(Suite du précédant numéro)

Elle intervient pour dénoncer certaines pratiques illicites liées à la gouvernance du Congo-Brazzaville telles que la corruption, l’organisation des élections, la mauvaise gestion de la chose publique, la mégestion des systèmes politique, éducatif, économique, financier, sanitaire, migratoire, etc. Elle ne cesse d’intervenir lorsque les droits humains des Congolais sont bafoués par des actes qui vont contre la dignité de la personne humaine. Depuis sa création en 1971 jusqu’à ce jour, la CEC ne cesse de marteler, directement ou indirectement, sur cette nécessité de fraternité entre les Congolais. Touchant à plusieurs domaines de la vie quotidienne des Congolais, les différents messages de la CEC s’inscrivent dans la ligne des pensées de l’enseignement de la Doctrine Sociale de l’Eglise, en général, et plus particulièrement de celle de la théorie de l’écologie intégrale que propose le Pape François dans son Magistère sociale (Cf. Laudate SI et Fraterlli Tutti). Dans cet ordre d’idée, les interventions de la CEC ont pour objectif d’interpeler l’Homme congolais sur ses actes quotidiens, lesquels actes renforcent la désharmonie entre le créateur, la population congolaise et les autres créatures vivant sur le territoire congolais.
Malgré les différentes interventions de la CEC dans des questions très sensibles – qui exposent même les évêques membres de la CEC à différentes pressions surtout verbales –, l’opinion publique reste divisée et sceptique par rapport aux dites interventions. Ces différentes opinions de la population congolaise par rapport aux interventions de la CEC sur des sujets sensibles qui touchent à la vie politique et sociale du Congo-Brazzaville démontrent à quel point la CEC – dans ses différentes interventions – demeure incomprise auprès de l’opinion publique congolaise. Cette incompréhension selon notre recherche sociale est due au contexte socio-politique que traverse notre beau pays le Congo.
En effet, le silence ou l’intervention de la CEC lors de certaines situations sensibles du pays sont toujours sujet à controverse dans l’opinion publique congolaise. La non-intervention de la CEC est qualifiée de ‘‘silence coupable’’, lequel sous-entend la collaboration et le soutien de celle-ci au régime politique en place, ainsi qu’à ses dirigeants. Tandis que son intervention est traitée d’encombrante, car la CEC se mêle des choses qui ne la concerne pas, c’est-à-dire des sujets politiques, économiques, et sociaux du pays.
La Mission et le fonctionnement de la CEC
Expression de la communion et de la fraternité de l’ensemble des Evêques du Congo, la CEC est un organe collégial au service de l’Eglise catholique du Congo-Brazzaville. Elle est une Association des Evêques, dirigée par un Président, lequel n’est pas au-dessus des autres Evêques, car chaque Evêque est autonome dans son diocèse. De ce fait, la Mission de la CEC est purement pastorale. Il s’agit de coordonner, en communion avec les autres Evêques, la vie pastorale du Congo-Brazzaville. Eu égard à ce qui précède, la CEC est un organe de juridiction et d’exécution, qui a un Conseil permanent, un Président, une Assemblée Plénière (CIC: Can 451), et disposant d’un secrétariat général et des membres des commissions. Ledit secrétariat a pour tâches la rédaction des rapports des Actes et des Décrets de l’Assemblée Plénière de la Conférence des Évêques, ainsi que des Actes du Conseil permanent, et de les communiquer à tous les membres de la Conférence; le dressage des autres actes dont la rédaction lui a été confiée par le Président de la Conférence ou le Conseil Permanent; la communication aux Conférences Épiscopales voisines des Actes et documents que la Conférence en Assemblée Plénière ou le Conseil Permanent ont décidé de leur transmettre (Nouveaux statuts de la CEC, n° 32-35).
Poursuivant la mission à lui confiée – la coordination, en communion avec les autres Evêques, de la vie pastorale du Congo – la CEC fonctionne grâce à un Conseil Permanent, dirigé par un Président, suivi d’un vice-Président, et de l’ensemble des Archevêques et Evêques.ues – la Province Ecclésiastique du Nord (Impfondo, Ouesso et Owando), la Province Ecclésiastique du Centre (Brazzaville, Gamboma et Kinkala) et la Province Ecclésiastique du Sud-Ouest (Pointe-Noire, Dolisie et Nkayi) – la CEC a gardé sa mission et son mode de fonctionnement, lesquels sont régis par des statuts approuvés par le Saint-Siège, dont l’Assemblée plénière est l’organe suprême (voir art. 5, des Nouveaux statuts de la CEC). Son Conseil permanent est un organe qui reçoit la délégation de l’Assemblée plénière (Art. 15 des Nouveaux statuts). Son secrétariat général coordonne les activités. Pour son fonctionnement, la CEC dispose d’un secrétariat général qui coordonne les activités et des commissions épiscopales afin d’aider les Évêques dans leurs lourdes tâches (art. 19). Dans cet ordre d’idée, deux rencontres annuelles sont retenues dans les statuts. Nous avons, d’abord, l’Assemblée plénière en octobre, c’est-à-dire au début de l’année pastorale; ensuite la session pastorale, c’est-à-dire la rencontre des Évêques avec les commissions épiscopales après les festivités pascales.
Durant la Session d’après Pâques, les Évêques écoutent les rapports des activités de chaque commission épiscopale. De ce fait, l’Assemblée plénière est le moment décisif, et le plus important de la Conférence Episcopale; moment durant lequel les Évêques planchent sur un thème pastoral (parmi tant d’autres) de grande envergure pastorale tel que l’éducation, la formation, les vocations, la paix, la politique, etc. À la fin de l’Assemblée plénière, les Évêques délivrent un Message pastoral destiné aux chrétiens catholiques et aux personnes de bonne volonté. Ces messages ne s’adressent pas seulement aux chrétiens catholiques, mais aussi à toute personne de bonne volonté, ces dits messages peuvent toucher à plusieurs domaines de la vie chrétienne, politique, économique et sociale du Congo-Brazzaville. Ce qui accorde à la Conférence Episcopale du Congo la possibilité d’émettre un point de vue par rapport à la vie socio, politico-économique, et spirituelle au Congo-Brazzaville.
En effet, depuis la naissance de la CEC jusqu’aujourd’hui, les Évêques du Congo Brazzaville ont délivré plusieurs messages et déclarations, lesquels touchent tous les secteurs de la vie de l’Église et de la société. Dans l’exercice de leur Mission, les Évêques du Congo Brazzaville ont aussi abordé les thèmes de la vie sociale en vertu de la Doctrine sociale de l’Église qui veut que l’Église soit attentive aux problèmes de la société, car, comme dit le Concile Vatican II, «les joies et les espoirs, les tristesses et les angoisses des hommes de ce temps, des pauvres surtout et de tous ceux qui souffrent, sont aussi les joies et les espoirs, les tristesses et les angoisses des disciples du Christ, il n’est rien de vraiment humain qui ne trouve écho dans leur cœur» (Concile Vatican II, Gaudium et Spes, n°1).