De nationalité congolaise et 28 ans d’âge, Dieuveil Malonga est un jeune chef cuisinier établi à Kigali, au Rwanda. Il y a ouvert un restaurant gastronomique, dénommé ‘’Le Meza Malonga’’ et y fait des émules. Un travail louable, selon les témoignages. Ambitieux, il envisage d’implémenter l’expérience dans différentes capitales africaines.
L’homme, son parcours
Issu d’une famille de deux enfants, Dieuveil Malonga est né en 1991 à Linzolo, localité située à une trentaine de kilomètres au Sud-Ouest de Brazzaville. A trois ans, il est orphelin de mère. Celle-ci meurt dans un accident. A six ans, il est perd son père pendant la guerre qu’a connue le Congo. A 9 ans, avec sa sœur, ils sont pris en charge par leur grand-mère. C’est dans la cuisine de cette dernière qu’il apprend le respect des traditions et l’amour des fourneaux. A 16 ans, il est adopté par Vokert Bahnberg, un pasteur évangélique vivant à Warstein, en Allemagne. L’adolescent fréquente une école où il remporte neuf concours de cuisine. Il intègre ensuite la très réputée école Adolph-Kolping-Berufskolleg de Münster d’où il sort avec un diplômé en 2012, avant d’exceller dans quelques restaurants étoilés d’Allemagne, comme les prestigieux Schote (Essen), La Vie (Osnabruck) et Aqua (Wolfsburg). En quête de nouveaux parfums et épices, il s’installe au bord de la Méditerranée, à l’hôtel Intercontinental de Marseille.
A 21 ans, il participe à l’édition 2014 de ‘’Top Chef’’, émission culinaire de la chaîne MS regardée par des millions de téléspectateurs. Bien que le Congolais ne dépasse pas les premières épreuves, il se fait un nom dans les hautes sphères de la gastronomie. Au repas de vernissage de l’expression ‘’Beauté Congo’’ de la Fondation Cartier, comme à la Fashion Week de Paris, il sublime dans les saveurs qu’il présente l’igname et les feuilles de manioc et manie le chocolat indigène et le fonio en des mélanges osés.

Pourquoi le Rwanda?
Au début, affirme le cuisinier professionnel, «personne ne m’a soutenu dans ce projet. Tout le monde, mes amis et même mon banquier me demandaient ce que j’allais faire là-bas», confesse-t-il. Pour que son entreprise soit une réussite dans ce pays des mille collines, Dieuveil Malonga mise sur la politique volontariste du Gouvernement de Paul Kagamé, de faire du Rwanda une destination de tourisme de luxe et de Kigali un hub de conférences.
Même si depuis quelques mois, le tourisme rwandais est au point mort, pour cause de Coronavirus; il assure afficher complet tous les soirs. La recette: lui et son équipe se sont donné pour mission de mettre en valeur les produits du terroir rwandais. Tous les produits frais servis à tables viennent, en effet, d’une ferme, près de Kigali ou de petits producteurs basés dans les districts de Musanze (Nord-Ouest). C’est là, au bord des ‘’lacs jumeaux’’, dans l’ombre de l’imposant massif des Virunga, que le Congolais se rend deux fois par mois, avec cinq jeunes cuisiniers rwandais qu’il est en train de former.
Dieuveil Malonga voudrait faire de certaines saveurs exclues de la scène gastronomique des incontournables, c’est-à-dire un résultat issu d’un savant métissage entre les rigoureuses techniques des gastronomies allemande et française. Il précise qu’il fait de l’afro-fusion pour tordre le coup à la mauvaise presse dont jouit la cuisine africaine. Une technique culinaire qui est un pont entre plusieurs pays et qui permet à chaque Africain de se reconnaître dans ses assiettes.
Le cuisinier congolais compte bien attirer la lumière sur les futurs ambassadeurs de l’Afrique du goût, avec sa plateforme Chef in Africa.

Alain-Patrick MASSAMBA