pas été recueilli, en violation de l’article 2 du décret n° 2010- 201 du 12 juillet 2019 fixant les procédures de consultation et de participation des populations autochtones aux projets et programmes de développement socio-économique», a déploré Cherotti Blanchard Mavoungou. En outre, selon les populations consultées, il ressort que «le mercure est utilisé dans les sites exploités pendant la phase d’extraction et de traitement de l’or alors qu’il est interdit à cause des effets néfastes sur la santé humaine». Cette façon de faire, estime l’ONG, «a conduit à la dégradation des ressources naturelles, comme les rivières, les marécages, les espaces communautaires et les plantations et bien d’autres». Les populations riveraines de ces exploitations se plaignent de l’utilisation des bulldozers, de grandes motopompes et bien d’autres engins nuisants et bruyants.
Dans sa note de position, l’Association exige la nécessité d’établir un dialogue inclusif sur la politique environnementale et climatique au Congo. «Le dialogue est un moyen de lutte contre l’exploitation minière, gazière et pétrolière, responsable de violation des droits de l’environnement et des droits des communautés», souligne-t-elle. Elle a fait une série de recommandations adressées au Gouvernement, aux entreprises et aux partenaires de développement du Congo. Les autorités sont interpellées.
Philippe BANZ