Même s’il n’avait pas été Président de la FECOFOOT, un entretien avec Jean-Michel Mbono ‘’Sorcier’’ est un moment d’histoire à savourer. Le Mbono qui nous a rendu visite, aurait toutes les raisons d’étaler une carte de visite kilométrique : artisan de la victoire de l’unique Coupe d’Afrique des nations gagnée par le Congo (1972), il est aussi ancien Président de la FECOFOOT et Président honoraire de l’organisation de notre football. C’est, pour ainsi dire, quelqu’un qui sait de quoi il parle. La Semaine Africaine lui ouvre ses colonnes, avec respect et reconnaissance, à travers cette chronique qu’il animera.
Les gestionnaires du football traînent une très mauvaise réputation, celle de fossoyeurs du sport-roi. Ils sont présentés comme des détourneurs de fonds publics. Qu’en dites-vous ?
Une telle perception négativiste des responsables du football est de nature à décourager les bonnes volontés. Car ceux qui entrent dans ce cercle très fermé, le font pour servir le football et non pour se servir du football.
Malheureusement, dans un contexte de misère ambiante, la précarité et l’indigence des masses populaires sont exploitées pour diaboliser ceux qui sont aux affaires.
Le football est une industrie qui génère de l’argent, ce qui attise les convoitises, aiguise les appétits et suscite des jalousies. Les choses auraient été plus simples, si certains fonctionnaires ne s’immisçaient pas de façon intempestive dans les affaires du football. Notamment ceux du ministère des Sports, qui confondent la Fédération à une direction générale d’un établissement public. Ils considèrent l’Equipe nationale en propriété de l’Etat, gèrent en toute impunité les fonds déloqués par les Finances publiques. S’étant proclamés Guichet unique, ils n’allouent aucun fonds à la Fédération, mais lui demandent des comptes. Une situation surréaliste où l’ordonnateur n’est pas comptable devant l’Etat, mais un tiers qui n’est associé, ni de près, ni de loin à la gestion des subventions allouées à l’Equipe nationale. Par déduction, le public croit que c’est la Fédération qui en est le gestionnaire. D’où l’animosité dudit public vis-à-vis des responsables de la Fédération.
A l’heure de la gouvernance, de la transparence et de la lutte contre la corruption, il est grand temps de clarifier la situation. De préciser qui est responsable de quoi.
En mettant chacun devant ses responsabilités, l’on éviterait l’amalgame. Car dans le clair-obscur actuel, beaucoup se cachent derrière le petit doigt et ne veulent pas assumer. Que chacun soit comptable de sa gestion devant l’Etat.
A qui doit-on imputer la gestion des subventions de l’Etat aux Diables-Rouges ? Au ministère des Sports, bien sûr. C’est lui et lui seul qui gère les fonds publics. Au nom de quoi la Fédération doit-elle rendre compte de la gestion de fonds qu’elle n’a pas perçus ? N’est-ce pas là un marché de dupes ? Quelqu’un gère et dispose de sous à sa guise et un autre vient en répondre ?
Que chacun soit comptable de sa gestion devant l’Etat. Ce que les Anglo-saxons appellent ‘’accountability’’ doit être appliqué à tous les gestionnaires de fonds publics, y compris ceux qui gèrent les subventions des Diables-Rouges. Cette notion ‘’d’accountability’’ qui se traduit par l’impunité.
Par ailleurs, les subventions de l’Etat ne sauraient constituer des prêts. Ce sont des dons non remboursables.
Dans ses missions régaliennes de service public, l’Etat a le devoir d’aider sa jeunesse sportive à s’épanouir. Il en tire des dividendes politiques et diplomatiques. L’image de marque du pays vendue par l’Equipe nationale n’a pas de prix, ne saurait être quantifiée ou taxée.
Une fois de plus, à l’heure de la bonne gouvernance, les notions de lisibilité, de traçabilité, de responsabilité et d’imputabilité doivent être exigées de tout gestionnaire des fonds publics, fût-t-il du ministère des Sports.
Faut-il préciser que l’Equipe nationale n’est pas la Fédération ? Si le Gouvernement voudrait imputer la gestion des subventions qu’il alloue aux Diables-Rouges à la Fédération, qu’il les lui alloue directement. Ainsi, il aura la latitude d’effectuer un contrôle à posteriori.