Publié en 2024 aux éditions Kemet, comptant 186 pages subdivisées en sept chapitres, l’ouvrage de Jeanne Claudette Lembé : ‘’Mariage d’un pygmée à une bantoue : un mariage tabou’’, le tout premier de l’auteure, a été officiellement dédicacé le jeudi 6 mars 2025 à l’Institut Français du Congo à Brazzaville, devant les amoureux du livre et de la lecture, au nombre desquels l’écrivain Pierre Ntsémou, préfacier du livre, et son collègue Willy Gom.
Pour Prestige Itsoukou, la présentatrice, «l’intrigue est construite autour de Mlle Mpolo, jeune fille d’une beauté stupéfiante, brillante étudiante à la Faculté de droit, elle profite des vacances scolaires pour retrouver les siens au village ; un village Bantou frontalier avec des campements de peuplement Pygmée avec lequel, ils partagent de facto l’espace géographique, mais pas les coutumes, car pour les Bantous, les Pygmées sont des sous-hommes pour lesquels ils n’ont que mépris et dont se désole notre héroïne qui le reproche à ses géniteurs».
Kongo, un jeune médecin fraîchement sorti de formation de l’Hexagone, explique-t-elle, «voulant renouer avec ses racines ancestrales, Pygmées, séjourne dans le même village et à la faveur d’une heureuse circonstance, les deux jeunes gens sont foudroyés par un béguin réciproque. L’idylle des deux tourtereaux devient très vite un volcan en éruption voluptueuse qu’il faut leur trouver un abri par l’officialisation de leur relation amoureuse. Une Bantoue, épouser un Pygmée ? C’est un crime de lèse-coutume. L’amour qui naît entre Mpolo et Kongo. L’amour qui naît entre Kongo et Mpolo, nous transporte dans un amour avec grand A, qui ne connaît ni honte ni hésitation ni préjuger. Et c’est d’ailleurs devant un tribunal composé des membres de la famille, des voisins et des dignitaires du village que Mpolo assumera avec prompt, son amour pour Kongo, le Pygmée, et ce au grand désarroi de l’oncle Verre Cassé ..».
Décryptant le livre, l’écrivaine Winner Franck Palmers a affirmé que ce roman « souligne l’importance historique, culturelle, sociale et littéraire de l’œuvre. C’est un miroir de la société, un plaidoyer pour l’émancipation et la justice, au profit des Pygmées. Il met en lumière les tensions sociales et préjugés de l’époque, notamment à propos du mariage dit conventionnel…Ce livre porte des perspectives intéressantes, sur la connexion, les contacts, les relations, etc. »
Parlant des défis que représente ce mariage entre un Pygmée et une Bantoue, Jeanne Claudette Lembé a relevé qu’«ils sont nombreux. Il y a des défis familiaux, notamment ceux des personnes qui se disent que jamais leurs enfants ne pourront épouser un Pygmée. Du côté bantou, cette femme, qui avait fait des jumeaux avec un pygmée, avait été bannie, et elle n’avait pas pu dire qui était l’auteur de sa grossesse, parce que les gens se moquaient d’elle. Elle était obligée de quitter le village pour aller s’installer ailleurs. Alors que cela peut bien exister ».
Ce livre, a assuré l’auteure, « n’est donc pas une autobiographie, comme pourraient l’insinuer certaines personnes. Lorsque je me rends au village, j’ai l’habitude d’observer, et très souvent ce sont des scènes vécues dans la société que je traduis dans mes écrits ».
Née le 13 janvier 1956 à Indo-Sibiti, dans le département de la Lékoumou, Jeanne Claudette Lembé Eblem a suivi un cursus scolaire exemplaire. Elle a débuté son éducation à l’école primaire d’Indo, avant de poursuivre ses études au CEG de Sibiti, puis au lycée Lumumba. Elle a ensuite intégré l’ENI de Brazzaville, où elle a perfectionné ses compétences académiques. Professeure de chimie et de biologie au CEG après sa formation à l’ENAM, elle a également assumé le rôle d’administratrice des SAF en chef, démontrant un engagement et une expertise remarquables tout au long de sa carrière.
Alain-Patrick MASSAMBA