L’information a causé un grand émoi dans la population à Brazzaville: des «inciviques» s’en seraient pris à la ligne de transport électrique HT Pointe-Noire – Brazzaville. La chute d’un premier pylône resté sans cornières a entrainé celle de deux autres. Le sabotage de la ligne Makabandilou – Brazzaville de 30 KVa a occasionné un autre délestage. Pendant ce temps, sur une autre ligne, les «inciviques» arrachaient des câbles de cuivre occasionnant, là aussi, une très ennuyeuse interruption de courant dans la ville.
Naturellement, nous ne saurons sans doute pas quelle est l’identité de ces bandits qui osent s’attaquer à un bien aussi précieux à tous que l’électricité. Naturellement, la volonté de tous serait qu’on mette la main sur ces malfrats et que l’électricité, l’eau, le gaz et le carburant soient tenus hors d’atteinte des spéculations les plus basses. Mais en ne s’en prenant qu’aux «inciviques» indiscriminés, nous nous drapons faussement dans la veste d’accusateurs irréprochables. Commode! Depuis longtemps déjà, les Brazzavillois ont ajouté le mot blackout à leur vocabulaire, sans trop savoir s’il apportait du mieux ou du pire au mot délestage qu’ils connaissent trop bien!
Il faut simplement prier que l’affaire ne soit pas politique. Dans la zone où les pylônes ont été attaqués, grenouillent quelques marginaux, lestes de la main ou du verbe, se proclamant, par exemple, les sauveurs du prophète Ntoumi. Celui-ci a été vu émerger de la brousse où il ne médite pas les méfaits de l’irrédentisme sans cause qu‘il a fait subir des mois durant sur le Pool, sans gain politique d’aucune sorte. Mais à Brazzaville, a également prospéré ces jours-ci une cohorte de bandits violents qui, dit-on, ont fini par se retirer vers les villages alentours sous la pression des forces de police devenues plus incisives.
Le directeur général de la compagnie nationale d’électricité appelle à la délation: «aidez la force publique à démasquer ces gens». Il reste convaincu que ces «inciviques» veulent nous inciter à la guerre. Voire! Tant que notre ennemi restera à traquer, nos problèmes d’électricité ne trouveront pas de solution bientôt. L’homme de la rue reste convaincu que pour s’en prendre à des lignes hautement chargées d’électricité, il faut en connaitre un bout sur la matière. Une autre piste à explorer. En attendant, «délestages» ou «blackouts» se suèdent et empoisonnent toujours la vie des citadins malgré les promesses.
Albert S. MIANZOUKOUTA