Situé au Sud-ouest de la forêt du Mayombe, sur le chemin de fer Congo océan (CFCO), Nkouni compte parmi les 25 villages ruraux du district de Mvouti, dans le département du Kouilou. Il dispose d’une école primaire et d’un Centre de santé intégré (CSI) pour une population de 1.211 habitants. Mlle Germaine Loumbou, infirmière diplômée d’Etat généraliste responsable de ce centre depuis le 8 janvier 2018 alerte: «Si l’on n’y prend garde, le CSI de Nkouni va fermer ses portes pour manque de dotation en produits pharmaceutiques et de subvention de la part de la tutelle…».

GERMAINE LOUMBOU 1
Germaine Loumbou

*Mlle Germaine Loumbou, pouvez-vous nous présenter la structure dont vous avez la charge?
** Le CSI de Nkouni est construit en matériaux durables. Il comprend le bureau du chef du centre, la salle de consultation, la salle de soins, la salle d’hospitalisation, le bloc d’accouchement, la salle de stockage des médicaments et les toilettes. Trois agents, dont deux fonctionnaires et un agent communautaire y travaillent.

*Quelles sont les pathologies les plus fréquentes que vous traitez ici?
** Au regard de nos statistiques, le paludisme est la première cause des consultations avec 32,8% des cas. Viennent ensuite les infections respiratoires aigües (pneumopathies, bronchites, rhinopharyngites, grippes diverses), la diarrhée alimentaire, les gastroentérites, les maladies sexuellement transmissibles (MST), les rhumatismes articulaires aigus ((RAA), la lombalgie, la bilharziose, les maux de ventre dûs aux vers intestinaux (ascaris, schistosomiase, ankylostome) et l’hypertension artérielle favorisée par une consommation assez forte de poisson salé. A cela s’ajoutent les maladies épidémiques comme la coqueluche et la rougeole. Mais celles-ci sont devenues rares, car la plupart des femmes font vacciner leurs enfants.

*Comment vous y prenez-vous en cas de complication d’une maladie?
** Merci pour la question. Notre plateau technique est obsolète, quand nous recevons les cas qui dépassent notre compétence, nous les referons dans les véhicules des commerçants de passage ici soit au CSI de Bilala à 7 Km, ou à Pointe-Noire. L’ambulance basée à Bilala, manque de batterie pour fonctionner. Et c’est vraiment dommage.

*Quelle est la grille tarifaire de vos prestations?
** Au dispensaire de Nkouni, nous demandons 1.000 F. CFA à l’enfant et 2.000 F. à l’adulte pour la consultation. Malgré cela, les parents ont des difficultés à payer; Ils oublient que c’est avec les faibles recettes venant d’eux que nous achetons les stocks de médicaments de première nécessité pour alimenter le Centre. Nous ne recevons plus de dotation en médicaments de la part de notre hiérarchie depuis trois ans. De plus, Il n’y a pas de pharmacie dans tout le district de Mvouti. Les gens sont obligés de se rendre à Pointe-Noire ou à Dolisie pour faire face aux ordonnances prescrites. A Nkouni, l’unique source d’énergie est le pétrole lampant, il y a des moments où j’accouche les femmes avec la lampe torche ou la lampe tempête avec tous les risques que cela comporte. Il arrive que la femme accouche en route, en venant au dispensaire. En 2020, par exemple, nous avons eu tous sexes confondus, 15 naissances au Centre.

*Un souhait ou un message…?
** Je profite de votre journal, qui est l’ancêtre des journaux congolais pour demander aux fils, filles et cadres du terroir d’avoir un regard sur le CSI de Nkouni, afin d’améliorer tant soit peu les conditions de vie de cette population rurale et agricole qui ravitaille Pointe-Noire et ses environs en produits vivriers comme la banane, le taro, le manioc, les légumes, l’arachide, le bois de chauffe,etc.

Propos recueillis par
Equateur Denis
NGUIMBI

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