Ce dernier dimanche de l’Avent, nous nous préparons à la fête de Noël en adorant le Mystère du Très-Haut qui se fait chair dans le sein de la Vierge Marie. C’est Saint Luc qui nous amène au seuil de ce Mystère. Nous entrons avec lui en silence dans la maison de Nazareth, et dans cet endroit si humble et caché, nous contemplons l’événement qui réalise l’attente séculaire des prophètes. L’achèvement de toutes les œuvres de Dieu manifestées dans l’histoire du salut, de toutes ses actions puissantes, de ses paroles efficaces, de ses promesses immuables, passe maintenant à travers cette scène que nous contemplons, et, par l’annonce de l’Ange, il est confié entièrement à la jeune fille vierge Marie. Dieu, le Très-Haut, le Tout-Puissant, soumet totalement l’œuvre de la Rédemption au consentement de cette humble créature, comblée de Grâce. Dieu et toutes ses créatures, le ciel et la terre, l’histoire et l’univers entier, tous retiennent leur souffle, dans la trépidation d’écouter la réponse de Marie.
«Marie dit alors: ‘Voici la servante du Seigneur; que tout m’advienne selon ta parole’».
Ce «oui» renouvelle complètement l’histoire, le monde, l’éternité. Avant ce «oui», siècles et siècles d’attente dans l’histoire du salut; après ce «oui», le Royaume de Dieu qui vient demeurer parmi nous et qui s’achèvera dans son mystère pascal et dans son éternité de gloire. La Vierge Marie permet à son Seigneur l’accomplissement de son dessein éternel d’amour.
Et pourtant nous admirons la simplicité et l’humilité de la réponse de Marie. En recevant la révélation inouïe de Dieu, qui lui déclare l’unicité absolue de sa place dans l’histoire du salut, elle ne s’exalte pas. C’est le Seigneur qui exalte les humbles; eux, les humbles restent à leur place de servants. Par leur service, le Seigneur, Lui, fait de grandes choses et accomplit ses projets de salut. Marie est justement la Mère et le modèle sublime des humbles.
Pour coopérer à l’action de Dieu, il ne faut pas posséder de conditions préalables de puissance, de capacité, de moyens humains. Il faut juste donner soi-même. Et tous les humbles peuvent donner soi-même. Tous les humbles peuvent imiter quelque chose de l’amour et de la pureté de Marie.
La Vierge Marie ne demande pas à l’ange d’instruments proportionnés à la magnificence de la mission qui l’attend, ni de dons divins extraordinaires. Le grand Salomon, par exemple, avait demandé à Dieu la sagesse, pour pouvoir répondre à sa vocation de roi d’Israël; mais la sagesse ne l’avait pas immunisé du péché. La Vierge Marie, par contre, ne demande que de bien écouter la volonté de Dieu, elle veut être sûre de ne réaliser que le projet du Seigneur, et dans la modalité précise qu’il a établie. Il n’y a d’autre condition que cela: bien accueillir la volonté de Dieu et se consacrer à elle.
Est-ce qu’il y a un homme ou une femme sur la terre qui n’ait pas la possibilité de donner soi-même? On pourrait même tout perdre sur la terre, ne posséder rien, mais personne ne peut nous exproprier de nous-mêmes. Tout le monde a au moins la faculté de donner sa volonté, son amour, son intelligence, sa parole, ses mains, ses talents.
La Vierge Marie nous témoigne alors que nos petites capacités, les petits services que nous sommes capables d’offrir, les coopérations les plus humbles peuvent être les instruments que la Providence de Dieu saurait bien rendre efficaces. La mission de l’Eglise ne dépend pas de ses biens ou de ses moyens. Et nous tous pouvons y participer chaque jour. Il n’y a qu’une seule condition, à la portée de tout le monde: «Voici le servant, voici la servante du Seigneur».

P. Francesco BRANCACCIO
Catanzaro, Italie