L’alerte jaune a été déclenchée sur l’île des Caraïbes en raison de l’arrivée d’une tempête tropicale; celle-ci pourrait compliquer les opérations de secours, notamment dans le sud de l’île où les habitants fouillent sans relâche les décombres à la recherche de survivants du séisme de samedi 21 août 2021. La solidarité internationale se met en place et Caritas Internationalis a lancé une vaste collecte de fonds.

Le nombre de victimes a augmenté de façon spectaculaire, deux jours après le violent séisme de magnitude 7,2 qui a semé la panique samedi matin, notamment dans le sud-ouest du pays. Alors que les répliques font régulièrement trembler le sol, les autorités font état d’environ 1.300 morts et plus de 5.000 blessés, sans compter le nombre de personnes disparues, encore inconnu. De quoi faire craindre un bilan aussi dramatique que le tremblement de terre de 2010, que les Haïtiens ont encore bien en mémoire.
Dimanche 22 août 2021, après l’Angélus, le Pape François a appelé à la solidarité et à l’engagement de tous pour «atténuer les conséquences de cette tragédie». Dans cette perspective, Caritas Internationalis lance une vaste campagne de collecte, avec un fonds de 50.000 euros, accessible à l’adresse www.caritas.org/donate-now/haiti-earthquake-2021/. Les besoins sont nombreux en termes de nourriture, d’eau potable, de tentes, de kits d’hygiène et de médicaments. Les témoignages sur place parlent d’une situation chaotique, dont l’ampleur reste encore à saisir.
Les habitants fouillent nuit et jour, avec tous les moyens à disposition, parmi les tonnes de décombres des maisons, des immeubles et des écoles, pour trouver des survivants; la tâche s’avère dangereuse et délicate, car les répliques répétées risquent de faire s’effondrer des bâtiments déjà très endommagés. Et c’est une course contre la montre qui est engagée: dimanche 22 août soir, en effet, le gouvernement, qui a déclaré l’état d’urgence pour un mois, a également dû émettre une “alerte jaune” pour le passage imminent du cyclone Grace, rétrogradé en tempête tropicale et actuellement en transit au-dessus de Porto Rico. Son passage sur les provinces du nord d’Haïti aura lieu aujourd’hui sous peu et l’on craint des débordements de rivières, des inondations et des glissements de terrain. L’ile est fréquemment sujette à de tels phénomènes.
Le père Massimo Miraglio, un camillien de Cuneo, est à Jérémie depuis 17 ans. Lui et ses frères participent à la construction d’un hôpital qui se veut un point de référence important dans la région, l’une des plus durement touchées par le tremblement de terre. Le séisme, explique-t-il, «nous a pris par surprise et nous n’étions pas prêts. Les gens ici ont l’habitude de faire face aux ouragans et aux inondations, ils ont donc réagi par la panique». Selon le prêtre, le plus gros problème se situe dans la partie basse et historique de la ville, qui s’est effondrée, mais surtout dans la zone montagneuse entourant Jérémie.
«On m’a dit que les maisons dans les montagnes, qui étaient déjà précaires, se sont effondrées, laissant de nombreux blessés et morts dans des endroits où il n’y a pas d’accès aux centres de santé; lorsqu’ils sont présents, ceux-ci manquent de tout matériel pour permettre les secours», affirme le missionnaire italien. En outre, le tremblement de terre a provoqué des glissements de terrain qui ont fait écrouler des maisons. La cause, explique-t-il, est la déforestation incontrôlée qui a lieu sur l’île depuis des années. Le tableau est dramatique: «la situation générale est fragile et la vie des gens reste difficile en raison de la pauvreté, des dommages environnementaux dus à la déforestation liée à la recherche de charbon, qui est une source de revenus ici. Les voies de communication, déjà difficiles, ont encore été endommagées par le tremblement de terre, et de nombreuses zones sont totalement isolées».
Les quelques hôpitaux des régions touchées peinent à fournir des soins immédiats. Les salles d’urgence sont saturées et manquent déjà d’équipement. C’est pourquoi le père Massimo lance un appel: «il faut des médicaments et surtout du matériel de premier secours, des compresses, des bandages, des désinfectants. Il faut rappeler que ce pays très pauvre est frappé par la pandémie qui a semé le chaos dans les structures hospitalières avec environ 20.000 cas de contagion. Cette catastrophe, conclut le père Massimo, rendra encore plus ingérable l’afflux de malades qui arrivent ici de toute la province. Il suffit de penser que dans la région de Jérémie, il n’y a qu’un seul hôpital pour 800.000 personnes!».

G.W.B.